Qui sont les « pro-Poutine » en Europe ?
LA LETTRE DE BRUXELLES. Les pro-Poutine restent marginaux en Europe, sauf en France, le maillon faible. Au Parlement européen, certains sont gratinés…
Emmanuel Berretta26/02/2022 à 16h20
La France est le pays d'Europe où les pro-Poutine sont les plus nombreux. Ou plutôt « étaient ». Car l'invasion russe de l'Ukraine a soudain fait prendre conscience à quelques amis du Kremlin qu'il ne serait pas très bon pour leur image de suivre Vladimir Poutine sur le sentier de la guerre. Entre Marine Le Pen, Éric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon (surtout par antiaméricanisme), c'est environ 40 % du spectre électoral qui, pour des raisons diverses, justifiait un rapprochement avec Moscou. Un record en Europe !
« On ne fixe pas de limite à Vladimir Poutine, déclarait le 23 janvier 2022 Éric Zemmour, lequel a, à plusieurs reprises, dit son « admiration » pour le président russe en tant que « patriote russe » défendant ses intérêts. « C'est un grand dirigeant de la planète. Il est très respectable. Il faut le respecter », ajoutait-il en janvier. Changement de cap jeudi matin, l'équipe du candidat fait savoir qu'Éric Zemmour condamne l'agression militaire de l'Ukraine…
La Ligue de Salvini s'éloigne de Moscou
Le fait que la France soit le pays le plus pro-Poutine des pays européens tient au fait qu'en Italie la Ligue de Salvini a changé de pied. Elle s'est éloignée de Moscou à partir du moment où Mario Draghi, pour accéder à la présidence du Conseil, a réuni sur son nom un large spectre du champ politique italien. Les léguistes sont en voie de normalisation sous la conduite de Giancarlo Giorgetti, le ministre du Développement économique, qui réoriente le parti vers des positions proeuropéennes. Le comportement des léguistes a également changé au sein du groupe ID au Parlement européen. Ils ne votent plus avec les extrêmes sur les sujets qui touchent à la Russie. Il est remarquable, par exemple, que Marco Zanni, le chef du groupe ID, membre de la Lega, évoque clairement les « menaces que le régime de Poutine fait peser sur nos frontières ». On est très loin de la « russian connection » que Salvini entretenait avec Poutine jusqu'à être soupçonné d'un financement occulte. Dans un geste d'une théâtralité toute italienne, le Lombard est allé jusqu'à se filmer jeudi soir en train de déposer un bouquet de fleurs devant l'ambassade ukrainienne à Rome, tout en se signant...
Même constat pour Viktor Orban. Le Premier ministre hongrois, qui flirtait avec Moscou, s'irritait du traitement de la minorité hongroise d'Ukraine par Kiev et signait il y a peu un contrat de gaz pour contourner le gazoduc ukrainien, s'aligne depuis quelques jours sur les positions européennes et otaniennes. Dans une vidéo publiée jeudi, Orban se dit prêt à accueillir les Ukrainiens qui demanderont l'asile en Hongrie. Il a voté les sanctions contre la Russie à ceci près qu'il ne souhaite pas mettre en danger son approvisionnement en gaz russe. Les députés du Fidesz (son parti) au Parlement européen n'affichent plus d'ambiguïté dans leur manière de voter les textes qui concernent de près ou de loin le régime de Poutine… Est-ce une manière de sceller une alliance nationaliste plus solide avec les Polonais de PiS, farouchement anti-russes, ou tout simplement la peur du grand voisin qui resurgit ?
Selon un rapport du Parlement européen sur les ingérences étrangères en Europe, « la Russie mais aussi la Chine et d'autres régimes autoritaires ont acheminé plus de 300 millions de dollars vers 33 pays pour s'immiscer dans les processus démocratiques, et d'autres acteurs, parmi lesquels l'Iran, le Venezuela, le Moyen-Orient et l'extrême droite américaine, ont également été impliqués dans un financement secret ». Cela dit, pour l'instant, à part la France, l'Italie et l'Autriche (avec le FPÖ qui a été en coalition au pouvoir), les partis prorusses sont assez marginalisés. La Russie a aussi déployé son entregent à l'ouest dans une entreprise de capture des élites, à commencer par Gerhard Schröder, l'ancien chancelier allemand devenu le « Monsieur North Stream 2 » de Vladimir Poutine, son ami. Jeudi, Christian Kern, l'ancien chancelier social-démocrate autrichien, a fait savoir qu'il démissionnait pour sa part du conseil de surveillance de la société nationale ferroviaire russe. L'Italien Matteo Renzi (qui siégeait chez Delimobil, un service d'autopartage en Russie) et l'ancien Premier ministre finlandais Esko Aho (qui siégeait au sein de la plus grande banque russe, la Sberbank) ont également démissionné. François Fillon a lui aussi renoncé, vendredi, à ses mandats d'administrateur indépendant de sociétés pétrolières russes.
Au Parlement de Strasbourg, deux votes sur deux textes – la résolution sur le groupe Wagner et les crédits d'urgence à l'Ukraine – ont permis aux pro-Poutine de se compter. La résolution sur les exactions commises par les milices privées du groupe Wagner remonte à novembre dernier. Selon le texte de cette résolution, « le groupe Wagner a été identifié pour la première fois en 2014, alors qu'il soutenait les séparatistes prorusses et aidait l'armée russe dans le cadre des hostilités dans la région du Donbass, en Ukraine, ainsi que de l'invasion et l'annexion illégales de la région ukrainienne de Crimée. » Il a, depuis lors, été impliqué dans des conflits en Syrie, au Soudan, au Mozambique, en Libye, en République centrafricaine et au Venezuela.
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