mercredi 1 mai 2019

Le Macronisme est une irresponsabilité sur les finances publiques: Bayrou se vend à ces dépensiers

Solution de facilité
La botte secrète d’Emmanuel Macron pour financer les dépenses nouvelles
Raphaël Legendre 30 avril 2019 à 06h00
Les taux bas devraient permettre à la France de réaliser plus de 10 milliards d’économies sur la charge de sa dette d’ici 2022






Gérald Darmanin a estimé lundi le coût des annonces de la conférence de presse d’Emmanuel Macron à 6,5 milliards d’euros pour 2020. Une somme qui vient s’ajouter aux plus de 10 milliards d’euros de mesures annoncées en décembre, face à la colère des Gilets jaunes.




L’ancien directeur du programme d’Emmanuel Macron pendant la campagne de 2017, Jean Pisani-Ferry, a fait le calcul : entre la suppression de la taxe d’habitation pour les 20 % des ménages les plus aisés, les 10 milliards d’euros de « mesures Gilets jaunes »annoncées en décembre, les 5 milliards d’euros de baisse d’impôt sur le revenu plus quelques autres décisions comme la réindexation des retraites de moins de 2 000 euros sur l’inflation (1,4 milliard d’euros...), la facture des mesures prises ces derniers mois avoisine les 30 milliards à l’horizon 2021 !

Pour l’heure, les deux tiers de cette somme ne sont pas financés. Le chef de l’Etat a bien mentionné quelques pistes d’économies comme la suppression de niches fiscales sur les entreprises pour financer la baisse d’impôt pour les ménages, mais il reste encore 20 milliards à trouver. Une somme à la fois colossale et dérisoire – elle ne représente finalement que moins de 2 % des 1300 milliards de dépenses publiques – dont il est à parier qu’elle ne proviendra que très partiellement de coupes dans le budget de la sphère publique. Pourtant, le rétablissement de la trajectoire des finances françaises n’en sera quasiment pas affecté dans les années à venir. Par quel miracle ?






Comme François Hollande avant lui, Emmanuel Macron dispose d’une martingale. S’il ne le crie pas sur les toits, le président de la République va bénéficier de la politique accommodante de la Banque centrale européenne (BCE). Une politique d’assouplissement monétaire qui va lui garantir pendant un bon moment encore un environnement de taux exceptionnellement bas.

Aujourd’hui à 0,25 % (quand la Réserve fédérale américaine est à 2,5 %), le taux directeur de la BCE devait remonter à l’été. En mars, les sages de Francfort ont annoncé qu’ils repoussaient cette échéance au plus tôt à 2020. Une perspective qui pourrait encore être décalée alors que la première économie de la zone euro, l’Allemagne, connaît un trou d’air avec une croissance attendue entre 0,5 % et 0,8 % cette année et que les anticipations d’inflation de la BCE restent dans sa cible, « proche mais sous les 2 % ».

La dette publique a crû de 600 milliards entre 2011 et 2018 ; dans le même temps, son coût annuel a baissé de 15 milliards d’euros

La morphine monétaire va donc probablement continuer à couler dans les veines des Etats impécunieux, rendant indolore un endettement addictif et toujours plus important. Une situation qui dure depuis près de dix ans. La dette publique a crû de 600 milliards entre 2011 et 2018 ; dans le même temps, son coût annuel a baissé de 15 milliards d’euros.

Alors que les taux français à dix ans évoluaient lundi autour de 0,35 %, les prévisions de Bercy tablent sur un taux moyen de 1,25 % en 2019. A en croire le programme de stabilité publié en avril, ils devraient même augmenter de 0,75 % chaque année, jusqu’à atteindre 3,50 % en 2022, alors que la Banque de France a indiqué en décembre que l’évolution des taux devrait être contenue sous les 1,5 % en fin de quinquennat. Pourquoi un tel décalage ? « L’hypothèse de taux de Bercy est purement conventionnelle. Ils sont délibérément pessimistes pour des raisons de stratégie budgétaire », décrypte Jean Pisani-Ferry à l’Opinion. En réalité, l’écart entre prévisions et réalité permet à Bercy de conserver en toute discrétion des milliards d’euros en réserve. Au ministère des Finances, on appelle cela « une gestion conservatrice ».

A l’horizon 2022, le programme de stabilité table ainsi sur une charge de la dette de 44 milliards par an, alors qu’elle serait plutôt de 32 milliards d’euros si l’on se fie à la Banque de France. L’écart constitue « un gisement important d’économies, mais qui reste temporaire », rappelle Jean Pisani-Ferry, qui plaide pour que cette manne soit fléchée vers des politiques tout aussi temporaires plutôt que vers le financement des dépenses courantes de l’Etat, comme la transition écologique. D’ailleurs, ces 12 milliards d’économies sans effort correspondent exactement au manque à gagner provoqué par l’abandon de la taxe carbone...

Emmanuel Macron a préféré flécher cette manne vers le pouvoir d’achat des Français, qui devrait progresser de 0,8 %, soit 850 euros en moyenne, cette année. Un soutien qui arrive à point nommé pour soutenir l’économie tricolore au moment où la croissance ralentit dans la zone euro, mais qui va continuer de creuser l’écart entre la dette publique française et celle de l’Allemagne ou des pays du nord de l’Europe. Un écart jugé « préoccupant » par le spécialiste des finances publiques, François Ecalle (fipeco.fr), qui fait peser une menace à terme la cohésion de la zone euro.

A trop tirer sur la corde, les taux tricolores risquent de remonter un jour ou l’autre. La facture pour les générations futures sera alors lourde à assumer.

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