lundi 17 mars 2008

L'état régule les prix à la hausse en entravant la concurrence

French government regulation tends to increase prices by altering concurrence

Dans le discours conventionnel l'état est perçu en France comme le régulateur intelligent et soucieux d'équité d'un système économique et financier brutal et mobilisé par le profit. Il est donc très difficile pour nos concitoyens de comprendre des situations ou c'est l'inverse qui se produit, un état qui par ses actions concertées conforte, installe et légitime des privilèges qui ensuite permettent à leurs bénéficiaires de pratiquer des prix hauts, des marges importantes et d'interdire l'entrée à des acteurs qui ne sont pas dans la connivence. Sans compter les effets pervers possibles sur la vie politique.
Examinons par exemple la situation des taxis.
Nous constatons à travers nos déplacements en France, en Europe et dans le monde que les taxis sont en France peu nombreux, chers et en général pourvus de voitures en très bon état et souvent très puissantes. Comment expliquer une telle situation qui est franchement opposée aux intérêts des consommateurs? Par l'interventionnisme étatique. C'est l'état qui restreint drastiquement le nombre de taxis autorisés et qui interdit à tout un chacun pouvu d'un permis et d'un véhicule aux normes de faire taxi. Conséquences, les taxis sont forts d'un monopole qu'ils paient cher au départ mais qui leur procure ensuite des revenus substantiels et surtout qui pousse les prix vers le haut. La plaque se vend de plus en plus cher puisque les revenus sont assurés. Les banques prêtent mais sans risque. Les taux d'intérêt élevés sont payés par le client. Les voitures sont puissantes là où une plus faible cylindrée suffirait car les prix le permettent. Les courses sont choisies en fonction de leur rentabilité tant pis pour ceux qui ne trouvent pas de taxi. Et les prix s'envolent, en province il faut trente euro pour faire dix kms entre l'aéroport et le centre ville! A Paris il y aurait 14000 taxis alors qu'ils étaient 25000 en 1925, et la licence vaut environ 150000 euro! Mais il y a beaucoup plus intéressant, les taxis sont le plus souvent dans les grandes villes des sociétés qui bien évidemment bénéficient des mêmes avantages multipliés par le nombre de licences dont elles disposent. Ces sociétés de par leur position dominante sont de véritables cartels qui font travailler dur des individus qui achètent leur liocence et qui paient les services fournis par ces sociétés (système d'appel centralisé, optimisation des courses...)! Petit à petit le client est devenu la vache à lait du système mais il est pris au piège du monopole. Il peut discuter les intérêts d'un prêt avec dix banques, du prix de son électricité avec trois fournisseurs, chercher le prix le moins cher pour le litre d'essence mais en matière de taxi non. Nous en sommes toujours au monopole type La Poste, France Télécom, EDF, GDF des sombres années des nationalisations! Quelle solution? Appliquer la décision 211 de la CLF avec ou sans indemnité. L'état continuerait à délivrer des licences afin de sécuriser l'offre mais sans limitation de nombre ce qui reviendrait à laisser l'offre et la demande fonctionner normalement dans une économie de marché. C'est exactement ce qui se passe très bien pour des milliers d'autres métiers.
Poursuivons par celle des supermarchés.
Plusieurs lois encadrent c'est à dire restreignent la liberté d'entreprendre. Voyons comment? C'est très simple en soumettant les créations de supermarché à autorisation. Vous pouvez ouvrir une boulangerie, une bijouterie mais pas un supermarché. Il faut en France une autorisation de l'état. Ainsi se nouent des liens étroits entre grande distribution et pouvoirs politiques. Mais surtout les enseignes sont sures de ne pas avoir de concurrence. Ainsi vous ne verrez jamais un concurrent en agro-alimentaire dans les galeries marchandes des supermarchés, ni d'ailleurs à proximité du centre commercial. Ensuite tout est lié. A partir d'une position dominantes géographique et stratégique la grande distribution impose ses marges, contourne la loi en mettant en place des stratagèmes multiples visant à augmenter ses profits au détriment des consommateurs qui une fois arrivés dans le centre commercial ne vont pas repartir ailleurs pour aller comparer les prix. La grande distribution est donc dans une situation privilégiée grâce à l'état et c'est précisément les lois qui soumettent à autorisation la création de supermarchés qui empêchent des concurrents de vendre à des prix plus bas.
Les exemples ne manquent pas, le diagnostic est certain.
Cet état de fait a été reconnu depuis longtemps comme un obstacle à des prix à la consommation plus bas dans un pays qui en matière d'agro-alimentaire est un des premiers producteurs mondiaux. Paradoxe qui permet toutefois d'expliquer que nos chaines de grande distribution aient pu aussi facilement financer leur développement mondial. Il est important d'avoir à ce sujet l'avis d'une organisation européenne dénuée des conflits d'intérêts nationaux.
L'OCDE dans un document récent intitulé objectif croissance 2007 suggère spécifiquement pour la France:
"Réduire les obstacles réglementaires à la concurrence
Dans un certain nombre de secteurs, essentiellement le commerce de détail et certaines industries de réseau, le cadre réglementaire freine la concurrence, ce qui nuit à la croissance de la productivité et entrave également les créations d’emplois.
Mesures prises : La réglementation des prix de détail a été modifiée via une nouvelle définition de la vente à perte illicite, afin de favoriser les baisses de prix, mais cette nouvelle définition est plus complexe. Dans le secteur de l’électricité, on s’est borné à mettre en oeuvre les directives de l’Union européenne.
Recommandations : Faire en sorte que le bien-être des consommateurs soit le principal objectif de la politique de la concurrence et de la réforme de la réglementation et ne pas laisser certains groupes d’intérêts définir les objectifs de cette politique. Mettre fin aux restrictions à la vente à perte, qui entravent la concurrence par les prix dans le commerce de détail, les règles actuelles concernant l’abus de position dominante devant être suffisantes à cet égard. Supprimer les obstacles réglementaires à l’entrée dans les secteurs potentiellement concurrentiels et faire respecter un régime d’accès non discriminatoire dans les segments non concurrentiels des industries de réseau."
Voilà quelques éléments de plus après le rapport Attali, le Président, le gouvernement et les députés ont deux ans pour ce faire avant une nouvelle campagne électorale, les européennes.
Références
http://cxnx.affinoworld.com/Home/Index.cfm
 
Paperblog