jeudi 13 mai 2010

L'alcoolisation aigue peut tuer! Alcohol and society

L'apéro géant de Nantes a fait de gros chiffres pour les firmes de l'alcool dans les supermarchés de la région et un mort de moins de trente ans mais aussi de nombreux futurs et futures alcooliques...

La presse en rajoute, même les journaux dits sérieux font attention aux recettes publicitaires... Pas question de fâcher le pastis, la vodka ou la bière! L'alcoolisation collective ça rapporte gros et la"société" paie les dégâts, qu'ils s'agisse du matériel des déchets ou bien des soins médicaux. Donc rien sur le risque moral pris par tous ces participants qui savent que se sera un free lunch après avoir monté l'éthylomètre au plafond. Les pompiers, les urgences et les policiers sont là pour les secourir. Rien sur les risques à moyen long terme de ces alcoolisations répétées. Rien sur la "banalisation" de ces alcoolisations dans les milieux universitaires ou des écoles postbac. Rien sur le nombre quasi-obligatoire de futurs alcooliques recrutés par les vendeurs d'alcool dans ces fêtes dont le seul but est la consommation massive d'alcool. Rien sur la prévention de l'alcoolisme. Surtout chut faisons comme si c'était une manif politique ou syndicale, ne disons rien qui puisse fâcher les sponsors, les bobos "quinestigmatisentpersonneaunomdelalibertéd'expression", les participants et leurs familles.



Voyons quels sont les effets de l'alcoolisation aigue sur la santé.
1/ des conséquences sur la conscience qui avec les alcools forts et les doses ingérées entraînent rapidement un coma. Avant le coma il y a des stades progressifs de latence réactionnelle, perte de contrôle, de l'équilibre, du discernement et ensuite des prises de risque, des chutes et avec des engins motorisés des accidents pouvant entrainer la mort d'autrui.
2/ plus grave encore l'alcoolisation prédispose à l'alcoolisme. La gueule de bois devient rapidement un syndrome de manque et la prise d'alcool s'institutionnalise. Les individus les plus jeunes sont les plus fragiles. Une fois cette prise chronique d'alcool instaurée les complications commencent à tous les niveaux de l'organisme. La matière grise disparaît progressivement dans le cerveau et ceci a été bien documenté par l'imagerie IRM. Le foie voit mourir ses cellules et tente de les régénérer essentiellement avec du tissu fibreux la cirrhose est en marche. Les nerfs périphériques souffrent et en particulier ceux des membres inférieurs et ceux qui déclenchent l'érection. L'alcool comme le tabac rend impuissant.
3/ l'alcool favorise les cancers aérodigestifs les accidents vasculaires cérébraux hémorragiques, l'hypertension, l'artérite et les autres consommations addictives comme le tabac ou d'autres drogues.


Nous sommes comme dans d'autres domaines dans une contradiction permanente entre d'un côté la liberté de faire que chacun revendique même si s'alcooliser régulièrement est le stigmate d'une perte de liberté et de l'autre la mutualisation des dépenses de soins, d'assistance, de sécurité et de police. Le montant des déficits de l'état providence qui dépense sans compter pour une petite partie de ces preneurs de risque volontaire sont mal connus en France parce qu'on refuse de les mesurer et surtout de les facturer; ils sont cependant importants si on se réfère aux autres pays.
Nous n'avons connaissance que des statistiques épidémiologiques:

"Combien de personnes ont recours aux soins à cause de leur consommation d’alcool ? Si l’on prend en compte l’ensemble des maladies provoquées par la consommation d’alcool (cancers, cirrhose, traumatismes dus à des accidents de la route ou domestiques survenus sous l’effet de l’alcool, etc.), on estime que 1,3 million de séjours hospitaliers étaient liés à l’alcool en 2003 (source : OFDT). Par ailleurs, en 2007, plus de 130 000 personnes ont consulté dans des centres spécialisés pour la prise en charge d’un problème de consommation d’alcool (consommation nocive ou dépendance) (source : OFDT)."

En extrapolant les dépenses de soins pour l'alcool, le tabac et les autres drogues peuvent représenter jusqu'à 20-40% des dépenses de soins! L'an dernier les dépenses de l'assurance maladie étaient de 155 milliards d'euro.
Par exemple en 1997 la ventilation des coûts en francs était la suivante: Coût et %
                                  Alcool                     Tabac                  Drogues illicites                      Total
1. Coûts directs des soins
                                  18 421,76 15,96 % 19 505,70 30,00 % 1 524,51 11,42 % 46 919,97 21,52 %
2. Coûts directs de prévention et de recherche
                                  3 675,60 3,18 % 18,50 * 948,88 7,11 % 4 642,98 2,13 %
3. Coûts directs de l’application de la loi
                                  367,36 0,32 % * 3 911,46 29,30 % 4 278,82 1,96 %
4. Coûts directs de pertes de prélèvements obligatoires
                                  12 280,53 10,64 % 8 361,70 12,8 % 866,24 6,49 % 24 953,07 11,44 %
5. Autres coûts directs imputables
                                   23 120,00 20,03 % 11,70 * * 23 131,70 10,61 %
6. Coûts indirects des pertes de revenu et des pertes de production
                                  57 555,66 49,80 % 37 255,60 57,18 % 6 099,19 45,69 % 114 101,55 52,33 %
Coût social
                                   115 420,91 65 153,20 13 350,28 218 028,09
Dépense par tête
                                   1 966,28                 1 520,56                227,43                 3 714,28
Coût social en pourcentage du PIB
                                    1,42 %                 0,80 %                   0,16 %                  2,68 %
* négligeable


En conclusion nous perdons 2,68% du PIB en valeur à cause de ces drogues. Notre croissance étant très faible depuis 2000 ce frein est considérable et devrait être un sujet de réflexion majeur. en particulier la mutualisation des dépenses de soins ne peut se concevoir que dans un système de taxes ciblées très élevées pour être dissuasives y compris sur des drogues aujourd'hui illicites, je pense au cannabis et à ses dérivés de telle sorte que devnues légales elles soient une source de revenus à la hauteur du finacement par la communauté. Cette approche pigouvienne est la seule possibilité pour rétablir quelque peu les déséquilibres économiques nés de la prise de risque volontaire.

Références
1/ http://www.alcoolinfoservice.fr/Les-consequences-sanitaires-et.html
2/ Arthur Cecil Pigou The Economics of Welfare, Macmillan, 1946

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