Xavier Fontanet, ancien PDG d' Essilor international : la violence de l'ISF ( 2016 )
« L'ISF est populaire, 71 % de nos concitoyens se prononcent encore aujourd'hui contre sa suppression. Une action amenant toujours une réaction en sens inverse, le pays s'est, en fin de compte, tiré une balle dans le pied.
Quelque 300.000 personnes ( 1 % des ménages ) assurent 33 % de l'IR et 100 % de l'ISF, c'est dire leur poids dans les recettes publiques. En majorité, ce sont des entrepreneurs. Selon le New World Health, 43.000 personnes auraient quitté notre pays depuis quatorze ans, avec leurs familles. Cette saignée de probablement 500 milliards d'euros ( soit 10 fois les capitaux de notre BPI ) explique en partie pourquoi notre PIB marchand ne croît plus. L'exil est le résultat d'une violence faite à des gens qui ont pourtant créé richesse et emplois. Ils se sentent punis et pensent que leur avenir n'est plus ici.
Tout cela rappelle la révocation de l'Édit de Nantes. On a oublié qu'à l'époque, le PIB de la France était à peu près celui de l'Allemagne, de l'Angleterre, des Pays-Bas et des États-Unis réunis. Le départ de 200.000 huguenots donna un coup de fouet aux industries suisses et hollandaises ainsi qu'à l'agriculture allemande. À l'époque, La Fontaine se moquait des entrepreneurs en écrivant « La Laitière et le Pot au Lait ».
Bill Gates et Steve Jobs, encore gamins il y a quarante ans, ont créé deux entreprises dont la capitalisation représente 50 % du PIB de notre pays. L'ISF, s'il avait existé aux États-Unis, aurait chassé ces locomotives qui tirent la région de Seattle et la Californie. On peut se demander si notre pays n'a pas fait une jolie bourde en poussant dehors ces 43.000 entrepreneurs. S'ils étaient restés, avec leur capital et leur énergie, il n'y aurait peut-être plus ici ni déficit budgétaire, ni déficit commercial, ni chômage de masse.»
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