samedi 18 avril 2020
Benveniste/Séralini/Raoult/Montagnier, mèmes français de la déconstruction scientifique
Tous les pays connaissent la fraude scientifique, de nombreux papiers sont rétractés chaque année y compris dans des journaux prestigieux, c'est naturel car la production de travaux expérimentaux ou autres est devenue considérable. C'est aussi grâce à cette production peer reviewed que paradoxalement les mandarins de la recherche sont chaque jour dépassés par les découvertes disruptives. Ce n'est pas de cela qu'il s'agit ici. Les chercheurs cités ont eu leur période de gloire, leur pic médiatique mais surtout ils ont déclenché une véritable hystérie dans l'opinion sur laquelle il faut s'interroger. Cet emballement est il français? Est il le signe d'une préférence?
L'extraordinaire préférence pour les croyances parmi ceux des français qui se déclarent pourtant sans religion
De 82% en 1986 à 47% en 2019 le recul de la chrétienté en France est le reflet de l'accroissement de celles et ceux qui ne "croient" plus à la loi de Moïse et à l'avènement du Messie, Jésus Christ. Ils se déclarent aussi étrangers à l'idée d'un D.ieu. Dans le même temps il aurait pu s'agir d'une ruée vers la science. C'est le contraire. Pour troubler l'abanalyse il faut souligner que l'effondrement de la formation scientifique et de son corollaire l'épistémologie est allé de pair. Dès lors c'est plutôt un effondrement du rationnel, mais pas uniquement. C'est plutôt une préférence pour la pensée facile, rapide émotionnelle qui conduit à l'effondrement de la capacité à appréhender la complexité comme la biologie ou l'économie. C'est la fuite devant l'effort intellectuel. Le prix à payer est très élevé. C'est la fuite d'ingénieurs, d'entrepreneurs, de chercheurs et la main mise des technocrates, sociologues et politiques qui se disputent gentiment le pouvoir tout en partageant agnosticisme, relativisme, ignorance et aversion pour la science."Seule la disponibilité d’outils quantitatifs a véritablement permis de mesurer les différences de valeurs et de croyances selon les pays, et de tenter de les expliquer. Le débat sociologique, riche et intense, sur le capital social, la confiance ou la méfiance à l’égard d’autrui, tout comme les travaux sur la sécularisation et les recompositions du religieux [Bréchon, 2007], doivent beaucoup à la production de chiffres fiables et (à peu près) comparables – ce qui n’était pas le cas jusqu’aux années 1960. Souhaitons désormais que ces matériaux soient suffisamment utilisés par les chercheurs français en sciences sociales, qui ont parfois une fâcheuse propension à préférer les idées générales à la méthodique confrontation aux données."
https://www.cairn.info/la-france-dans-les-comparaisons-internationales--9782724612189-page-49.htm#
Mais d'où vient cet effondrement?
Il vient de très loin et, comme souvent en France depuis 1789, il est idéologique et radical. Il s'agit d'une offensive idéologique d'activistes de l'extrême gauche et de leurs commis intellectuels, courroie de transmission de tous les totalitarismes depuis toujours dans l'histoire moderne. Cette offensive a débuté avec le marxisme. Elle s'est poursuivie avec le communisme et contre toute attente s'est amplifiée en france après la chute du mur de Berlin. C'est le succès de la déconstruction d'abord dans la matrice du vivrensemblisme égalitaire: l'éducation nationale, de la maternelle à l'université d'état. La piqûre mortelle des Derrida, Deleuze, Foucault et Bourdieu. Le déconstructivisme, le postmodernisme sont des nihilismes. Et d'abord un nihilisme des faits, nier la métrologie de la pauvreté, de l'espérance de vie, des morts du communisme, des souffrances des hommes dans les régimes totalitaires. Ce nihilisme instruit le procès de la science et singulièrement de la biologie. Les bases de l'intelligence, de la conscience, du sexe, de l'ethnicité, de la génétique sont niées. Tout est groupal, social, acquis et le déterminisme n'est que de classe. Un marxisme grand format, une version déclinée des aliénations à chaque fin de phrase et un coupable tout désigné. Ensuite c'est un crime contre les cerveaux les plus jeunes, vider les cerveaux et les remplir de pensée rapide émotionnelle toute faite et ne comprenant que les tiroirs de la bienveillance, du care, de la résilience et des grandes causes, sauver la "nature", égalitarisme "parfait", mort à l'économie de marché, discrimination du blanc occidental pour expier les fautes du colonialisme... C'est très violent, c'est un mouvement à multiples visages. Méconnaître ce mème c'est lui céder. Tenter de le minimiser c'est déjà s'avouer vaincu ou bien une complicité.
Dans ce contexte la perméabilité aux croyances est très élevée essentiellement parce que les humains dans ces sociétés ont perdu leur capacité à juger par eux mêmes de la vraisemblance et de l'incertitude. Peu à peu la loi de Moïse et la Nouvelle Alliance qui ont l'extraordinaire sagesse de laisser à César ce qui est à César ont laissé place à la croyance dans les vérités proclamées de l'état déconstructeur et progressiste. De la même façon que beaucoup attendent tout de l'état du point de vue matériel ils croient tout ce qui vient de l'état car au fond ils ont besoin de croire.
Après la religion sans une praxis de l'incertitude la vie se transforme en peurs
The quest of certainty: a reasonable probability is the only certainty.
When you need treatment you have to choose between two options. First, the beliefs asserted by an authority, based on (connivent) cherry-picked experts opinion, anecdotical facts of empiricism, the wishful thinking of intentions in politics and secondly a reasonable probability which is based on carefully planned studies, mainly RCT, and the personalisation brought by human and/or artificial intelligence. The second option is the only rational certainty. Hard to admit but this is a very potent liberating statement. FI in France "the strange defeat " of rationality about RCT is rooted in a deeper avoidance of uncertainty.
Comment innover, découvrir? Une méconnaissance des processus cérébraux de l'intuition, de la découverte, de l'invention et de la falsifiabilité
L'inférence intuitive surgit dans un cerveau préparé quand sont réunies au moins trois conditions:
-un tissu de connaissances issues de recherches précédentes et une immersion complète de l'individu pour les maîtriser
-un moment aléatoire où survient un événement catalysant, révélateur, disrupteur
-un réseau cérébral suffisamment puissant en terme d'IG pour intégrer et synthétiser ces données en triant les plus pertinentes et en faisant les expériences nécessaires à l'appui de la découverte ou de l'invention.
Mais jamais cette inférence intuitive ne peut suffire, elle doit être confrontée à l'expérience. Or la vie est courte, mener une expérience permet de ne pas attendre la conviction acquise à la fin de sa vie, peut être fausse en raison des failles de la mémoire, que "ça marche"...
Mais jamais cette inférence intuitive ne peut suffire, elle doit être confrontée à l'expérience. Or la vie est courte, mener une expérience permet de ne pas attendre la conviction acquise à la fin de sa vie, peut être fausse en raison des failles de la mémoire, que "ça marche"...
Ce processus n'est pas l'apanage de certains vis à vis d'autres et encore moins de certains pendant toute leur vie. C'est au contraire un moment rare qui explique bien que les avancées scientifiques sont des saillies qui se développent pendant des décennies depuis leur naissance jusqu'à leur accouchement. La survenue d'un tel moment à plusieurs reprises dans la vie d'un individu est très rare. C'est pourquoi l'argument d'autorité est vain. Définitivement vain comme l'est la nomination à vie d'un "chercheur", le statut a priori plus vraisemblable de ce que dit un Prix Nobel surtout en dehors de sa spécialité etc... Mais l'effondrement rationnel en France est incompréhensible si on ne considère pas Popper et Kühn.
La toute puissance de l'autorité, la spoliation économique et la défiance qu'elle suscite
Les français totalement soumis à l'état jacobin accaparé par une junte technostructurale médiocre sont beaucoup plus aliénés aujourd'hui qu'ils ne l'étaient sous l'Ancien Régime. La république a fait un grand bond en avant comme Mao: de la dîme à des prélèvements obligatoires de 47% du PIB, le reste de la dépense publiqiue étant emprunté aux risques et périls du peuple et non du souverain. La France est pauvre, cet état obèse et prédateur est très mal supporté par une opinion hagarde et apeurée. Si bien que les français cherchent des solutions miracles, des potions magiques, des Astérix.
Au delà des personnes des différences fondamentales
Benveniste
Les expériences sur la mémoire de l'eau n'ont pu être reproduites. Le flambeau a pourtant été repris mais rien de sérieux n'a remis une telle mémoire en selle. La dé/in/formation de l'organisation des molécules de l'eau est une hypothèse. Elle n'a jamais été prouvée. Il y a une externalités positives à cette aventure qui si elle n'est pas frauduleuse est un extraordinaire hasard. Cette externalité positive c'est d'avoir adressé la questions source, celle dont dépendent d'innombrables "misconceptions", des idées fausses mais aussi des pratiques autojustificatrices.Séralini
Créer un protocole expérimental suffisamment biaisé pour obtenir le résultat recherché est un grand classique. Il a pu abuser mais peu de temps. Pourtant toute la sphère de gauche et écologique l'a soutenu et considère toujours que c'est une victime des sciences "trop exactes" ou même d'un complot de l'agrobusiness. L'immense majorité ont trouvé dans cet article, qui a été retiré, la confirmation de leur bias cognitif de départ sur le glyphosate: l'herbicide le plus utilisé ne pouvait être que cancérigène et il suffsait de soulever le drap posé sur les évidences. Exit Séralini. Mais voilà comble de paradoxe le glyphosate n'est pas ou le moins cancérigène des biocides herbicides... Quand on avance les yeux bandés même un mur en bétton de dix mètres de haut ne peut être vu.Raoult
Promouvoir l'usage précoce de la CQ chez des infectés du virus de la Covid-19 (quasi-chimioprophylaxie) qui ont plus de 99% de chances de guérir spontanément est une entreprise risquée. Il y faut au moins un RCT grande échelle. Pas une cohorte home made.Mais l'essentiel n'est pas là."Parler de Raoult comme une incarnation de l'autonomie du discours scientifique est un contre-sens total. Raoult est au contraire l'archétype de l'expert hétéronome, qui refuse le jugement par ses pairs, et au contraire fait appel aux médias et à la population générale (j'ai envie d'écrire: aux moldus). C'est aussi oublier que Raoult a été propulsé dans les médias à l'époque où il considérait le coronavirus comme le problème de "trois chinois qui éternuent", un moindre danger que les accidents de trotinette, allant entièrement dans le sens du discours gouvernemental de dénégation du risque. Son annonce "coronavirus: fin de partie" n'était pas le fait d'un scientifique autonome, mais d'un mandarin qui a donné un tour nouveau à sa carrière en prennant le contrôle de sa promotion."
https://www.lefigaro.fr/vox/societe/la-construction-du-professeur-raoult-en-heros-populaire-doit-beaucoup-a-ses-adversaires-20200410?__twitter_impression=true&fbclid=IwAR32sAoHf0fUt35bt4agIVB4jCpxEX4ePw7rQRmtghK-V2rM8R7h-ZCeQlc
Depuis peu Raoult est une victime de tous les pouvoirs illégitimes que les français abhorent. C'est son terreau et il le sait. Il a fait un pari car en face il y avait de petits joueurs, mandarins de châteaux dans une ile de France à la dérive avec une APHP qui ressemble à un soviet avec le PCUS à sa tête. Dans ce soviet ils ont éessayé dans leur coin des traitemenst sans en parler aux autres pour briller le moment venu. Ils ont du simplement faire l'audience de BFM et souvent improdemment. Tout le monde a perdu.
Montagnier
Là on est stupéfait. Les virus à ARN auraient donc quelques séquences génétiques communes avec le VIH. Et JF Perez est cité à l'appui. C'est assez compliqué et assez clair mais nous en reparlerons. Cependant quand on se rappelle que Montagnier voulait refaire les expériences de Benvéniste on retrouve le fil d'une certaine tendance contrariante et anti-establishment... Ce n'est pas une critique c'est un décodage.L'emballement est aussi médiatique parce que les journalistes dans les rédactions n'ont que très peu de connaissances scientifiques et épistémologiques. Aucun journaliste en France n'a le niveau d'un PhD scientifqiue pour par exemple analyser ce que dit Montagnier et les généticiens les plus pointus sur ce sujet au point d'en faire un tableur Excel...
Une recette pour en sortir: diversifier, hybrider, laisser faire. Mais pour cela il faut dynamiter la bien pensance du politiquement correct (successeur du parti communiste) qui a évincé celle du religieusement correct pour faire bien pire, bien plus violent, bien plus totalitaire bien plus anti-humain. Frotter sa cervelle à celle de l'autre en toute liberté et équité. L'Université libre, le projet Magna Carta, bis repetita, à cause et après 1789 car le jacobinisme et ensuite le communisme puis le progressisme ont consciencieusement tout détruit...
https://institutdeslibertes.org/les-consequences-politiques-de-la-crise-du-corona-virus/
L’hypothèse de Steven Pinker
https://news.harvard.edu/gazette/story/2019/06/focal-point-harvard-professor-steven-pinker-says-the-truth-lies-in-the-data/
https://institutdeslibertes.org/les-consequences-politiques-de-la-crise-du-corona-virus/
L’hypothèse de Steven Pinker
https://news.harvard.edu/gazette/story/2019/06/focal-point-harvard-professor-steven-pinker-says-the-truth-lies-in-the-data/
vendredi 17 avril 2020
L'Allemagne récolte les fruits de la politique de Schroeder et Hartz pas de Merkel...
« Régulièrement moquée pour son train de sénateur en temps de crise et pour sa passivité en temps de paix, Angela Merkel s’est révélée face à la pandémie du Covid-19. L’Allemagne s’en sort mieux que la plupart de ses voisins, avec quelque 3850 décès comptabilisés contre 17.167 à ce jour en France. Et la chancelière y est pour beaucoup. Physicienne de formation, elle a perçu le danger dès le départ de l’épidémie en Chine. Elle a saisi les enjeux et a su les expliquer à ses concitoyens avec un certain courage politique, une pédagogie scientifique et de l’humilité.
Caricaturée en tortue, Angela Merkel a déjà couru derrière plusieurs lièvres français par temps de crise… pour finalement arriver devant eux. Pour Merkel, rien ne sert de tenir des discours «guerriers» comme Macron. Elle a en revanche compris l’importance de se procurer vite les bonnes armes: des masques et des tests de dépistage, commandés, en masse, dès la mi-janvier.
Comme l’explique son ministre de la Santé, ne pas tester, c’est regarder le virus dans le noir avec une lampe de poche. Dépister à grande échelle offre une photographie couleur de l’épidémie. Résultat: les Allemands ont confiance en leurs dirigeants. Discipline et esprit collectif les ont incités à respecter les consignes de distanciation sociale.
Évidemment, d’autres facteurs ont joué. L’âge moyen en Allemagne des infectés est de 49 ans - les premiers étaient des skieurs en bonne santé - contre 62 ans en France. Le système fédéral permet de gérer la crise au plus près des besoins. Avec des dépenses de santé comparables à celles de la France, l’Allemagne utilise mieux les ressources. Son système est plus efficace et a su porter la capacité de 28.000 à 40.000 lits en réanimation: trois fois plus qu’en France. Les dépenses sont davantage focalisées qu’en France sur la médecine de ville, qui gère les cas légers, et la prévention, un atout face au coronavirus.
Enregistrant «un succès d’étape», «fragile», Merkel a annoncé la réouverture des commerces la semaine prochaine et celle des écoles le 4 mai. Sa gestion de la crise a réhabilité une chancelière qu’on disait en fin de course. Au point que certains évoquent un cinquième mandat.»
Est ce AM qui a installé les 25K lits de réa et soins intensifs?
Non ce sont les hôpitaux allemands gérés comme des entreprises de haute techno qu'il sont...
Est ce son ministre de la santé qui a géré la C19?
Non c'est le RKI...
Pourquoi les comptes sociaux sont en excédent ce qui va permettre un redémarrage rapide? Parce que les caisses d'assurance maladie sont en concurrence avec tous les assureurs et snt donc gérées au mieux...
Et tout cela c'est qui?
Schroeder et Hartz en 94...
mercredi 15 avril 2020
Inside the Covid-19: news from science for leaders
Résultats et conclusions préliminaires de l'étude de cas COVID-19 (municipalité de Gangelt)
Prof. Dr. Hendrik Streeck (Institut de virologie)
Prof. Dr. Gunther Hartmann (Institut de chimie clinique et clinique
Pharmacologie, porte-parole du Pôle d'Excellence ImmunoSensation2
)
Prof. Dr. Martin Exner (Institut d'hygiène et de santé publique)
Prof. Dr. Matthias Schmid (Institut de biométrie médicale, informatique et
Épidémiologie)
Hôpital universitaire de Bonn, Bonn, 9 avril 2020
Contexte: La municipalité de Gangelt est l'un des endroits les plus touchés d'Allemagne par COVID19 en Allemagne. L'infection serait due à une session de carnaval le 15 février 2020
est parce que plusieurs personnes ont testé SARSCoV2 positif après cette session. La session du carnaval et le début de la session sont actuellement examinés plus en détail. Un échantillon représentatif a été tiré de la communauté de Gangelt (12 529 habitants) dans le district de Heinsberg. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande un protocole dans lequel 100 à 300 ménages sont échantillonnés en fonction de la prévalence attendue. Cet échantillon a été coordonné avec sa représentativité avec le professeur Manfred
Güllner (Forsa).
But: Le but de l'étude est de déterminer le niveau des infections au SRAS-CoV2 (pourcentage de toutes les personnes infectées) qui ont été subies et se produisent toujours dans la communauté Gangelt. De plus, l'état de l'immunité actuelle au SRAS-CoV2 doit être déterminé.
Procédure: Une lettre type a été envoyée à environ 600 ménages. Un total d'environ 1000 résidents d'environ 400 ménages ont participé à l'étude. Des questionnaires ont été collectés, des prélèvements de gorge ont été effectués et le sang a été testé pour la présence d'anticorps (IgG, IgA). Les résultats intermédiaires et les conclusions d'environ 500 personnes sont inclus dans cette première évaluation.
Résultat préliminaire: Une immunité existante d'environ 14% (IgG antiSARS-CoV2 positive, spécificité de la méthode>, 99%) a été déterminée. Environ 2% des personnes avaient une infection à SARS-CoV-2 actuelle déterminée à l'aide de la méthode PCR. Le taux d'infection global (infection actuelle ou déjà traversée) était d'environ 15%. Le taux de mortalité (taux de létalité) basé sur le nombre total de personnes infectées dans la communauté de Gangelt est d'environ 0,37% avec les données préliminaires de cette étude. La létalité actuellement calculée par l'Université Johns-Hopkins en Allemagne est de 1,98% et est 5 fois plus élevée. Le taux de mortalité basé sur la population totale de Gangelt est actuellement de 0,06%. Conclusion préliminaire: La létalité 5 fois plus élevée calculée par l'Université Johns-Hopkins par rapport à cette étude à Gangelt s'explique par la taille de référence différente des personnes infectées. À Gangelt, cette étude inclut toutes les personnes infectées de l'échantillon, y compris celles présentant des cours asymptomatiques et légers. La proportion de la population qui a déjà développé une immunité contre le SRAS-CoV-2 est d'environ 15%. Cela signifie que 15% de la population de Gangelt ne peut plus être infectée par le SRAS-CoV-2, et le processus a déjà commencé jusqu'à ce que l'immunité collective soit atteinte. Cette part de 15% de la population réduit la vitesse (nombre net de reproductions R dans les modèles épidémiologiques) d'une nouvelle propagation du SRAS-CoV-2. En respectant des mesures d'hygiène strictes, on peut s'attendre à ce que la concentration de virus en cas d'infection chez une personne puisse être réduite à un point tel que la gravité de la maladie soit réduite, tout en développant en même temps une immunité. Ces conditions favorables n'existent pas en cas d'épidémie inhabituelle (événement de propagation généralisée, par exemple session de carnaval, après ski bar Ischgl). Avec des mesures d'hygiène, on peut également s'attendre à des effets favorables sur la mortalité toutes causes. Nous recommandons donc fortement de mettre en œuvre la stratégie en quatre phases proposée par la Société allemande d'hygiène hospitalière (DGKH). Cela fournit le modèle suivant:
Phase 1: mise en quarantaine sociale dans le but de contenir et de ralentir la pandémie et d'éviter une surcharge des structures de soins critiques, en particulier du système de santé
Phase 2: Début du retrait de la quarantaine tout en garantissant des conditions et un comportement hygiéniques.
Phase 3: Suppression de la quarantaine tout en maintenant le
cadre hygiénique
Phase 4: État de la vie publique comme avant la pandémie de COVID-19 (statu quo ante). (La déclaration DGKH peut être trouvée ici:
https://www.krankenhaushygiene.de/ccUpload/upload/files/2020_03_31_DGKH_Einladug_Lageeinschaetze.pdf)
Remarque: Ces résultats sont préliminaires. Les résultats finaux de l'étude seront publiés
https://www.land.nrw/sites/default/files/asset/document/zwischenergebnis_covid19_case_study_gangelt_0.pdf
Prof. Dr. Hendrik Streeck (Institut de virologie)
Prof. Dr. Gunther Hartmann (Institut de chimie clinique et clinique
Pharmacologie, porte-parole du Pôle d'Excellence ImmunoSensation2
)
Prof. Dr. Martin Exner (Institut d'hygiène et de santé publique)
Prof. Dr. Matthias Schmid (Institut de biométrie médicale, informatique et
Épidémiologie)
Hôpital universitaire de Bonn, Bonn, 9 avril 2020
Contexte: La municipalité de Gangelt est l'un des endroits les plus touchés d'Allemagne par COVID19 en Allemagne. L'infection serait due à une session de carnaval le 15 février 2020
est parce que plusieurs personnes ont testé SARSCoV2 positif après cette session. La session du carnaval et le début de la session sont actuellement examinés plus en détail. Un échantillon représentatif a été tiré de la communauté de Gangelt (12 529 habitants) dans le district de Heinsberg. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande un protocole dans lequel 100 à 300 ménages sont échantillonnés en fonction de la prévalence attendue. Cet échantillon a été coordonné avec sa représentativité avec le professeur Manfred
Güllner (Forsa).
But: Le but de l'étude est de déterminer le niveau des infections au SRAS-CoV2 (pourcentage de toutes les personnes infectées) qui ont été subies et se produisent toujours dans la communauté Gangelt. De plus, l'état de l'immunité actuelle au SRAS-CoV2 doit être déterminé.
Procédure: Une lettre type a été envoyée à environ 600 ménages. Un total d'environ 1000 résidents d'environ 400 ménages ont participé à l'étude. Des questionnaires ont été collectés, des prélèvements de gorge ont été effectués et le sang a été testé pour la présence d'anticorps (IgG, IgA). Les résultats intermédiaires et les conclusions d'environ 500 personnes sont inclus dans cette première évaluation.
Résultat préliminaire: Une immunité existante d'environ 14% (IgG antiSARS-CoV2 positive, spécificité de la méthode>, 99%) a été déterminée. Environ 2% des personnes avaient une infection à SARS-CoV-2 actuelle déterminée à l'aide de la méthode PCR. Le taux d'infection global (infection actuelle ou déjà traversée) était d'environ 15%. Le taux de mortalité (taux de létalité) basé sur le nombre total de personnes infectées dans la communauté de Gangelt est d'environ 0,37% avec les données préliminaires de cette étude. La létalité actuellement calculée par l'Université Johns-Hopkins en Allemagne est de 1,98% et est 5 fois plus élevée. Le taux de mortalité basé sur la population totale de Gangelt est actuellement de 0,06%. Conclusion préliminaire: La létalité 5 fois plus élevée calculée par l'Université Johns-Hopkins par rapport à cette étude à Gangelt s'explique par la taille de référence différente des personnes infectées. À Gangelt, cette étude inclut toutes les personnes infectées de l'échantillon, y compris celles présentant des cours asymptomatiques et légers. La proportion de la population qui a déjà développé une immunité contre le SRAS-CoV-2 est d'environ 15%. Cela signifie que 15% de la population de Gangelt ne peut plus être infectée par le SRAS-CoV-2, et le processus a déjà commencé jusqu'à ce que l'immunité collective soit atteinte. Cette part de 15% de la population réduit la vitesse (nombre net de reproductions R dans les modèles épidémiologiques) d'une nouvelle propagation du SRAS-CoV-2. En respectant des mesures d'hygiène strictes, on peut s'attendre à ce que la concentration de virus en cas d'infection chez une personne puisse être réduite à un point tel que la gravité de la maladie soit réduite, tout en développant en même temps une immunité. Ces conditions favorables n'existent pas en cas d'épidémie inhabituelle (événement de propagation généralisée, par exemple session de carnaval, après ski bar Ischgl). Avec des mesures d'hygiène, on peut également s'attendre à des effets favorables sur la mortalité toutes causes. Nous recommandons donc fortement de mettre en œuvre la stratégie en quatre phases proposée par la Société allemande d'hygiène hospitalière (DGKH). Cela fournit le modèle suivant:
Phase 1: mise en quarantaine sociale dans le but de contenir et de ralentir la pandémie et d'éviter une surcharge des structures de soins critiques, en particulier du système de santé
Phase 2: Début du retrait de la quarantaine tout en garantissant des conditions et un comportement hygiéniques.
Phase 3: Suppression de la quarantaine tout en maintenant le
cadre hygiénique
Phase 4: État de la vie publique comme avant la pandémie de COVID-19 (statu quo ante). (La déclaration DGKH peut être trouvée ici:
https://www.krankenhaushygiene.de/ccUpload/upload/files/2020_03_31_DGKH_Einladug_Lageeinschaetze.pdf)
Remarque: Ces résultats sont préliminaires. Les résultats finaux de l'étude seront publiés
https://www.land.nrw/sites/default/files/asset/document/zwischenergebnis_covid19_case_study_gangelt_0.pdf
Un titre complètement stupide et trompeur: "distanciation sociale" dans la C19
Coronavirus : après le confinement, de nouvelles règles de distanciation sociale seront nécessaires
Pour le professeur de santé publique Antoine Flahault, une décrue rapide de l'épidémie est possible et rend donc le déconfinement dès le mois de mai envisageable. Selon lui, il faudra cependant être prêt à tester, isoler, tracer les patients, pour mettre en place une « distanciation personnalisée ».
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Social
Dans la perspective de la levée du confinement, le Pr Antoine Flahault recommande la mise en oeuvre de règles de « distanciation personnalisée ». (Gonzalo Fuentes/Reuters)
Par Solveig Godeluck
Publié le 15 avr. 2020 à 6h45Mis à jour le 15 avr. 2020 à 8h08
Il y a encore un mystère de l'après-11 mai. Emmanuel Macron a promis lors de son allocution télévisée de lundi soir « une nouvelle organisation » pour « une nouvelle étape », ajoutant que le gouvernement présenterait son plan « d'ici à 15 jours ». Ce brouillard devra assurément être levé à temps, pour éviter une résurgence incontrôlée et meurtrière du coronavirus.
Pour Antoine Flahault, professeur de santé publique à l'université de Genève, la date du 11 mai est un choix prudent : « Aujourd'hui, ce serait trop tôt pour lever le confinement, on est en plein plateau de l'épidémie, mais la décrue peut être plus rapide que la crue. Il est possible que le président ait de bonnes nouvelles à nous annoncer dans 15 jours », sourit-il. Le terme du 11 mai pourrait s'avérer « lointain par rapport aux choix des pays voisins », d'autant plus que le confinement est plus strict qu'en Allemagne ou en Suisse, où l'on n'exige pas de justificatif pour sortir de chez soi.
Masques et tests
Pour que la « nouvelle étape » ne se transforme pas en catastrophe sanitaire, il faut contraindre le taux de reproduction du virus, afin que chaque personne infectée en contamine moins d'une, comme aujourd'hui. Pour rappel, avant le 17 mars, un porteur de virus transmettait en moyenne le Covid-19 à trois de ses contacts.(ceci est probablement faux car on est plutôt sur 5,7!) Puisque le nombre de contacts va croître, il faudra donc réduire la probabilité de transmission du virus.
Le port du masque est l'un des moyens d'y parvenir. Emmanuel Macron a annoncé qu'il pourrait être systématisé, par exemple dans les transports en commun. Le dépistage massif en est un autre. « Le 11 mai, nous serons en capacité de tester toute personne présentant des symptômes », a promis le président, avec un bémol : « Nous n'allons pas tester toutes les Françaises et tous les Français, cela n'aurait aucun sens. »
Une armée d'enquêteurs
Pour Antoine Flahault, le choix de ne tester que les personnes présentant des symptômes est « raisonnable », et « de la même veine que les tests de masse pratiqués à Singapour, Taïwan, ou en Corée du Sud ». Ces tests associés au traçage des contacts et à l'isolement des porteurs de virus ont permis à ces pays asiatiques situés aux portes de la Chine de « contrer jusqu'à présent la vague pandémique dans leurs territoires, d'observer des taux de mortalité parmi les plus faibles du monde », via une politique de dépistages massifs à l'entrée des universités ou des cinémas - qui sont restés ouverts.
Pour lui, cependant, il faut certes tester les porteurs de virus, « mais également rechercher activement leurs contacts, et tester ces contacts, même s'ils ne présentent pas de symptômes. S'ils sont positifs, il ne faut pas les remettre dans leur foyer où ils risquent de contaminer d'autres personnes bien portantes, mais les isoler pendant dix ou quatorze jours. »
« Il faut que l'intendance suive » (quelle intendance? celled e l'Elysée?)
En outre, mettre en place cette triade« tester, tracer, isoler », ce qu'il appelle la « distanciation sociale personnalisée », ne sera pas une mince affaire. « Il faut que l'intendance suive. Cette capacité logistique préalable peut même être l'un des critères autorisant le début du déconfinement », avance-t-il. Par exemple, on pourrait décider de lever les restrictions à partir de 100 nouveaux cas par jour, si l'on a calculé que chacun a eu en moyenne 20 contacts et que l'on dispose des moyens humains et techniques pour appeler et tester 2.000 personnes par jour.
« Une armée d'enquêteurs devra être sur pied le moment venu », explique le scientifique. Un travail qui pourrait être confié à des soignants ou des étudiants en santé, en demandant l'autorisation des personnes infectées pour tracer leurs transactions bancaires ou interroger les entrailles de leur smartphone.
En réalité il ne s'agit absolument pas de la question de la distanciation sociale un anglicisme regrettable. L'éloignement interpersonnel doit être maintenu À 2 m et les masques peuvent jouer un rôle faible dans la lutte contre la transmission notamment quand la distance interpersonnelles est inférieur à 2 m. Mais l'essentiel n'est pas de s'intéresser à ceux qui ne transmettent pas. L'essentiel est de s'intéresser à ceux qui sont porteurs du virus et à ceux qui sont fragilisé au point d'aller s'ils sont infectés en réanimation.
mardi 14 avril 2020
dimanche 12 avril 2020
William Dab on the pandemic
Pour ceux qui ne sont pas abonnés au Monde,voici l'intégralité de l'interview très intéressante de William Dab sur les ratés des mesures mises en oeuvre contre le Covid19. Le paragraphe sur la bureaucratie et la réserve santitaire est édifiant!
Coronavirus en France : « En matière de prévention, nous ne sommes pas à la hauteur de l’épidémie »
Pour l’ancien directeur général de la santé William Dab, le gouvernement fait peser, avec le confinement, l’ensemble des efforts de prévention sur la population.
Propos recueillis par Paul Benkimoun

Professeur émérite au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), où il était il y a peu titulaire de la chaire Hygiène et sécurité, William Dab est médecin et épidémiologiste. De 2003 à 2005, il a été directeur général de la santé et avait démissionné en raison de désaccords sur la politique de santé publique avec le ministre de la santé d’alors, Philippe Douste-Blazy. Il livre une analyse critique de la réponse française au Covid-19.
Quelle est votre appréciation de la situation sanitaire de l’épidémie de Covid-19 ?
Un premier élément à prendre en compte est qu’actuellement nous avons un décompte de la morbidité et de la mortalité directement liée au virus. En fait, nous aurons aussi à déplorer des répercussions sur la santé à moyen terme qu’on peut appeler indirectes parce que ce n’est pas le virus qui sera en cause, mais les complications chez les patients souffrant de maladies cardiaques, pulmonaires, rénales, etc.
Ces complications ont deux origines. Le Covid-19, qui entraîne un alitement, qui est un facteur de risque important chez les personnes âgées. Et le fait que le suivi des malades chroniques est moins bon parce que le système de soins est saturé par l’épidémie. Il faut donc s’attendre au total à plusieurs dizaines de milliers de décès directement et indirectement liés à l’épidémie.
Et sur l’évolution de l’épidémie ?
Je suis frappé par le fait qu’après quatre semaines de confinement, la courbe épidémique n’est que ralentie. Nous restons avec un flux important de malades chaque jour. Trois raisons peuvent expliquer cela.
D’abord le confinement n’est qu’imparfaitement respecté. En particulier, ceux qui continuent de travailler et qui prennent les transports en commun peuvent se contaminer, alors que le port du masque n’est pas généralisé. Ensuite, on peut se demander s’il n’y a pas une transmission aérienne du virus et pas seulement par les gouttelettes. Cette question est débattue, notamment cette semaine dans la revue Nature. Enfin, et cela me semble très grave, on laisse retourner chez elles des personnes contagieuses à la sortie de l’hôpital ou du cabinet du médecin parce qu’elles n’ont pas besoin de soins. Elles peuvent alors contaminer leurs proches. Comment l’éviter quand on vit dans un petit appartement ?
Que faudrait-il faire ?
Cela fait des jours que plusieurs instances, dont le conseil scientifique du gouvernement, recommandent de mettre ces personnes, de même que leurs contacts, en isolement dans des hôtels (qui sont vides) ou des lieux fermés analogues. La maire de Paris le demande aussi, mais il ne se passe rien.
De façon générale, dans les mesures adoptées, il y a un mélange d’excellence et de médiocrité. L’excellence, ce sont les soins. Des centaines de vie ont été sauvées par l’héroïsme des soignants et des aidants, ainsi que par un effort sans précédent qui a permis de doubler nos capacités de réanimation et de désengorger les hôpitaux saturés. C’est vraiment remarquable.
En revanche, en matière de prévention, nous ne sommes pas à la hauteur de l’épidémie.
Pourquoi ?
La seule mesure de prévention est en réalité le confinement généralisé assorti de recommandations d’hygiène. Autrement dit, on fait peser sur la population la totalité des efforts de prévention. Ça ne peut pas marcher et le coût humain est effrayant avec un cortège d’inégalités sociales qui s’aggravent. Réalise-t-on bien ce que cela représente pour une famille avec disons deux enfants qui vit dans 50 m² avec les deux parents en télétravail et les enfants qui doivent faire l’école à la maison ? Si l’effort de prévention est partagé, cela peut tenir encore quelque temps, mais, s’il ne se passe rien d’autre, il y aura des mouvements de révolte. Or l’adhésion du public est une condition pour casser l’épidémie. Le macromanagement ne suffit pas. Il faut une capacité de micromanagement.
Je considère que nous entrons dans une période où le confinement aura plus d’inconvénients (économiques, psychologiques, familiaux, médicaux) que de bénéfices.
Que peut-on faire d’autre ?
D’abord de l’épidémiologie de terrain. Comment se fait-il que ce soient des épidémiologistes britanniques qui ont estimé la proportion de Français infectés ? Comment lutter contre une épidémie sans connaître son étendue ? Des enquêtes par sondages hebdomadaires par téléphone ou Internet permettraient de suivre son évolution. C’est facile à réaliser. Ce n’est pas complètement fiable, mais c’est mieux d’être dans le brouillard que dans le noir absolu. En attendant que des tests sérologiques soient déployés à grande échelle, même avec des imperfections, ce type d’enquête par sondages répétés nous donnerait une tendance sur l’évolution de la prévalence de l’infection.
De même, il faut comprendre pourquoi on a encore tant de nouveaux malades. Où ont-ils été contaminés ? On ne peut pas enquêter sur tous les cas, mais, là encore, une procédure d’échantillonnage suffirait à fournir des indications sur les circonstances de l’infection. Dans les CHU, de nombreuses études cliniques sur d’autres thèmes que le Covid-19 sont actuellement suspendues. Les professionnels de santé qui les réalisent sur le terrain et ont un savoir-faire pourraient être mobilisés à cette fin.
Autre exemple, il y a des dizaines de milliers de patients qui prennent quotidiennement de l’hydroxychloroquine pour des maladies rhumatismales. Cela fait plus de deux mois qu’il y a un débat sur ce traitement. Pourquoi ne sait-on pas si ces patients sont moins atteints par le coronavirus que les autres ? Nous avons des bases de données accessibles pour faire ce travail et une agence du médicament pour le faire.
Ensuite, on ne dit pas clairement à la population quand les masques et les tests arriveront. Si on ne le sait pas, il faut le dire. Aucun déconfinement n’est envisageable sans ces outils. De même, quand les soignants seront-ils enfin correctement protégés ? On n’entend pas la réponse.
Enfin, il faut un commandement unifié et moins de bureaucratie.
Que voulez-vous dire ?
Je vais vous donner un exemple personnel. Dès le début de l’alerte, je me suis inscrit à la réserve sanitaire. Il y a une semaine, je reçois un message me demandant si je suis prêt à appuyer au plan épidémiologique une ARS [agence régionale de santé] dans un département d’outre-mer. Je réponds immédiatement que je suis volontaire et que je libère tout mon agenda jusqu’à fin juin. Au bout de six jours, pas de réponse. Je fais savoir que je trouve cela anormal en situation d’urgence. Je reçois alors comme réponse que mon dossier administratif n’est pas complet. Il manque la copie de mon diplôme de docteur en médecine (qui est à mon bureau, donc inaccessible) et un certificat d’aptitude médicale. Je n’aurai pas l’odieuse pensée de déranger un confrère surchargé pour qu’il atteste que je suis apte à faire de l’épidémiologie ! Le président de la République a déclaré la guerre, mais les services continuent de fonctionner comme en temps de paix.
En 1917, la première chose qu’a faite Georges Clemenceau en devenant président du Conseil et ministre de la guerre, c’est de se débarrasser des bureaucrates sans valeur ajoutée, voire à valeur négative. Ensuite, il a obtenu des Alliés un commandement unifié. On multiplie les instances, les conseils, les comités qui font de leur mieux, mais il n’y a pas le souci des détails, ils n’ont pas de rôle opérationnel. Quand Clemenceau visitait le front au péril de sa vie, ce n’était pas seulement pour soutenir le moral des troupes. C’était aussi pour vérifier que l’intendance suivait.
Pour gagner contre une épidémie, il faut trois conditions : la surveillance, la réactivité et un commandement resserré qui fait un lien opérationnel entre la doctrine et le terrain.
Etes-vous pessimiste ?
Oui, au moment où nous nous parlons. Non, si les principes de base de la lutte contre les épidémies sont enfin mis en œuvre de toute urgence en s’affranchissant des contraintes administratives que le gouvernement a désormais les outils juridiques de lever.
Cette situation illustre jusqu’à la caricature la faiblesse de la santé publique française. On mise tout sur les soins sans réaliser que la prévention est un investissement très rentable. Chaque fois que l’on dépense 100 euros dans le domaine de la santé, 96 % vont aux soins et 4 % à la prévention organisée. C’est cela que nous payons, comme nous payons l’incurie de la gestion de l’amiante – 100 000 décès cumulés.
Tous les soirs à 20 heures, nous applaudissons nos soignants. Je me demande si nous ne devrions pas siffler tous les midis les carences de la prévention de terrain jusqu’à ce qu’elle devienne efficace.
Paul Benkimoun
Coronavirus en France : « En matière de prévention, nous ne sommes pas à la hauteur de l’épidémie »
Pour l’ancien directeur général de la santé William Dab, le gouvernement fait peser, avec le confinement, l’ensemble des efforts de prévention sur la population.
Propos recueillis par Paul Benkimoun

Professeur émérite au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM), où il était il y a peu titulaire de la chaire Hygiène et sécurité, William Dab est médecin et épidémiologiste. De 2003 à 2005, il a été directeur général de la santé et avait démissionné en raison de désaccords sur la politique de santé publique avec le ministre de la santé d’alors, Philippe Douste-Blazy. Il livre une analyse critique de la réponse française au Covid-19.
Quelle est votre appréciation de la situation sanitaire de l’épidémie de Covid-19 ?
Un premier élément à prendre en compte est qu’actuellement nous avons un décompte de la morbidité et de la mortalité directement liée au virus. En fait, nous aurons aussi à déplorer des répercussions sur la santé à moyen terme qu’on peut appeler indirectes parce que ce n’est pas le virus qui sera en cause, mais les complications chez les patients souffrant de maladies cardiaques, pulmonaires, rénales, etc.
Ces complications ont deux origines. Le Covid-19, qui entraîne un alitement, qui est un facteur de risque important chez les personnes âgées. Et le fait que le suivi des malades chroniques est moins bon parce que le système de soins est saturé par l’épidémie. Il faut donc s’attendre au total à plusieurs dizaines de milliers de décès directement et indirectement liés à l’épidémie.
Et sur l’évolution de l’épidémie ?
Je suis frappé par le fait qu’après quatre semaines de confinement, la courbe épidémique n’est que ralentie. Nous restons avec un flux important de malades chaque jour. Trois raisons peuvent expliquer cela.
D’abord le confinement n’est qu’imparfaitement respecté. En particulier, ceux qui continuent de travailler et qui prennent les transports en commun peuvent se contaminer, alors que le port du masque n’est pas généralisé. Ensuite, on peut se demander s’il n’y a pas une transmission aérienne du virus et pas seulement par les gouttelettes. Cette question est débattue, notamment cette semaine dans la revue Nature. Enfin, et cela me semble très grave, on laisse retourner chez elles des personnes contagieuses à la sortie de l’hôpital ou du cabinet du médecin parce qu’elles n’ont pas besoin de soins. Elles peuvent alors contaminer leurs proches. Comment l’éviter quand on vit dans un petit appartement ?
Que faudrait-il faire ?
Cela fait des jours que plusieurs instances, dont le conseil scientifique du gouvernement, recommandent de mettre ces personnes, de même que leurs contacts, en isolement dans des hôtels (qui sont vides) ou des lieux fermés analogues. La maire de Paris le demande aussi, mais il ne se passe rien.
De façon générale, dans les mesures adoptées, il y a un mélange d’excellence et de médiocrité. L’excellence, ce sont les soins. Des centaines de vie ont été sauvées par l’héroïsme des soignants et des aidants, ainsi que par un effort sans précédent qui a permis de doubler nos capacités de réanimation et de désengorger les hôpitaux saturés. C’est vraiment remarquable.
En revanche, en matière de prévention, nous ne sommes pas à la hauteur de l’épidémie.
Pourquoi ?
La seule mesure de prévention est en réalité le confinement généralisé assorti de recommandations d’hygiène. Autrement dit, on fait peser sur la population la totalité des efforts de prévention. Ça ne peut pas marcher et le coût humain est effrayant avec un cortège d’inégalités sociales qui s’aggravent. Réalise-t-on bien ce que cela représente pour une famille avec disons deux enfants qui vit dans 50 m² avec les deux parents en télétravail et les enfants qui doivent faire l’école à la maison ? Si l’effort de prévention est partagé, cela peut tenir encore quelque temps, mais, s’il ne se passe rien d’autre, il y aura des mouvements de révolte. Or l’adhésion du public est une condition pour casser l’épidémie. Le macromanagement ne suffit pas. Il faut une capacité de micromanagement.
Je considère que nous entrons dans une période où le confinement aura plus d’inconvénients (économiques, psychologiques, familiaux, médicaux) que de bénéfices.
Que peut-on faire d’autre ?
D’abord de l’épidémiologie de terrain. Comment se fait-il que ce soient des épidémiologistes britanniques qui ont estimé la proportion de Français infectés ? Comment lutter contre une épidémie sans connaître son étendue ? Des enquêtes par sondages hebdomadaires par téléphone ou Internet permettraient de suivre son évolution. C’est facile à réaliser. Ce n’est pas complètement fiable, mais c’est mieux d’être dans le brouillard que dans le noir absolu. En attendant que des tests sérologiques soient déployés à grande échelle, même avec des imperfections, ce type d’enquête par sondages répétés nous donnerait une tendance sur l’évolution de la prévalence de l’infection.
De même, il faut comprendre pourquoi on a encore tant de nouveaux malades. Où ont-ils été contaminés ? On ne peut pas enquêter sur tous les cas, mais, là encore, une procédure d’échantillonnage suffirait à fournir des indications sur les circonstances de l’infection. Dans les CHU, de nombreuses études cliniques sur d’autres thèmes que le Covid-19 sont actuellement suspendues. Les professionnels de santé qui les réalisent sur le terrain et ont un savoir-faire pourraient être mobilisés à cette fin.
Autre exemple, il y a des dizaines de milliers de patients qui prennent quotidiennement de l’hydroxychloroquine pour des maladies rhumatismales. Cela fait plus de deux mois qu’il y a un débat sur ce traitement. Pourquoi ne sait-on pas si ces patients sont moins atteints par le coronavirus que les autres ? Nous avons des bases de données accessibles pour faire ce travail et une agence du médicament pour le faire.
Ensuite, on ne dit pas clairement à la population quand les masques et les tests arriveront. Si on ne le sait pas, il faut le dire. Aucun déconfinement n’est envisageable sans ces outils. De même, quand les soignants seront-ils enfin correctement protégés ? On n’entend pas la réponse.
Enfin, il faut un commandement unifié et moins de bureaucratie.
Que voulez-vous dire ?
Je vais vous donner un exemple personnel. Dès le début de l’alerte, je me suis inscrit à la réserve sanitaire. Il y a une semaine, je reçois un message me demandant si je suis prêt à appuyer au plan épidémiologique une ARS [agence régionale de santé] dans un département d’outre-mer. Je réponds immédiatement que je suis volontaire et que je libère tout mon agenda jusqu’à fin juin. Au bout de six jours, pas de réponse. Je fais savoir que je trouve cela anormal en situation d’urgence. Je reçois alors comme réponse que mon dossier administratif n’est pas complet. Il manque la copie de mon diplôme de docteur en médecine (qui est à mon bureau, donc inaccessible) et un certificat d’aptitude médicale. Je n’aurai pas l’odieuse pensée de déranger un confrère surchargé pour qu’il atteste que je suis apte à faire de l’épidémiologie ! Le président de la République a déclaré la guerre, mais les services continuent de fonctionner comme en temps de paix.
En 1917, la première chose qu’a faite Georges Clemenceau en devenant président du Conseil et ministre de la guerre, c’est de se débarrasser des bureaucrates sans valeur ajoutée, voire à valeur négative. Ensuite, il a obtenu des Alliés un commandement unifié. On multiplie les instances, les conseils, les comités qui font de leur mieux, mais il n’y a pas le souci des détails, ils n’ont pas de rôle opérationnel. Quand Clemenceau visitait le front au péril de sa vie, ce n’était pas seulement pour soutenir le moral des troupes. C’était aussi pour vérifier que l’intendance suivait.
Pour gagner contre une épidémie, il faut trois conditions : la surveillance, la réactivité et un commandement resserré qui fait un lien opérationnel entre la doctrine et le terrain.
Etes-vous pessimiste ?
Oui, au moment où nous nous parlons. Non, si les principes de base de la lutte contre les épidémies sont enfin mis en œuvre de toute urgence en s’affranchissant des contraintes administratives que le gouvernement a désormais les outils juridiques de lever.
Cette situation illustre jusqu’à la caricature la faiblesse de la santé publique française. On mise tout sur les soins sans réaliser que la prévention est un investissement très rentable. Chaque fois que l’on dépense 100 euros dans le domaine de la santé, 96 % vont aux soins et 4 % à la prévention organisée. C’est cela que nous payons, comme nous payons l’incurie de la gestion de l’amiante – 100 000 décès cumulés.
Tous les soirs à 20 heures, nous applaudissons nos soignants. Je me demande si nous ne devrions pas siffler tous les midis les carences de la prévention de terrain jusqu’à ce qu’elle devienne efficace.
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