Coronavirus : après le confinement, de nouvelles règles de distanciation sociale seront nécessaires
Pour le professeur de santé publique Antoine Flahault, une décrue rapide de l'épidémie est possible et rend donc le déconfinement dès le mois de mai envisageable. Selon lui, il faudra cependant être prêt à tester, isoler, tracer les patients, pour mettre en place une « distanciation personnalisée ».
Lire plus tard
Social
Dans la perspective de la levée du confinement, le Pr Antoine Flahault recommande la mise en oeuvre de règles de « distanciation personnalisée ». (Gonzalo Fuentes/Reuters)
Par Solveig Godeluck
Publié le 15 avr. 2020 à 6h45Mis à jour le 15 avr. 2020 à 8h08
Il y a encore un mystère de l'après-11 mai. Emmanuel Macron a promis lors de son allocution télévisée de lundi soir « une nouvelle organisation » pour « une nouvelle étape », ajoutant que le gouvernement présenterait son plan « d'ici à 15 jours ». Ce brouillard devra assurément être levé à temps, pour éviter une résurgence incontrôlée et meurtrière du coronavirus.
Pour Antoine Flahault, professeur de santé publique à l'université de Genève, la date du 11 mai est un choix prudent : « Aujourd'hui, ce serait trop tôt pour lever le confinement, on est en plein plateau de l'épidémie, mais la décrue peut être plus rapide que la crue. Il est possible que le président ait de bonnes nouvelles à nous annoncer dans 15 jours », sourit-il. Le terme du 11 mai pourrait s'avérer « lointain par rapport aux choix des pays voisins », d'autant plus que le confinement est plus strict qu'en Allemagne ou en Suisse, où l'on n'exige pas de justificatif pour sortir de chez soi.
Masques et tests
Pour que la « nouvelle étape » ne se transforme pas en catastrophe sanitaire, il faut contraindre le taux de reproduction du virus, afin que chaque personne infectée en contamine moins d'une, comme aujourd'hui. Pour rappel, avant le 17 mars, un porteur de virus transmettait en moyenne le Covid-19 à trois de ses contacts.(ceci est probablement faux car on est plutôt sur 5,7!) Puisque le nombre de contacts va croître, il faudra donc réduire la probabilité de transmission du virus.
Le port du masque est l'un des moyens d'y parvenir. Emmanuel Macron a annoncé qu'il pourrait être systématisé, par exemple dans les transports en commun. Le dépistage massif en est un autre. « Le 11 mai, nous serons en capacité de tester toute personne présentant des symptômes », a promis le président, avec un bémol : « Nous n'allons pas tester toutes les Françaises et tous les Français, cela n'aurait aucun sens. »
Une armée d'enquêteurs
Pour Antoine Flahault, le choix de ne tester que les personnes présentant des symptômes est « raisonnable », et « de la même veine que les tests de masse pratiqués à Singapour, Taïwan, ou en Corée du Sud ». Ces tests associés au traçage des contacts et à l'isolement des porteurs de virus ont permis à ces pays asiatiques situés aux portes de la Chine de « contrer jusqu'à présent la vague pandémique dans leurs territoires, d'observer des taux de mortalité parmi les plus faibles du monde », via une politique de dépistages massifs à l'entrée des universités ou des cinémas - qui sont restés ouverts.
Pour lui, cependant, il faut certes tester les porteurs de virus, « mais également rechercher activement leurs contacts, et tester ces contacts, même s'ils ne présentent pas de symptômes. S'ils sont positifs, il ne faut pas les remettre dans leur foyer où ils risquent de contaminer d'autres personnes bien portantes, mais les isoler pendant dix ou quatorze jours. »
« Il faut que l'intendance suive » (quelle intendance? celled e l'Elysée?)
En outre, mettre en place cette triade« tester, tracer, isoler », ce qu'il appelle la « distanciation sociale personnalisée », ne sera pas une mince affaire. « Il faut que l'intendance suive. Cette capacité logistique préalable peut même être l'un des critères autorisant le début du déconfinement », avance-t-il. Par exemple, on pourrait décider de lever les restrictions à partir de 100 nouveaux cas par jour, si l'on a calculé que chacun a eu en moyenne 20 contacts et que l'on dispose des moyens humains et techniques pour appeler et tester 2.000 personnes par jour.
« Une armée d'enquêteurs devra être sur pied le moment venu », explique le scientifique. Un travail qui pourrait être confié à des soignants ou des étudiants en santé, en demandant l'autorisation des personnes infectées pour tracer leurs transactions bancaires ou interroger les entrailles de leur smartphone.
En réalité il ne s'agit absolument pas de la question de la distanciation sociale un anglicisme regrettable. L'éloignement interpersonnel doit être maintenu À 2 m et les masques peuvent jouer un rôle faible dans la lutte contre la transmission notamment quand la distance interpersonnelles est inférieur à 2 m. Mais l'essentiel n'est pas de s'intéresser à ceux qui ne transmettent pas. L'essentiel est de s'intéresser à ceux qui sont porteurs du virus et à ceux qui sont fragilisé au point d'aller s'ils sont infectés en réanimation.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire