samedi 3 janvier 2009

New York City last day!

Ca ne pouvait pas durer éternellement! La fin des vacances de Noël 2008 s'est déroulée dans le B 777 entre NYC et Paris. Dans cette transatlantique j'étais entouré des signes de l'affrontement israélo-palestinien actuel: devant moi un musulman libanais et à ma gauche un rabbin israélien. Seul point commun, ils ont mangé le même repas. Pas un signe, pas un regard, une coexistence pacifique avant l'opération sur Gaza.
Le Hamas est fourni en armes et entraîné par l'Iran. Israël par les US. La guerre US/Iran a bien lieu par intermédiaires. Aucun pays n'accepterait huit ans de chutes de roquettes sur son territoire sans réagir. Ce que fait l'Iran est absolument criminel et bien évidemment la "communauté internationale" le sait au kg d'explosif près.
Pour autant y a-t-il une porte de sortie? Israël se sent en danger localement avec les roquettes du Hamas qui tombent aléatoirement dans un rayon que l'on peut dessiner sur la carte avec un compas et à distance avec la nucléarisation de l'Iran. Les palestiniens de la bande de Gaza qui ont choisi le Hamas dans une fuite en avant politique, sont devenus les otages des iraniens qui les manipulent pour déclencher des conflits. L'UE a une responsabilité particulière car elle est le principal bailleur de fonds des palestiniens. Croire que donner de l'argent va résoudre un problème est assez caractéristique de l'esprit qui règne à Bruxelles et au parlement. Aucune somme d'argent ne remplacera la démocratie et le développement économique. Mais est-ce possible? Probablement de moins en moins car beaucoup de palestiniens quittent les territoires et laissent le champ libre aux extrémistes qui n'ont à mon avis que très peu à voir avec la religion mais savent s'en servir pour manipuler les masses. Un état palestinien, résultat de négociations comme celles qu'avaient menées Clinton aurait il évité les guerres actuelles (Liban 2, et bande de Gaza)? Rien n'est moins sur car les garanties démocratiques présentes dans le texte de l'accord étaient minces et auraient probablement conduit à la prise de pouvoir du Hamas sur l'état palestinien naissant.
Plusieurs pistes de réflexion peuvent être listées, la plupart seront plus claires après l'arrivée d'Obama.
1/L'Iran tout d'abord et la pression américaine, un jeu subtil mais décisif pour la nouvelle administration. Tout changement dans la politique iranienne aura des conséquences au Moyen Orient.
2/Israël où à l'évidence la proximité des élections n'est pas pour rien dans le calendrier des opérations. Dans un procesus vers des frontières définitives, je ne parle pas de paix car je suis réaliste, il faudra faire des concessions et chacun sait que Jérusalem sera un point névralgique. Je pense que la bande de Gaza devrait aussi être un point délicat car le développement économique de ce territoire sans une ouverture sur l'Egypte est à mon avis très compromis. L'état hébreu craint la main d'oeuvre de Gaza pour des raisons de sécurité mais aussi démographique. Or Moubarak ne semble pas prêt à cette coopération car il craint pour la stabilité du régime, aujourd'hui plus qu'hier avec le Hamas au pouvoir à Gaza.
3/La crise économique qui menace les palestiniens d'une réduction de la manne des pays arabes; obligeant le Hamas a devenir plus pragmatique notamment dans le cas d'une perte d'influence de Téhéran.
4/En revanche je ne vois pas d'influence significative de l'Europe qui est profondément divisée sur le sujet. La présence de nombreux musulmans sur le sol européen dont beaucoup sympathisent avec le Hamas ne facilitera pas la tâche des gouvernements nationaux. La faiblesse de la diplomatie européenne unifiée restera un autre obstacle à toute influence européenne au moins en 2009.
Cette liste exclue les scénarios catastrophes dont nous européens serions les témoins mais aussi les victimes comme une guerre Israël/Iran, une instabilité sociale en Europe et singulièrement en France en cas de conflit long et sanglant, les conséquences économiques de la récession sur le Magreb et une immigration brutale, bref des difficultés rapidement systémiques et particulièrement incontrolables dans nos sociétés.
Quand on réalise les sommes d'argent consommées par les conflits depuis 60 ans et l'état actuel des populations du Moyen Orient on peut comprendre que la nécessité aujourd'hui c'est la démocratie et le développement économique. C'est ce cap que l'Europe devrait tenir au lieu de considérer que la paix viendra d'un deal politique. Les autres voies sont sans issue.

vendredi 2 janvier 2009

Le débat économique bridé par l'idéologie et les modèles

Daniel Cohen dans le Monde de ce jour signe un éditorial en faveur de la complémentarité idéologique en économie, nous aurions besoin des deux, Friedman pour l'illiquidité, Keynes pour la croissance. C'est un peu simpliste! Ce qui l'est moins c'est que dans cet éditorial D. Cohen oublie le rôle de l'état avant pendant et après la crise. L'état serait-il devenu un passager clandestin dans l'esprit de Mr Cohen? Oublie-t-il la disparité majeure entre les US et la France quant au poids des prélèvements obligatoires, au code du travail, à l'esprit d'innovation et d'entreprise, au système universitaire, à la résilience globale du système économique et même financier? Quand il parle de la faillite de Lehman comme d'un déclencheur il oublie aussi les 25 banques qui depuis ont fait faillite aux US. Natixis et le Crédit Agricole sont toujours là! Par ailleurs et c'est une différence importante avec 29, le leveraging des banques et autres hedges funds ou des opérations de LBO et même des ménages était et reste très élevé, conduisant à une recherche effrénée de cash. Cet endettement colossal est adossé à une machinerie financière fragile qui n'existait pas en 29 celle des produits dérivés disséminés sur toute la planète financière. Si bien que le risque et son extension sont sans commune mesure avec 29. Enfin la prétendue modération salariale actuelle qui aurait interrompu le cycle inflation/salaires est aussi en rapport avec un niveau de vie et de sécurité sociale qui n'a rien de comparable avec 29! A-t-on vu la queue des chômeurs devant l'armée du salut pour un bol de soupe? Pas encore en tous cas.
Quelle crise vivons nous? Lance Cohen. Il est exact que la nature, les causes sont assez difficiles à préciser à chaud, H. Paulson le soulignait récemment. Attention aux interprétations basées sur des calques, modélisées par une vision achevée de la crise de 29. Ce qui est le plus certain dans ce que nous avons vécu (vivons) c'est l'illiquidité du marché interbancaire et des intermédiaires financiers. Pour le reste rien n'est très clair car l'intrication des facteurs est intense dans l'espace et le temps. Les états pris la main dans le sac de politiques pro cycliques ont probablement sur réagi comme tout responsable qui veut faire oublier ses propres turpitudes. Les banques centrales ont assez bien maîtrisé la crise de liquidité et c'est l'essentiel, quant aux taux et à la création de monnaie il est encore trop tôt pour évaluer leurs politiques. Attention cependant à la création monétaire en Europe et à la politique de taux négatifs aux US. Il s'agit de remèdes doués d'effets secondaires dévastateurs.
Finalement je voudrais insister sur un point qui me parait essentiel. Il s'agit du déséquilibre de la création de richesses dans le monde. Il est vrai que la politique de taux bas favorise l'endettement et la spéculation, l'argent n'étant pas cher. C'est la critique faite à A. Greenspan. Mais il me semble que les quantités considérables d'argent amassés par les pays qui vendent leurs matières premières ou le travail de leur citoyens ont un rôle qui a été sous évalué dans cette crise. Ces pétrogasodollars, commoditydollars ou consumerdollars cherchent un placement rentable et sur. Il s'agit de sommes considérables qui reflètent les déséquilibres commerciaux des US, de la France, et des autres pays. Ces actifs sont gérés soit par des acteurs corporate soit par des fonds souverains. Ce sont ces dollars qui ont alimenté la confiance des acteurs financiers qui mettaient au point des montages de plus en plus risqués mais dont certains avaient la garantie de l'état (Fannie Mae et Freddie Mac mais aussi AIG...). Le marché s'est trouvé inondé de liquidités qui on cherché une place a priori plus sure ou moins fluctuante que les actions! Ils ont cru la trouver. Et la preuve de l'importance de cette cause c'est bien le rendement des Bonds US qui reste très bas témoignant malgré la situation d'une offre substantielle alors que des différentiels significatifs se creusent en Europe entre Grèce, Italie, France et Allemagne.
Pourquoi cette cause est importante?
Tout d'abord parce que c'est bien là une différence essentielle avec 29 et même avec les autres crises récentes. Je l'ai répété dans cette analyse, gardons nous des modèles qui restreignent notre capacité d'analyse. Ceci étant dit la prise en compte de cette cause sur le moyen terme nécessite un rééquilibrage de la création de richesse, qui n'est pas un nouveau protectionisme mais tout simplement une reprise de la croissance industrielle et commerciale dans les pays industrialisés et singulièrement les US et l'Europe. Pour cela il est urgent que les états de ces pays favorisent cette croissance en levant les obstacles nationaux au redémarrage de l'économie réelle.
-En Europe c'est avant tout les réformes du marché du travail et du système social qu'il faut réussir.
- aux US c'est l'orientation de la société vers une utilisation moindre du pétrole et rapidement d'autres sources d'énergie de même qu'une orientation de l'investissement public vers les infrastructures là où c'est socialement et économiquement utile. J'ai le sentiment que Barak Obama est prêt à cette politique.
Peut on en dire autant en Europe singulièrement dans les pays du ClubMed?


http://www.lemonde.fr/opinions/article/2009/01/02/keynes-ou-friedman-par-daniel-cohen_1137164_3232.html#xtor=EPR-32280156
 
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