"Ce qu'on n'a jamais mis en question n'a point été prouvé."
Denis Diderot
Pensées philosophiques
Les déboires du GIEC et la controverse autour du soi disant réchauffement climatique que Chu le ministre vert d'Obama a prudemment rebaptisé changement climatique peuvent être interprétés comme un échec de la science, la preuve de l'impossibilité de la vérité scientifique (un relativisme scientifique après celui de la culture ou des valeurs humaines), ou bien comme l'adoption de credo variés idéologiques, verts, anticapitalistes en lieu et place de vérités scientifiques et quoiqu'il en soit très éloignés de la science du climat... Il serait fécond de considérer cet épisode du débat mondial comme l'exemple d'une vérité scientifique en mouvement, en train de se construire et surtout en train de se bâtir sur la remise en cause de la précédente vérité. Il est à la fois audacieux et judicieux de citer K Popper à ce propos.Audacieux car nos élites françaises sont pour la plupart ignorantes ou opposées aux vues de Popper. Leur credo est la vérité éternelle. Ce fut celle de la religion puis celle de la révolution, celle des droits de l'homme et aujourd'hui celle de l'écofondamentalisme altermondialiste. Cette rigidité est aussi inscrite dans leur statut, nos élites pour la plupart sont fonctionnaires à vie ce qui ne porte pas au changement, à la flexibilité, à la remise en cause. Il n'est d'ailleurs que de lire la lettre des "scientifiques français du climat" adressée aux ministres dit de "tutelle" pour s'en rendre compte:
"Un pacte moral relie les scientifiques et la société. Rémunérés principalement par
les crédits publics, les scientifiques doivent déployer une rigueur maximale, pour la
conception, la réalisation, la publication de leurs travaux. Leurs pairs sont les arbitres
de cette rigueur, à travers les processus critiques de relecture, de vérification, de
publication des résultats. Les hautes instances scientifiques sont les garants de cette
rigueur. C’est sur cette éthique scientifique que repose la confiance que la société
peut accorder à ses chercheurs."
ou bien:
"Vous constituez les structures référentes de la recherche scientifique française. Les
accusations publiques sur l’intégrité des scientifiques du climat sortent des cadres
déontologiques et scientifiques au sein desquels nous souhaitons demeurer. Nous
pensons que ces accusations demandent une réaction de votre part, et l’expression
publique de votre confiance vis-à-vis de notre intégrité et du sérieux de nos travaux.
Au vu des défis scientifiques posés par le changement climatique, nous sommes
demandeurs d’un vrai débat scientifique serein et approfondi."
Ces scientifiques n'ont pas lu ou compris Popper! Ce qu'il reste à faire aux scientifiques du climat c'est de travailler pour présenter des résultats moins réfutables et plus robustes! Ou à défaut abandonner les théories qu'ils ont bâties hâtivement à partir de résultats inexacts de surcroît!
Judicieux car c'est bien de l'enseignement de Popper dont nous avons besoin pour comprendre la science dans sa dynamique due entre autres à la vitesse d'acquisition des nouvelles données, à la globalisation de la recherche, à la disponibilité incroyable des résultats dans le temps et l'espace et au progrès technologique qui a créé un levier puissant pour la réalisation des expériences imaginées par le cerveau humain. Quand les données étaient très difficiles à collecter, je parle des observations et des expériences, les changements de paradigmes étaient peu fréquents à l'échelle de la vie humaine qui rappelons le était courte.Aujourd'hui nous allons vivre 100 ans et l'accélération de la recherche bouscule les vérités d'hier en quelques heures parfois; nous assistons à des tsunami de résultats et à des remises en question permanentes qui créent une vague de connaissances où la vérité est en mouvement. C'est le passage de la vérité fixe à la vérité en mouvement qui est un défi pour l'esprit humain. Et Popper est très utile dans l'appréhension de ce changement. En réalité la vérité scientifique a toujours été en mouvement mais il était lent, il s'est récemment accéléré, le GIEC est moribond, Popper lui est singulièrement d'actualité.
Références
http://www.fahayek.org/articles/Lettre2_Climatologues_1avril2010.pdf
http://jhered.oxfordjournals.org/cgi/pdf_extract/40/7/169
1 commentaire:
A la suite de cet article un de mes amis a attiré mon attention sur les critiques de la philosophie poppérienne.
1/ pour ma part je n'ai de pratique que de l'épistémologie poppérerienne et la falsifiabilité reste une anticipation très féconde de Karl Popper. Pourquoi? Parce que la science accaparée par les experts, les professeurs nommés à vie ou bien les idéologues est transformée en une vérité éternelle ce qu'elle n'est surement pas. Alors que l'on puisse discuter entre expansion des connaissances (une sorte de processus de poupées gigogne) et une avancée chaotique du type essai/erreur n'est finalement qu'une différence formelle car plus personne ne s'intéresse à la petite poupée qui ne correspond plus du tout à la conception actuelle du monde. De même on oublie très vite ce qui a failli y compris ses propres erreurs...
2/ En biologie et plus particulièrement en médecine l'épistémologie poppérienne est extrêment intéressante pour comprendre que nous ne connaissons pas ce dont nous parlons et surtout pour ouvrir la perspective de la recherche en stimulant ce qui est contrarien ou bien a priori non prédit par les théories actuelles. En effet le processus de recherche est bien un flux chaotique ou les idées nouvelles peuvent naître de la connaissance approfondie des données actuelles comme de leur ignorance.
3/ les critiques de Popper ont pointé ses erreurs d'appréciation sur la personne de Karl Marx. Mais ce qui restera c'est avant tout la critique radicale du matérialisme historique en tant qu'historicisme critique que plusieurs de nos contemporains n'ont pas encore comprise. Par exemple l'historicisme écologique qui soutient que l'avenir (catastrophique) de la planète est un fait incontestable relève de la même critique que les affirmations de Marx quant à la disparition du capitalisme. Popper en utilisant le critère de falsifiabilité (je le considère comme un moyen) a liquidé les bases pseudo-scientifiques de telles théories.
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