mercredi 23 juin 2010

Fin du keynésianisme en France



Le keynésianisme à la française que je préfère appeler politique de dépense publique structurelle discrétionnaire est en train de toucher à sa fin. Ce fut très long, très inefficace mais cela le sera encore plus dans la défaisance de cette politique basée sur l'électoralisme et l'assurance que les nations fourmis financeront sans arrêt la dette des cigales et que les banques para-étatiques, les zinzins aux ordres continueront sans limites à acheter des obligations du Trésor...


1/ La principale cause de cet effondrement du modèle keynésien c'est bien sur le niveau élevé de la dette publique réelle. 



Rappelons qu'il ne s'agit pas de la dette comptabilisée selon Maastricht mais aussi des engagements de l'état.

Dette française à fin 2009 : 1 500,8 milliards d'euros, soit 77,9 % du PIB
Déficit public français 2010 : 173,7 milliards d'euros (soit 5508 euros par seconde)

La dette publique réelle est d'environ 1500 + 173 (déficit 2010) + 900 (engagements des retraites et autres avantages sociaux) = 2573 milliards d'euro.

PIB (France 2009) = 2676 milliards d'euro.

Dette réelle en % du PIB: 96,2%



2/ La deuxième cause est conjoncturelle, les investisseurs qui sont rappelons le des gestionnaires de fonds en particulier de fonds de pension mais aussi d'autres investisseurs sur toute la planète doutent de la capacité des états européens à rembourser leur dette publique à l'occasion du ralentissement économique.

En conséquence les taux de rendement demandés pour les obligations d'état grimpent comme les contrats d'assurance contre le défaut de paiement. Un enfant de 5 ans est capable de comprendre ce mécanisme qui n'a rien à voir avec une spéculation animée par la cupidité. Les spéculateurs sont essentiels car ils voient loin ils étudient les situations économiques et informent le marché par leurs prise de position. Les états sont trop endettés, depuis trop longtemps et sans perspective raisonnable de désendettement, ce qui suffit à entretenir la défiance des investisseurs.


3/ La troisième cause est politique.


Nous assistons à une crise sérieuse entre la France et l'Allemagne et plus généralement entre un bloc de pays qui entendent maîtriser la dépense publique coûte que coûte pour éviter les syndrome grec et d'autres qui voudraient, après avoir pris beaucoup d'euphorisants, continuer dans la même voie, s'endetter pour dépenser et relancer. La situation est très grave car les pays  endettés sont pour la plupart au seuil du syndrome grec et que la France pourrait se laisser glisser dans le paquet arrière du peloton notamment en raison de son déficit budgétaire record et de la dégradation de sa notation. Les keynésiens français ne cessent de critiquer l'Allemagne, qu'il s'agisse des journalistes du Monde ou bien de Mme Lagarde  bien mal inspirée en la matière. La critique est toujours la même les allemands ne consomment pas assez. Ils suffirait qu'ils consomment un peu plus pour que la relance par la demande (l'alpha et l'oméga des keynésiens) nous tire d'affaire.Voyons pourquoi ils ont profondément tort.


3.1/ Il est particulièrement arrogant dans un monde libre que certains veuillent obliger d'autres peuples à consommer d'avantage. 

A coup sur il s'agirait d'un nouveau planisme à la soviétique avec diverses primes et bons d'achat dont on sait le bilan néfaste puisqu'ils ne contribuent qu'à pérenniser des parts de marché en favorisant les entreprises établies au détriment des nouveaux entrants, en prolongeant des industries en bout de course ce qui conduit à priver d'investissement l'innovation ou à fausser les choix de consommateurs en abaissant les prix par des subventions. Les peuples ont des comportement collectifs qui témoignent de leur histoire de leur culture et il est choquant d'entendre des responsables politiques européens juger la façon dont les allemands consomment, s'habillent ou changent de voiture. Le consommateur, le citoyen doit rester libre de ses choix dans un marché concurrentiel et ouvert. Autant dire que les allemands préfèrent la sécurité de l'emploi à des augmentations de salaire et en aval du chômage, autant dire qu'ils sont libres de construire leur contrat social et que les jugements hasardeux des politiques européens ne les feront pas changer d'un iota. Après tout ce contrat social marche assez bien et si leurs produits sont préférés aux autres ce n'est que le résultat de leur travail et de la concurrence libre et non faussée.

3.2/ Les keynésiens dans leur volonté permanente de privilégier la demande sans se préoccuper de la dette sapent les fondements sociaux qui comprennent pour les ménages une épargne de sécurité et une préférence pour l'avenir. 

Selon eux l'épargnant est en effet le coupable. Si ce dernier achetait au lieu d'épargner la machine repartirait. Cette fable est fausse du début jusqu'à la fin. Tout d'abord l'épargnant n'est pas épargnant toute sa vie, il épargne puis il dépense. Il faut scrupuleusement respecter son sens de l'anticipation qui est fonction des perspectives économiques, fiscales (équivalence Ricardienne), et enfin personnelles. Epargner est donc vital pour un individu ou un ménage. Anticiper les conditions de sa retraite l'est tout autant. Au moment de vérité actuel où l'illusion de la répartition lors d'un déclin démographique des actifs a été comprise par beaucoup d'entre nous, il convient aussi de laisser le choix pour le futur s'exercer au lieu de continuer à faire croire que l'état subviendra aux besoins des retraites par répartition à des taux d'actifs de 1,5 pour 4 retraités! L'individu bien informé fait des choix économiques et les keynésiens sont près à dénoncer ceux qui sont prudents au motif qu'il faudrait à tout prix relancer la machine économique par encore plus de dette. Cette attitude est attentatoire aux libertés et elle est socialement immorale.

3.3/ Mais alors comment solutionner la problématique Wolfienne? 

Martin Wolf qui dirige le plus puissant journal économique le Financial Times, répète depuis plusieurs mois que si l'Allemagne à un compte courant positif (elle exporte plus qu'elle n'importe) c'est parce que d'autres pays acceptent d'être dans le rouge c'est à dire d'importer plus qu'ils n'exportent. Et aussitôt il déclare péremptoire: il faut que l'Allemagne consomme plus sinon les déséquilibres vont persister en Europe avec une monnaie commune ce qui est insupportable à long terme. En réalité il y a deux problèmes. 

-L'Allemagne mais aussi d'autres pays sont de gros exportateurs, la Chine par exemple. Ce que les citoyens achètent à ces pays a été depuis des décennies financé en partie par de la dette bon marché et des monnaies notamment l'euro très surévaluées. Et c'est bien là que des dysfonctionnements ont alimentés les déséquilibres, s'agissant de la dette privée. Mais répétons le ce n'est pas le problème de la France! La France est endettée par son gouvernement et son parlement pas par les décisions personnelles de ses habitants ou même de ses entreprises qui eux sont assez prudents! Ainsi si les acheteurs de biens et services allemands ou chinois s'endettent cela aura une fin que le marché régule très bien. Il ne faut en aucun cas que les gouvernements jouent les apprentis sorciers en essayant de faire en sorte que les allemands consomment! Car cela ne règlera en rien l'endettement actuel privé ou public qui est la cause unique de nos problèmes.

-La monnaie unique et sa résilience aux déséquilibres économiques. Là aussi c'est l'éviction des mécanismes de marché qui est en cause. En décrétant une monnaie unique mais en s'interdisant (notamment à Dublin) toute sanction pour ceux qui ne respecteraient pas la règle budgétaire les gouvernements ont sapé les fondations de l'euro. Il eut fallu que les mécanismes de sanction soient effectifs pour que les grecs redressent leur bâteau à temps et d'autres avec eux. Les allemands ne sont pas responsables mais les français et ceux qui ont soutenu la non automaticité des sanctions oui.

Ainsi et contrairement à la description de Martin Wolf les choses ne sont pas figées. Les nations exportatrices auront plus de difficulté avec la crise du crédit à trouver acheteur à moins que leurs produits ne soient réellement indispensables et supérieurs ce qui consacre en quelque sorte un avantage concurrentiel et poussera les autres pays à des réformes indispensables de leur tissu économique. Le marché permet les adaptations nécessaires nul n'est besoin de stigmatiser le mode de vie des allemands! C'est bien ce qui se produit. La téléphonie mobile, les ordinateurs nous démonternt combien la concurrence et l'innovation sont les clés de la réussite économique mais il en est de même dans d'autres industries à cycle de produit plus long ou bien plus éloignées du choix direct des consommateurs.


4/ Nous avons besoin de la croissance, pas de la dette!

Oui nous avons besoin de croissance. Et ce n'est pas à la suite de la crise, cela fait 35 ans que la croissance décline, c'est bien là que se trouve le problème. Plusieurs analyses démontrent de manière indubitable que la croissance inexorable des prélèvements obligatoires et de la dette est corrélée à la chute de la croissance. Les keynésiens s'empressent d'ajouter que corrélation ne saurait être causalité et ils nous ressortent la faiblesse de la demande. En réalité c'est bien l'extravagante dépense publique qui assèche la demande et l'investissement privés. Si à côté de cet effet d'éviction on rappelle les rigidités de notre système économique, le poids des prélèvements sur le travail, un assistanat disproportionné par rapport à la situation sociale on comprendra pourquoi après la crise la croissance sera bridée comme avant la crise. Cette crise qui aura été une occasion manquée pour dire la vérité aux français: nous sommes trop peu à travailler trop et à produire beaucoup pour un secteur public trop important qui produit peu et un nombre d'inactifs grandissant qui jouissent de droits sociaux exorbitants financés par de la dette.

Références

Pour ceux qui veulent un avis contraire afin de stimuler l'échange voici un article passionnant où même Martin Wolf doit s'employer ardemment pour défendre le keynésianisme...



lundi 21 juin 2010

Trois questions transitionnelles à propos de l'assurance maladie

Introduction
Le système de soins et plus globalement la santé des individus représente la dépense la plus élevée dans les pays développés; ceci n'est pas surprenant et correspond à un choix économique rationnel la vie étant ce que chacun considère à une très large majorité comme ce qu'il a de plus cher. A côté de cette constatation nous vivons une transformation accélérée des connaissances et des processus de soin. Les connaissances en biologie sont en train de reconfigurer notre image du monde vivant et les possibilités d'intervenir dans le processus le plus terrifiant de la vie, le vieillissement et la mort. Compte tenu de ces enjeux, ce qui nous est le plus cher en particulier la durée de vie associée à la qualité de vie, la taille du marché des biens et services médicaux et la rareté de la ressource économique en général et en particulier dans ce choc démographique et économique, il convient de réfléchir à la pertinence et à l'efficacité d'une telle dépense.
1/ Quelles preuves avons nous que la consommation de biens et services médicaux est responsable de l'augmentation de l'espérance de vie et des années de qualité de vie?
C'est la question fondamentale qui transforme un choix rationnel en un choix efficient. Car si d'autres facteurs, méthodes sont plus efficaces alors l'allocation de ressources est à reconsidérer, à réformer ou bien simplement à réduire.
2/ Quelle est le coût humain et financier des erreurs et des effets secondaires des traitements et du système de soins en général?
Le voile se lève peu à peu sur cette réalité c'est à dire que l'erreur est humaine et qu'en la reconnaissant on a plus de chance de l'éviter. Depuis "err is human" nous avons franchi un pas irréversible vers l'analyse sans complaisance de ce qui est la fourniture de services denat avoir la qualité la plus élevée. Jusqu'à un présent assez récent et depuis l'âge de la médecine héroïque l'action de soin était étrangère ou hostile à toute métrologie des résultats; ce n'est plus le cas mais nous sommes loin très loin de connaître la réalité des erreurs et complications, nous sommes très loin de mesurer la qualité des soins. Or un système ne peut être évalué que dans l'appréciation précise de ses succès et de ses échecs.
3/ Nous connaissons le coût global que nous payons pour le système de soins, mais comment se forment les prix dans ce système?
Il existe deux grandes situations, les prix et les tarifs. Les prix de certains biens et services sont des prix qui se forment dans des marchés nationaux à partir d'un bien ou d'un service conçu à un endroit de la planète et produit dans plusieurs sites, il en est ainsi des médicaments. Toutefois le tableau est contrasté par exemple l'atorvastatine 80 mg une statine dotée de bonnes caractéristiques coûte 1,34 Euro par comprimé à Paris et entre 1,66 et 4,81 $ le comprimé en Amérique du Nord ou en Australie ( http://www.pharmacychecker.com/Pricing.asp?DrugId=18926&DrugStrengthId=30856&sortby=CPP ). Pfizer le fabricant se soumet à un certain nombre de restrictions puisque dans certains pays le prix est fixé par le marché tandis que dans d'autres c'est un tarif fixé par l'état. A quelques variations près qui relèvent de stratégies assumées des firmes pour occuper les marchés, les prix à condition de faire intervenir les volumes sont assez proches dans un environnement économique donné par exemple l'Union Européenne, les USA ou bien l'Amérique latine. Pour le reste c'est très différent car le contexte de marché et la réglementation diffèrent. Mais un certain nombre de biens et services sont tarifés par l'état ou bien des assurances monopolistiques para-étatiques. Dans ce cas il n'y a plus d'élasticité, plus de jeu de l'offre et de la demande, il ne s'agit plus que d'un jeu de connivence avec l'état ou ses services.
Ainsi le marché ou bien l'état interviennent dans les prix, le premier fait fluctuer les prix en fonction de l'offre, de la demande et donc de la concurrence, le second fixe un tarif très éloigné du prix et organise ensuite soit la gestion de la pénurie soit celle de la dette.
La globalisation a cependant complètement transformé les rapports entre l'innovation et la demande finale par le patient ou le rpofessionnel. Il est important de considérer comment l'innovation agit sur les prix. Alors que partout ailleurs l'innovation agit pour diminuer les coûts il serait paradoxal et difficile à expliquer qu'il n'en soit pas ainsi dans le système de soins.C'est une question cruciale qui permet de comprendre pourquoi ceux qui admettent sans critique l'augmentation inéluctable des dépenses de soins se trompent sur les causes de cette augmentation récente dans les pays industrialisés.
Enfin s'agissant des prix et globalement du coût des soins il est très important de souligner que le consommateur est aidé par un tiers qui est le professionnel dans son choix consumériste et que dans de nombreux cas le conseiller choisit à sa place. Comment les structures organisationnelles agissent sur les coûts? d'une manière générale on peut avancer qu'elles le font avec d'abord l'objectif de pérenniser la structure. Ceci est un facteur important de frein à l'innovation organisationnelle et à la baisse des coûts. L'exemple le plus caractéristique est celui de la DMS et de l'ambulatoire mais il y en a beaucoup d'autres. C'est pourquoi sans une introduction massive des mécanismes de marché dans la partie du système de soins qui est étatisée il est non seulement illusoire de vouloir "contenir" les dépenses de soins mais ces dernières seront en partie mal employées à maintenir des situations de rentes et des institutions hostiles au changement dont l'efficience est faible. Il n'est pas inutile de souligner à ce propos et pour tous ceux pour qui l'Obamacare est (enfin) la sécu aux USA qu'en réalité c'est strictement le contraire. Le texte complexe et extrêmement ramifié dans des directions multiples n'en est pas moins un stimulus à la concurrence et un encouragement à l'économie de marché de l'assurance maladie. Alors que de ce côté de l'Atlantique nos obamaniaques français soutiennent un monopole qui nous fait sombrer dans la dette. La première preuve pratique est arrivée avec l'annonce par les assureurs de contrats plus abordables (crise oblige) mais qui restreindraient le nomadisme médical... L'innovation organisationnelle est aussi là, dans le réseau et dans le contenu médical apporté par ce réseau. Raymond Soubie qui a piloté l'expérience des réseaux en France n'a pu provoquer la transformation du système de soins car l'organisation verticale a tué l'innovation dans l'oeuf. L'introduction de mécanismes de marché et en particulier de la concurrence dans l'assurance maladie associée à l'autonomisation totale des institutions de soins (hôpitaux, centres de soins, centre de rééducation...) est une étape incontournable d'une formation normale des prix et de la naissance d'une dynamique de valorisation de la qualité dans le système de soins.
Conclusion.
Ces questions sont transitionnelles* car le système actuel est en train de changer de paradigme sous la poussée extraordinaire des connaissances biologiques rappelons le. Ce changement profond est une occasion inespérée pour accroître son efficience en dehors de ce qui relève du progrès scientifique lui-même. Par conservatisme et surtout par éviction de l'innovation organisationnelle le système actuel risque pérenniser des structures, des pratiques qui sont un lourd handicap pour allouer les moyens vers le progrès de la médecine.
Référence
http://www.commonwealthfund.org/Content/Publications/Fund-Reports/2010/Jun/Mirror-Mirror-Update.aspx
http://healthcare-economist.com/2010/07/02/midwifery/
* l'adjectif transitionnel est pris dans le sens relatif à une transition.

dimanche 20 juin 2010

Logique de moyens: la faillite

La France est un pays où la logique de moyens est un leit motiv, je ne peux pas faire ci par manque de moyens, je ne peux pas aller là par manque de moyens, les jeunes qui font du sport manquent de moyens, tout est bon pour invoquier la manne de l'état à défaut de celle que D.  distribua aux Israélites dans le désert. Heureusement cela ne marche pas comme cela et les preuves abondent...
Nouvelle Zélande 25 footballers pros: match nul contre l'Italie
France , la 3F et un staff repus de prébendes et d'argent, des joueurs croulant sous l'argent, des licenciés en nombre: 0-0 et 0-2 contre le Mexique.
Manque de moyens?
 
Paperblog