Les dirigeants du Medef, de la CPME et de l'U2P (syndicat des artisans) ont écrit au Premier ministre pour lui faire part de leurs inquiétudes. Selon le journal les Echos, le gouvernement envisagerait de faire payer aux employeurs une partie des indemnités journalières versées en cas d'arrêt maladiepour réduire les dépenses de la Sécurité sociale. Les indemnités journalières versées aux salariés pour des arrêts maladie sont actuellement financées par la Sécurité socialeà hauteur de 50% de la rémunération après un délai de carence de trois jours.
Le gouvernement évalue la possibilité de faire payer aux entreprises quatre jours d'indemnités journalières au-delà du délai de carence pour les arrêts de moins de huit jours. Cela représenterait un coût de 900 millions d'euros, écrivent les Echos. Les arbitrages devraient être annoncés en septembre après une concertation avec les partenaires sociaux sur le sujet. Pour Patrick Martin, président délégué du Medef, ce projet est en totale contradiction avec la politique pro-business menée par le gouvernement depuis un an.
Le MEDEF oppose une "ferme opposition" au projet de transférer aux entreprises le coût indemnités journalières en cas d'arrêt maladie. Pourquoi?
Patrick Martin, vice-président du Medef: Dans ce projet, il y a un message de fond implicite: les entreprises seraient responsable de l'absentéisme! Or, l'entrepreneur est bien placé pour savoir que l'absentéisme de courte durée est une calamité. Elle crée des problèmes dans l'entreprise, perturbe la continuité de la production. Les patrons sont les derniers à la souhaiter et à en être responsable.
Vous craignez également une explosion des charges pour les sociétés...
Oui et notre deuxième observation c'est que ce projet de transfert de charges supplémentaires aux entreprises -nous l'évaluons à 900 millions d'euros- est en total incohérence avec la volonté du gouvernement de la renforcer notre compétitivité, grâce à la baisse des charges, menée depuis un an. Le signal envoyé nous rafraîchit. C'est une mauvaise solution pour contribuer à la réduction des dépenses de la Sécurité sociale.
En quatre ans, le coût des arrêts maladie a pourtant crû de plus de 13%, passant de 6,3 à 7,1 milliards d'euros. La sécurité sociale doit-elle prendre seule en charge ce phénomène?
On sait que ce chiffre est dû en parti au recul de l'âge à la retraite. Or, les seniors sont plus touchés par les maladies, c'est normal. Mais pour le reste, il y aurait aussi un coup de projecteur à donner sur les médecins qui accordent parfois des arrêts maladie suspects. On assiste à une dérive. Ce sont eux les prescripteurs des arrêts maladie, pas l'entreprise.