Quand le RN ne vote pas une résolution sur le groupe Wagner
La résolution a été mise aux voix le 25 novembre 2021. Les résultats du vote sont édifiants. Quarante eurodéputés (5,67 % du Parlement) ont voté « contre », et parmi eux toute la délégation du Rassemblement national. On trouve aussi l'extrême droite allemande de l'AfD. Le débat a été très court (19 intervenants) sur l'adoption de cette résolution et le seul « contre » à s'exprimer, ce jour-là, fut Gunnar Beck, un avocat, spécialiste du droit européen, membre de l'AfD. Au lieu de s'intéresser au sujet, il en profite pour transformer ce débat en querelle germano-allemande :
« Le Mali est le premier test pour la nouvelle ministre Verte des Affaires étrangères Baerbock, lance-t-il. Restera-t-elle fidèle à sa rhétorique d'émancipation et d'autodétermination pour l'Afrique ou remplacera-t-elle docilement les troupes françaises par des troupes européennes et allemandes, conformément aux souhaits de Macron ? Soyons honnêtes ! Dans les banlieues de Paris et de Marseille, les troupes françaises sont plus nécessaires pour y protéger la vie. Tout comme les soldats allemands à Duisburg ou sur la place de la cathédrale de Cologne. »
Nous avons interrogé Nicolas Bay (ex-Rassemblement national passé chez Zemmour entre-temps) sur ce vote. « Ce qui devait être une résolution sur l'usage des sociétés militaires privées et leurs exactions s'est transformé sous l'impulsion de Nathalie Loiseau [eurodéputée Renew, macroniste, NDLR] en un texte ne traitant que du groupe Wagner. Et ce, alors qu'il ne s'agit même pas d'une des principales SMP (société militaire privée) : Blackwater n'est même pas mentionnée. Pas plus, d'ailleurs, que Malhama Tactical qui appartient à des islamistes… L'idée était bien sûr, comme toujours, d'antagoniser notre relation avec la Russie et de souffler sur les braises. »
Une prosoviétique chez les Verts
Nicolas Bay était également en désaccord avec le fait que la résolution demandait aux États africains de cesser d'employer ce groupe Wagner. « Il y a là un grave problème de souveraineté, estime-t-il. Ça n'est pas à l'UE de dicter leur conduite aux Africains. Si Wagner part, voulons-nous envoyer des soldats français au Congo ? Nous venons d'être chassés du Mali… D'autant plus que les Africains disent eux-mêmes que les règles d'engagement de l'armée française ne sont plus adaptées aux réalités du terrain et aux guerres ethnico-religieuses qui gangrènent l'Afrique. » Le Rassemblement national compte parmi ses rangs l'eurodéputé Thierry Mariani, grand ami des Russes. Le groupe ID emploie aussi du personnel administratif d'origine russe ou possédant la double nationalité : Ekaterina Frolova (pour l'AfD), Tamara Volokhova (RN) ainsi que des stagiaires (Irina Tomakhina pour la Lega, Anna Pomortseva pour l'AfD.
Du côté de l'extrême gauche (groupe The Left), la résolution sur le groupe Wagner a créé une scission des votes : les partisans de Podemos en Espagne ont voté contre, comme les communistes portugais ou les communistes chypriotes (Akel, deuxième partie dans l'île avec 15 députés sur 56 à la Chambre). On trouve aussi Solution grecque, un parti prorusse et prochinois, qui ne possède qu'un seul eurodéputé (Emmanouil Fragkos), membre du groupe ECR, généralement très anti-russe, ou encore le Tchèque Hynek Blasko, du parti Liberté et démocratie (SPD, 20 députés sur 200 en République tchèque). Il y a aussi des incongruités comme l'adhésion chez les Verts de Tatjana Zdanoka, une Lettone nostalgique de la présence soviétique dans son pays et qui relaie directement la propagande de Moscou dans l'hémicycle européen… Interrogé sur ce point, Yannick Jadot précise que Mme Zdanoka adhère chez les Verts comme « régionaliste », et non comme écologiste, et qu'elle entretient avec le groupe des « rapports très durs ».
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