mardi 25 mai 2010

Psychanalyse et société: quelques questions qui se posent

Voici quelques réflexions éparses sur la psychanalyse qui ont germé au fil des lectures des réactions déchaînées au livre d'Onfray.

Du bricolage à la religion.
«La grande conceptualité freudienne a sans doute été nécessaire, j'en conviens. Nécessaire pour rompre avec la psychologie dans un contexte donné de l'histoire des sciences. Mais je me demande si cet appareil conceptuel survivra longtemps. Je me trompe peut-être, mais le ça, le moi, le surmoi, le moi idéal, l'idéal du moi, le processus secondaire et le processus primaire du refoulement, etc.- en un mot les grandes machines freudiennes (y compris le concept et le mot d'inconscient!) ne sont à mes yeux que des armes provisoires, voire des outils rhétoriques bricolés contre une philosophie de la conscience, de l'intentionnalité transparente et pleinement responsable. Je ne crois guère à leur avenir. Je ne pense pas qu'une métapsychologie puisse résister longtemps à l'examen. On n'en parle déjà presque plus». Jacques Derrida De quoi demain…, Fayard-Galilée, pp. 279-280
Bricolés les concepts freudiens? Pas vraiment surtout hermétiques et
révélés; une religion et non pas une science comme l'avait remarqué K
Popper. Un marxisme de la psyché. Une invention manipulatrice et
source de pouvoir.

Freud est juif, ceux qui le critiquent peuvent être antisémites ou non mais la religion juive a peu à voir là dedans
Autre sujet de société qui est relancé par le livre et la personnalité d'Onfray: les juifs. On sait Onfray assez antijuif comme il est antichrétien et anti-islamique. Simplement avec les juifs il fort à
faire en raison de la présence massive de production intellectuelle
par des juifs ou d'origine juive. Au delà du théorème de Godwin il
faut rappeler que Freud était juif et que ses disciples en dehors de C
Jung l'étaient aussi. Pourtant  je suis particulièrement frappé par
l'inanité des comparaisons et autres attaques sournoises sur la
judaïté de Freud et sur les liens de la psychanalyse avec la religion
juive. Ainsi ce serait un kabbaliste, il aurait inventé la
psychanalyse à partir du Talmud, il aurait été "jusqu'à sa mort"
membre d'un loge maçonnique hébraïque... Foutaises antisémites c'est
sur. Et les récidivistes s'en donnent à coeur joie! En revanche il y a
quatre aspects qui m'ont toujours frappé et qui ne vont pas dans ce
sens:
1/ Ce Freud a été très fort dans la généralisation de sa petite
histoire personnelle. Autrement dit traversé par des rêves spéciaux il
a persuadé une partie de l'humanité qu'il s'agissait des rêves de
Monsieur et Madame tout le monde... Que ses fantasmes étaient
universels et les extravagances de son développement psychique la
routine de l'être bipède. Les humains à rationalité limitée et à
psychisme lambda se sont identifiés, ils se sont sentis plus riches
avec de tels fantasmes par rapport à leur rêves banals et à leurs
histoires conventionnelles... Baiser leur belle-soeur, il n'y avaient
pas pensé et puis elle était moche, mais baiser leur mère ça c'est
plus fort tellement fort que cela détruit, comme tuer son père. Toutes
choses qui n'avaient pas germé dans leur cerveau déprimé et qui
étaient maintenant propulsées au centre virtuel de leur psyché, une
tornade destructrice que d'ailleurs le psy ne pouvait maîtriser. Cela
dure plusieurs années pour cicatriser d'une telle intrusion psychique.
Plusieurs années de perdues. L'adoption des fantasmes freudiens ne
guérit pas. Elle ne sauve pas c'est une impasse. Il suffit d'en
sortir. Autant dire rien à voir avec l'enseignement de la Torah.
2/ Freud m'apparaît terriblement de son temps. Vienne, la bourgeoisie
chrétienne élevée au péché découvre la liberté sexuelle, la pilule
c'est pour bientôt, l'augmentation des divorces etc. Et dans ce
contexte le divan c'est confesse! Je ne vois pas le Talmud mais le
grillage! Je ne vois pas de kabbale mais le début de la désaffection
pour la religion et son remplacement par le psy, plus cher mais plus
chic.
Sur le site http://catholique-nanterre.cef.fr/faq/reconciliation_confession.htm
on peut lire:
"4. Quelle différence y a-t-il entre l'entretien avec un psy et la
confession à un prêtre ? (divan ou confessionnal)
Confession et psychanalyse ont des points de convergence : s'exprimer
verbalement devant un autre qui écoute. Mais il y a des différences
fondamentales. La confession des péchés est un acte religieux dans
lequel le sujet reconnaît son péché et demande à être pardonné. La
psychanalyse est un travail d'investigation sur soi-même afin de
dénouer des problèmes psychiques. Le psy aide la personne à mieux se
connaître et à s'assumer. Le prêtre lui montre l'amour de Dieu et sa
miséricorde capable, par le pardon, de la guérir de ses faiblesses."

3/ Comment peut on raisonnablement après cela relier Freud à la
religion juive? Pourtant examinons autre chose, je n'ai jamais compris
comment dans ces attaques manifestement antisémites on pouvait
expliquer la place centrale du complexe d'Oedipe dont chacun sait
qu'il s'agit d'un drame du théâtre hellénique! Freud s'avère un
emprunteur de génie, il vend des concepts qu'il a collé sur sa vie
psychique pour la magnifier la valoriser. Et ça marche!
4/ Il reste l'argent et Onfray en fait beaucoup sur le sujet. Je ne
vois pas ce qu'il y a d'anormal à constater que la séance chez Sigmund
Freud valait 450 euro. Après tout c'est à peu près ce que coûte une
consultation de spécialiste dans les pays où les tarifs sont libres,
pas en france bien sur. Qu'Onfray s'en offusque au motif que cela
empêche la veuve et l'orphelin de se faire psychanalyser est une
contradiction flagrante avec ce qu'il développe c'est à dire
l'inefficacité de la psychanalyse! puisque la psychanalyse est
inefficace, que c'est au mieux une magie, un placebo peu importe que
les "pauvres" ne puissent y accéder, c'est un peu comme les courses à
Longchamp! De ce point de vue aussi le rapport avec la judaïté est nul
sauf à avoir pour livre de chevet  les Protocoles des Sages de Sion de
l'agent russe devenu bolchévik M Golovinsky.

Le freudomarxisme
Ensuite la psychanalyse a été le repaire de toute une intelligentsia
gauchisante qui a professé que le marxisme c'était fini, les prolos
étant de moins en moins nombreux et les chaînes qui les entravent de
plus en plus douces... En revanche les aliénations sont à l'intérieur
et ça ça les connaît! Les psy en grands rédempteurs des aliénations
psychiques dues au capitalisme mais sans s'oublier tout de même! La
misère la souffrance ça fait vivre et puis il y en a beaucoup plus
n'est ce pas?
"Quand on sait que huit millions de personnes en France  sont traités
par des thérapies qui dérivent de la psychanalyse, on voit bien qu'il
y a dans un tel livre et dans les propos tenus par l'auteur une
volonté de nuire qui ne pourra, à terme, que soulever l'indignation de
tous ceux qui - psychiatres, psychanalystes, psychologues,
psychothérapeutes - apportent une aide indispensable à une population
saisie autant par la misère économique - les enfants en détresse, les
fous, les immigrés, les pauvres - que par une souffrance psychique
largement mise en évidence par tous les collectifs de spécialistes."
E Roudinesco
http://www.mediapart.fr/club/edition/bookclub/article/170410/pourquoi-tant-de-haine?page=1
Volonté de nuire bigre il faut le poursuivre cet Onfray! Pas le droit
de détruire un business de huit millions de pèlerins. A suivre ...

1 commentaire:

frdm.fr a dit…

À propos de l’affaire Onfreud :
http://www.facebook.com/notes/psychanalogie/en-realite-michel-onfray-veut-sauver-la-psychanalyse-contre-freud-et-les-psychan/391038327884
= http://goo.gl/srst
Où l’on découvre dans les propos de M. Onfray dans la presse et à la télévision qu’il cherche à substituer à la psychanalyse dite « freudienne » une « psychothérapie pour aujourd’hui », « psychanalyse post-freudienne », consistant en… la « méditation philosophique », substituée par supersessionisme. Et que pour cela, il cherche à ridiculiser la règle fondamentale, la « loi » de la psychanalyse, qui consiste du côté du patient à dire tout ce qui vient à l’esprit (« association libre »). Et que dans ces conditions, le livre de M. Onfray cherchant à ridiculiser Freud n’est qu’un moyen de parvenir à ses fins qu’il révèle par ailleurs : « je souhaite dire que j’aimerais que ce livre soit aussi et surtout l’occasion de penser une psychothérapie pour aujourd’hui », in article de M. Onfray publié sur le site du Monde le 7 mai 2010. Où l’on découvre que tout ceci est motivé par la phobie de la notion “freudienne” selon laquelle la « normalité » n’existe pas, et qu’il n’y a qu’une différence de degré, et non de nature, entre les « normaux » et « ceux qui ne le sont pas », et que M. Onfray estime cela scandaleux et tient à une frontière nette entre les deux, afin de pouvoir se placer… devinez dans quelle catégorie : voilà toute l’affaire. Voilà ce qu’y trouvent ceux qui soutiennent M. Onfray dans son ambition.
Sommaire
— des extraits de l’article de M. Onfray paru sur le site du Monde le 7 mai 2010 (mais non paru dans l’édition papier)
— un premier commentaire de l’article de M. Onfray paru sur le site du Monde le 7 mai 2010
— des extraits du Dossier publié par Le Monde, sur site le 7 mai 2010 et dans l’édition papier le 8 mai 2010 : deux articles parmi ceux du dossier
— les liens vers les enregistrements vidéo de la prestation de M. Onfray lors de l’émission télévisée de Laurent Ruquier le samedi 8 mai 2010
— la transcription et le bref commentaire des passages estimés essentiels de la prestation télévisée précitée de M. Onfray le 8 mai 2010
— le lien vers le blog de M. Onfray qu’il consacre à son livre et les suites de celui-ci notamment dans les médias : essentiel pour mieux apprécier la “mentalité” de M. Onfray
— le lien vers le blog d’Emmanuel Fleury qu’il consacre à l’affaire Onfray et notamment liste la plus complète des liens vers les articles relatifs à cette affaire.
Voir http://www.facebook.com/notes/psychanalogie/en-realite-michel-onfray-veut-sauver-la-psychanalyse-contre-freud-et-les-psychan/391038327884
= http://goo.gl/srst
---
http://psychanalogie.fr

 
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