vendredi 19 juin 2015

Uberisation

Vers une « uberisation » du droit ?

Le Monde.fr |  


Plus de 9 Français sur 10 s’estiment ainsi démunis face aux démarches juridiques et administratives.
Nombreux sont ceux qui, aujourd’hui, ne trouvent pas de réponses adaptées à leurs besoins juridiques. Ces difficultés d’accès au droit concernent tant les petites entreprises que les particuliers. Elles sont bien entendu liées au coût des prestations juridiques mais pas seulement.
Plus de 9 Français sur 10 s’estiment ainsi démunis face aux démarches juridiques et administratives. L’émergence récente de « start-up du droit » et autres plateformes juridiques conduit à s’interroger sur les réponses susceptibles d’être apportées à la question de l’accès au droit.
À cet égard, l’idée d’une « uberisation » de l’économie est aujourd’hui en vogue. Elle désigne l’avènement, sur un marché donné, d’acteurs Internet proposant des services à la demande et soumis à des règles plus souples.

L’utilisateur placé au centre

Cette idée résonne avec une particulière acuité dans le monde du droit. Ce dernier est-il sur le point de connaître le même type de transformation que le secteur du transport ou, avant lui, de la musique ou l’édition ?



Il est clair que la mise en place de solutions numériques, disponibles à tout moment (« on demand ») et à moindre coût, va permettre de rendre le droit plus accessible. Concrètement, les innovations qui incarnent ce processus « d’uberisation » sont de trois ordres : de nouvelles solutions logicielles basées sur des algorithmes de génération documentaire, des outils sémantiques permettant de proposer des solutions juridiques directement à partir des requêtes web des utilisateurs, et toutes les innovations liées au « big data » et appliquées au droit.
Dans tous les cas, l’utilisateur est placé au centre. Il est désormais en mesure de faire lui-même, simplement et de manière sécurisée, un certain nombre de démarches juridiques et administratives. Les exemples sont bien entendu multiples : la création d’entreprise, le recrutement de salariés, le recouvrement de factures impayées, la protection des marques, etc.
La migration vers des solutions mobiles, la généralisation de la signature électronique, et la numérisation des procédures administratives et judiciaires vont accentuer cette tendance. Il est aujourd’hui tout à fait possible d’envisager une automatisation et une numérisation de la grande majorité des démarches juridiques et administratives simples concernant les petites entreprises et les particuliers.

Des tâches à forte valeur ajoutée

En Californie, plus d’une entreprise sur quatre est d’ores et déjà créées en ligne. Selon nos estimations, en France, plus d’un milliard d’euros pourrait être économisé tous les cinq ans en ayant recours à des services 100 % numériques. Ces innovations technologiques bouleversent bien entendu l’organisation actuelle des professions juridiques réglementées et suscitent des réactions sinon hostiles souvent ambivalentes.
En réalité, l’essor du numérique constitue une formidable opportunité non seulement pour les utilisateurs mais également pour les avocats, notaires et autres professionnels du droit. Ces derniers vont disposer de nouveaux outils de travail leur permettant de se concentrer sur des tâches à forte valeur ajoutée et auront la possibilité de s’adresser de manière efficace à une audience plus large via des plateformes Internet d’un nouveau genre.
Contrairement à ce qui se passe dans le secteur du transport, il est tout à fait possible et sans aucun doute souhaitable de développer une approche résolument collaborative : les besoins sont immenses et le marché partiellement adressé. C’est le chemin emprunté outre-Atlantique.
L’American Bar Association s’est ainsi récemment alliée à l’un des leaders américains du droit en ligne afin de rapprocher avocats et PME en quête d’une prestation juridique abordable. Uberisé ou pas, le marché du droit français est en pleine mutation. Disposant de nouvelles alternatives, les utilisateurs en sortiront gagnants en bénéficiant d’un meilleur accès au droit et aux professionnels du droit.
Pierre Aïdan, Stéphane Le Viet & Timothée Rambaud (cofondateurs de legalstart.fr)

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