V G Rodwin ouvre le débat dans Le Monde au sujet des indicateurs pertinents des systèmes de soins et de la santé des populations. il évoque l'étude très controversée de l'OMS en 2000. Quelques commentaires.
1/ le système de soins n'est pas un système de santé. Cette confusion parfois volontaire est extrêmement grave car elle permet d'occulter ce qui contribue à la santé et qui n'est pas le soin! Par exemple dans le dernier N° d'Achives of internal medicine on notera que la nouvelle et très intéressante rubrique s'intitule "less health care is more health". Il aurait fallu écrire: less illness care is more health! Il y a donc dans les pays développés une surestimation considérables de l'efficience des systèmes de soins sur la santé des populations alors même que les système de soins accapare 80- 90 % des ressources consacrées à la santé.
2/ pour ce qui est des indicateurs du SdS il est tout à fait illusoire de raisonner comme l'a fait l'OMS en fonction de critères surexprimés et sans contenu comme l'accès aux soins puisque j'ai développé au dessus que le système de soins est hypertrophié au moins dans les pays développés. Il reste l'espérance de vie aux différents ages et le nombre d'années sans maladies chroniques sévères comme les MCV, les néoplasies les démences et les maladies inflammatoires et autoimmunes.
-l'espérance de vie à chaque décade est un bon indicateur des limites du système de soins en particulier au regard des conséquences de l'obésité et du diabète. L'espérance de vie à 40 ans devrait baisser aux US à partir de 2040 (cf un papier de 2009 dans le NEJM). il va falloir que nous modifions la prise en charge actuelle pour contrarier cette tendance et en mesurant ce critère il est possible d'avoir une vision prospective des choses.
-le nombre d'années sans maladie chronique est aussi révisé à la hausse principalement je l'ai dit en raison de la vague d'obésité et de ses conséquences, et le système de soins n'y peut mais. C'est donc un bon indicateur de changement d'objectif du système de soins et de son système de rémunération des services. En passant d'une culture du soin curatif à l'acte vers des modes varés de rémunération à la performance on peut imaginer que le système de soins diminuera le nombre d'années de vie avec maladies chroniques et ainsi cet indicateur permettra de le mesurer.
-le nombre de morts évitables est un agrégat important qui met en évidence en France une nette détérioration de la santé des hommes puisque c'est chez eux que le nombre de morts évitables est le plus important. Mais attention pour le diminuer il faut être particulièrement actif en amont de la maladie et en prévention secondaire ce qui n'est pas le cas de notre système qui rémunère le curatif en quantité de production. Je le placerais en premier des trois critères cités.
-l'accès aux services spécialisés est pour moi tout à fait vide de sens. Vous pouvez avoir accès à des soins médiocres très rapidement et au contraire avoir un accès plus limité mais avec des standards de qualité plus élevés. Et qu'on ne me dise pas que le délai est une source de morbimortalité! dans les MCV (revascularisation) l'urgence est d'arrêter de fumer pas de se faire opérer, tandis que dans la chirurgie articulaire il est très important de perdre du poids et de se remuscler avant l'opération justement pour que celle ci réussisse! Ce critère me paraît donc destiné à la politique mais pas à la mesure de l'efficience médicale du système.
-hospitalisations évitables. Il me semble qu'en prenant ce critère pour juger du système de soins vous mesurez la performance du payeur à rembourser des soins de qualité et non la performance du système de soins!
- enfin la survie dans les grands groupes de maladies clairement identifiables et suffisamment prévalentes est aussi un indicateur à ne pas négliger. Cancer du sein, du poumon, infarctus du myocarde, accident neurologique ischémique, artérite des membres inférieurs sont des indicateurs puissants de la performance du système et c'est d'ailleurs là que les meilleurs excellent.
Bien évidemment dans ce commentaire j'ai passé sous silence des éléments majeurs comme l'innovation et la réorganisation du système de soins actuels basé sur l'anatomie d'organe alors que la médecine est en train de changer de paradigme et d'épouser celui de la cellule pluripotente!
http://www.planete-plus-intelligente.lemonde.fr/sante/systemes-de-soins-et-sante-des-populations-a-la-recherche-des-indicateurs-pertinents_a-11-205.html
samedi 15 mai 2010
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