mercredi 11 juin 2025

Réforme du système de santé français : rétablir l'efficience médicale et financière

 Réforme du système de santé français : rétablir l'efficience médicale et financière


I. Contexte général

Le système de santé français n’est pas confronté à une crise de moyens mais à une dérive de l’allocation des ressources.

  • La France consacre déjà 12,3 % de son PIB à la santé, l’un des niveaux les plus élevés d’Europe.

  • Les dépenses hospitalières publiques absorbent plus de 50 % de la consommation de soins et biens médicaux (CSBM).

  • Les déterminants de la dépense ne sont plus d’abord liés à l’accès aux soins, mais à des dynamiques internes de sur-administration, sur-médicalisation et dispersion des priorités médicales.

Toute réforme crédible doit viser un double objectif :

  • Restaurer l’efficience médicale.

  • Assurer la soutenabilité financière à moyen et long terme.


II. Trois impensés critiques dans le diagnostic actuel

1️⃣ Blocage interne de la masse salariale hospitalière publique

  • 70 % à 75 % des dépenses de fonctionnement des hôpitaux publics sont absorbées par la masse salariale.

  • Les personnels soignants (infirmiers notamment) sont sous-rémunérés (21ᵉ rang OCDE), mais l’essentiel des marges salariales est accaparé par des fonctions administratives et médico-techniques.

  • Cette structure bloque toute revalorisation salariale significative sans réforme interne des effectifs supports.

2️⃣ Extension incontrôlée des prises en charge de maladies chroniques stabilisées

  • Le système rembourse indifféremment :

    • les états instables qui nécessitent des soins soutenus ;

    • et les états stabilisés qui pourraient relever d’une surveillance médicale allégée.

  • Cette absence de tri médical favorise une croissance mécanique et autonome des dépenses de soins chroniques.

  • Les coûts de nouvelles thérapeutiques chroniques s’ajoutent sans contrôle médico-économique systématique.

3️⃣ Sur-médicalisation inefficace des addictions et des conduites sociales à risque

  • Les expériences internationales (Portugal, Suisse, Islande) montrent qu’une stratégie combinant responsabilisation sociale, action judiciaire et dispositifs médico-sociaux ciblés permet :

    • de réduire massivement les décès par overdose (Portugal : de 80 à 6/million d’hab.),

    • de stabiliser les usages problématiques (Suisse : décès divisés par 5),

    • de faire chuter les usages précoces chez les jeunes (Islande : alcool 42 % → 5 % ; tabac 23 % → 3 %).

  • En France :

    • doublement des usages réguliers de cannabis chez les jeunes (10 % → 21 % en 20 ans),

    • augmentation des décès par overdose (5 → 13/million d’hab.),

    • maintien de plus de 6 000 points de deal actifs.

    • Des dépenses publiques considérables (20-25 Mds €/an) ne produisent aucun retournement épidémiologique significatif.


III. Principes de la réforme proposée

A. Rétablir la hiérarchie des priorités médicales

  • Reconcentrer le système sur les situations médicales réellement instables ou complexes.

  • Démédicaliser les suivis stabilisés des maladies chroniques.

  • Limiter la prévention médicale aux actes disposant d’un bénéfice sanitaire démontré.

B. Réallouer la masse salariale hospitalière

  • Audit et réduction progressive des effectifs administratifs et médico-techniques.

  • Réinvestissement des marges dégagées dans la revalorisation des soignants directs.

  • Organisation souple des carrières et temps de travail pour fidéliser les soignants.

C. Démédicaliser partiellement les politiques d’addictions

  • Sortir du tout-médical et tout-social : restaurer une politique équilibrée intégrant pleinement :

    • la sanction des réseaux criminels,

    • la responsabilisation des familles et des jeunes,

    • des dispositifs éducatifs et sociaux précoces.

D. Gouvernance et transparence

  • Séparer clairement les organismes de régulation qualité des gestionnaires hospitaliers pour lever les conflits d’intérêts actuels.

  • Rendre publiques les données brutes de qualité des soins (ex. infections nosocomiales réelles).

  • Restaurer un pilotage parlementaire du périmètre remboursable et des grands arbitrages médico-économiques.


IV. Objectif final

Ni restriction aveugle, ni démagogie dépensière : une réforme de santé politiquement stable repose sur :

  • un recentrage clinique strict,

  • une gouvernance responsable,

  • une transparence complète des résultats sanitaires réels.

 
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