lundi 23 mars 2009

Le Pape, le préservatif et la classe politicomédiatique (Pope, condom and the medias)

1/ Ce qui est en jeu c'est tout d'abord la liberté d'expression et sur ce point il faut être intraitable, le Pape n'est pas la pour son élection, sa réélection mais en tant que chef de l'Eglise catholique. Il exprime la pensée de l'Eglise et sur ce sujet comme sur celui de l'avortement il y a un profond désaccord entre l'Eglise et l'immense majorité de la classe politicomédiatique. Les français eux sont beaucoup plus partagés et mesurés. Ce n'est pas nouveau et ce n'est pas une raison pour s'acharner!
2/ Sur le SIDA. Les résultats de ces trente dernières années (les premiers cas ont été rapportés à Los Angeles le 5 Juin 1981) mettent en évidence:
- que le préservatif réduit le risque de 80% chez les hétéros c'est à dire que le préservatif n'est pas la panacée annoncée car il reste 20% de contaminations!
- que la circumcision réduit le risque chez les hétéros d'environ 60%.
- que la dissémination du virus est maximale en cas de relations multiples concomittantes plutôt que successives.
Le safe sex est donc le sexe avec un(e) partenaire stable sans vagabondage sexuel.
Le Pape est donc fondé quand il dit que vivre sa sexualité en catholique pratiquant est beaucoup plus efficace que le préservatif. Maintenant que conseiller aux africains? Les catholiques leur conseillent de changer de mode de vie et d'embrasser la foi et la fidélité conjugale. Les politiques leur distribuent des préservatifs. En attendant que des armes thérapeutiques efficaces c'est à dire permettant de guérir à un prix abordable soient trouvées il faut préter attention aux propos du pape car il est nécessaire de promouvoir un changement des moeurs en même temps que l'utilisation des préservatifs pour juguler la pendémie. En effet il est clair que baser une politique de prévention sur le seul usage du préservatif ne permet pas d'y arriver. Par ailleurs la pendémie se développe autant par des contaminations hétérosexuelles que par des transmissions mère enfant où le préservatif n'a pas sa place sinon pour éviter une grossesse. Oui mais voilà parler de fidélité conjugale, de changer de mentalité voire de moeurs n'est pas à la mode des médias et même pas des politiques. Alors au lieu de parler des faits des réalités nos braves hommes et femmes politiques basculent dans l'anathème et le lynchage. Les propos approximatifs d'A. Juppé en sont un exemple. La chasse aux voix ne saurait être une excuse suffisante il y a autre chose, une idéologie implicite de la classe politicomédiatique qui au lieu de discuter des faits décrète la pensée unique. Reste la phrase "pourrait l'aggraver". Il semble que la citation des journeaux soit inexacte, puisque la majorité des médias citent: "aggraverait" à vérifier. Là aussi personne ne peut contester que dans un contexte africain et plus particulièrement du sud de l'Afrique, donner des préservatifs peut entrainer une recrudescence des comportements à risque DONT ON SAIT QU'ILS SONT CULTURELLEMENT DEJA TRES PRESENTS. C'est exactement ce qu'a semble-t-il dit le Pape. En conséquence au lieu de polémiquer nous ferions mieux d'examiner les faits, pourquoi la pendémie évolue de la sorte, y-a-t-il des preuves solides que le préservatif permettrait l'extinction de l'épidémie africaine sans changement comportemental, nos actions sont elles efficientes? Il est pour moi tout à fait étonnant que ce soit le Pape qui pose ces questions car elles devraient être notre débat permanent et naturel. Oui mais voilà il semble qu'il y ait plus de tabous dans la société civile que dans l'Eglise.
Références
1/
2/Gray RH, Kigozi G, Serwadda D, et al. Male circumcision for HIV prevention in men in Rakai, Uganda: a randomised trial. Lancet 2007;369:657-666.
3/ N Engl J Med. 2009 Mar 26;360(13):1298-309. Male circumcision for the prevention of HSV-2 and HPV infections and syphilis. Tobian AA, Serwadda D, Quinn TC, Kigozi G, Gravitt PE, Laeyendecker O, Charvat B, Ssempijja V, Riedesel M, Oliver AE, Nowak RG, Moulton LH, Chen MZ, Reynolds SJ, Wawer MJ, Gray RH.
4/ N Engl J Med. 2009 Mar 26;360(13):1349-1351. Prevention of Viral Sexually Transmitted Infections -- Foreskin at the Forefront. Golden MR, Wasserheit JN.
5/ Lancet 28 march 2009

2 commentaires:

Anonyme a dit…

La présentation habituelle de la problématique du SIDA est conforme à la voix du politiquement correct. Mais voilà ça ne marche pas comme cela. Il n'est que de regarder les chiffres. Dire aux jeunes "sortez couverts et pas de pb" est criminel puisque le préservatif n'est pas efficace à 100% mais plutôt à 80%. Dire que l'encouragement à user d'un préservatif peut contribuer à aggraver les choses est vrai même si c'est paradoxal. Il faut introduire un peu de complexité juste le contraire du ton médiatique et journalistique... Si la distribution de préservatifs a pour effets de multiplier les relations extraconjugales et surtout les relations avec plusieurs partenaires synchrones il semble bien que la maladie se développe. Si distribuer le préservatif s'accompagne d'une diminution des rapports extraconjugaux et surtout des rapports à plusieurs partenaires synchrones alors on diminue les contaminations mais il est illusoire qu'on stoppe la pendémie en raison des autres facteurs de contamination dont celui de la mère à l'enfant, et en Europe des drogués... La culture, les us et coutumes, le comportement individuel et les choix de l'individu sont donc prépondérants. Or on sait qu'en Afrique de l'Ouest ces us et coutumes de relations multiples sont très répandues, voilà pourquoi dans ces régions il faudrait mettre l'accent sur un changement de comportement qui ne peut être basé que sur la responsabilité individuelle ou la morale religieuse. Oui mais responsabilité individuelle sonne comme moralisation et frein à la liberté sexuelle shocking! Tandis que religion est définitivement honni par la classe politicomédiatique. On s'achète donc une bonne conscience en distribuant gratuitement le latex tout en sachant que cela n'est pas la solution mais on ne touche pas au corpus laxiste de notre conception de la vie et de la responsabilité individuelle en société. Le Pape qui ne s'adresse qu'aux catholiques et qui ne leur coupe pas la main s'ils choisissent de se comporter autrement , a gratté un endroit douloureux de notre bonne conscience. Et si nous n'avions pas l'action la plus efficace avec l'argent que l'on donne pour lutter contre le SIDA? Et si une action très forte d'éducation et de responsabilisation était aussi ou plus efficace que l'usage unique et gratuit du préservatif? Ces questions certaines équipes sont en train d'y répondre en afrique loin de la polémique franco-française et avec des critères scientifiques et non pas les vérités révélées des officiels de la lutte contre le SIDA. Il est totalement irrationnel de présenter les opinions des uns dans la lumière et celles des autres dans l'obscurantisme.

Anonyme a dit…

Intéressant:
Le Botswana a mis en place un programme pour circoncire 80 % de sa population masculine, a annoncé, jeudi 7 mai, le ministère de la santé, qui entend ainsi limiter la propagation du sida dans ce pays d'Afrique australe fortement touché par la maladie.

Pour que la campagne de circoncision ait l'effet souhaité en termes de lutte contre le sida, "le ministère de la santé est censé circoncire 80 % des Botswanais sur cinq ans", soit un total d'environ 460 000 hommes, a déclaré Janet Mwambona, chargée de ce programme. Simultanément, une campagne a été lancée pour encourager les hommes à se rendre dans les hôpitaux pour être opérés dans de bonnes conditions d'hygiène.
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Jusque dans les années 1970, certaines ethnies pratiquaient en brousse la circoncision traditionnelle jusqu'à ce que les autorités découragent cette pratique pour des raisons de santé publique. Le Botswana, pays de deux millions d'habitants, est touché de façon dramatique par le sida. Le taux de prévalence dans la population adulte est de 24 %, et l'espérance de vie est de seulement 34 ans. Le fort taux de mortalité, lié en partie à cette maladie, a cependant été freiné avec l'introduction en 2003 des antirétroviraux.

Des essais cliniques conduits en Afrique ont prouvé que la circoncision réduisait de 50 à 60 % le risque de transmission du VIH de la femme à l'homme.

 
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