Le casino d'Annemasse est une bonne affaire!
"A deux reprises, sous les prédécesseurs socialistes de M. Pasqua, en 1991 et en 1992, le dossier d'agrément présenté, à travers une société dont l'un des dirigeants est Robert Feliciaggi, est refusé à l'unanimité par la commission des jeux, notamment en raison de la "personnalité" des investisseurs. Ceux-ci apparaissent en effet très liés à Michel Tomi, gérant du casino de Bandol (Var), mis en examen pour abus de biens sociaux et dont l'établissement a fait l'objet d'une fermeture administrative.
Arrive M. Pasqua, qui connaît bien les deux hommes, et réapparaît la demande, accompagnée d'une note du directeur adjoint de son cabinet, Claude Guéant, demandant "d'accélérer" son examen. M. Sauvé réitère ses réserves en évoquant les "renseignements défavorables" sur les investisseurs et le "manque de transparence" sur l'origine des fonds investis. La commission des jeux partage son point de vue et la demande est rejetée.
Quelques semaines plus tard, elle est à nouveau déposée et là, ô miracle, le rapport du commissaire des renseignements généraux (RG) chargé des courses et des jeux explique que "rien ne permet plus de douter de l'honorabilité des postulants". On découvrira plus tard que les dossiers personnels de MM. Feliciaggi et Tomi détenus par les RG ont été expurgés.
A l'unanimité, moins une voix - celle de M. Sauvé -, la commission émet un nouvel avis négatif. "Vous étiez en service commandé ?", demande le président Henri-Claude Le Gall au témoin. "J'ai reçu des instructions contraires à mes propositions et je les ai exécutées", répond M. Sauvé. Le dossier contient une note paraphée par M. Pasqua : "Donner autorisation. CP".
En mars 1994, M. Sauvé est nommé préfet de l'Aisne. L'autorisation d'exploitation sera accordée à Robert Feliciaggi après son départ, le 21 mars 1994. Acheté 5 millions de francs (762 000 euros), le casino d'Annemasse, doté d'une autorisation en bonne et due forme d'exploitation des jeux, sera revendu un peu plus tard par MM. Feliciaggi et Tomi 105 millions de francs."
Bien sur c'est un raccourci mais on perçoit très bien dans cet exemple le rôle néfaste de l'état dans l'économie! Il en est de même pour les permis de construire, les autorisations des grandes surfaces, les lits places et contrats d'activité des cliniques, les exonérations de charges sociales etc...
L'état est empêtré dans ce jeu néfaste et dangereux.
Les politiques vont juger un des leurs une exception française qui n'émeut personne.
Haro sur les traders mais silence sur la politique et l'état. Cette histoire est caricaturale. Ce qui l'est encore plus, quand on évoque cette question à double face avec des élus ou des hommes politiques, c'est la réponse: c'est comme ça depuis toujours...
Référence
Le Monde
mercredi 21 avril 2010
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