mardi 23 décembre 2014

Mythes de l'exercice médical: florilège

http://mobile.lemonde.fr/sante/article/2014/12/22/greve-des-medecins-liberaux-ce-gouvernement-veut-vendre-notre-profession-a-la-decoupe_4544806_1651302.html

1/ Le tiers payant entraîne une augmentation du temps consacré à la bureaucratie.

Affirmer cela au moment ou jamais les nouvelles technologies n'ont été aussi puissantes et aussi annonciatrices de la disparition voire de la quasi-disparition des coûts intermédiaires peut en imposer pour une méconnaissance complète de l'économie.  Il y a cependant une autre explication. Le système de soins français étatisé, monopolistique et bureaucratisé au maximum à démontré dans le passé qu'il était incapable de se saisir des nouvelles technologies. L'aventure de la carte vitale qui n'a rien de vital puisqu'elle ne contient aucune information vitale voire médicale, la mésaventure du dossier médical informatisé que l'on a bien sur voulu baptiser différemment mais qui ne fonctionne toujours pas après plusieurs centaines de millions d'euros dépensés (on parle de 2 milliards), sont des exemples flagrants de cette incapacité de la bureaucratie de la sécurité sociale a évoluer se réformer et diminuer les coûts. Donc bien évidemment les médecins n'ayant aucun autre payeur qu'un système de sécurité sociale monopolistique et un système de mutuelles toute conniventes ne croient pas une seconde qu'ils pourront améliorer leur productivité et être confiant dans le paiement rapide sans rappel si le tiers payant est généralisé. mais en réalité il y a un moyen beaucoup plus efficace que la grève pour cela. Ne pas signer la convention. Les seuls perdants seront les appareils syndicaux qui vivent de la manne des sommes consacrées par Big Brother à la vie conventionnelle.

2/ Tous les intervenants des débats sur le système de soins finissent par parler de concurrence. En revanche aucun ne parle du monopole de l'assurance-maladie en France.

C'est ce que l'on appelle un tabou convenu et connivent. Dès que l'on met en cause ce monopole comme une des raisons principales de nos difficultés à nous adapter, à améliorer les soins et à diminuer les coûts, on est banni des tribunes et des médias. C'est un immense déficit cognitif. 

3/ Les assurances complémentaires, en langage commun les mutuelles représentent un secteur extrêmement inefficient

Vu les primes payées à la sécurité sociale on se passerait bien du choix d'une mutuelle, mais voilà la sécurité sociale a le monopole mais en plus elle impose à tous un contrat dans lequel des soins essentiels ne sont pas compris mais aussi où des soins qui n'en sont pas sont remboursés. Le petit monde des mutuelles est très connivent, tout le monde s'entend sur les tarifs pour ne jamais faire faillite et faire de substantiels profits qu'on pourra réinjecter dans des aventures commerciales autour de cliniques rachetées à bas prix ou bien en embauchant un personnel administratif pléthorique et donc des couts de gestion très élevés. Les mutuelles peuvent perdre de l'argent dans des sociétés commerciales puisqu'elles en gagnent beaucoup sur leur business principal et qu'il faut bien l'écouler! Toutes les mutuelles ne se valent pas et certaines (rares) sont très bien gérées mais d'une manière générale passer derrière la dépensière sécu ne laisse pas beaucoup de marge de manoeuvre pour améliorer les soins. De surcroît notre gouvernement socialiste a bien sur voulu imposer aux entreprises de choisir une mutuelle c'est-à-dire que les salariés qui avait une meilleure protection seront obligés de recourir à la mutuelle que l'entreprise a choisie. On a les moyens en France mais pas quand même de se payer deux mutuelles.

4/ Nous sommes en croissance faible (euphémisme) et avec beaucoup de dette donc les dépenses de soins ne peuvent pas augmenter plus que le PIB

Les économistes qui profèrent de telle assertions ne seraient donc pas capables de gérer une entreprise ou des choix de gestion conduisent à augmenter certains investissements certaines dépenses et à en réduire beaucoup d'autres alors que le CA est stable... Ce type de dogme est un pur mensonge étatique car bien évidemment il suppose que les énarques et les politiques savent mieux que moi ou je dois dépenser mon argent pour mes soins et ma santé. Or c'est faux.

5/ Ce qui est gratuit n'a pas de valeur

Ainsi l'échange d'argent ou de monnaie fiduciaire serait un garant de la valorisation de l'acte? La consultation les soins ne sont pas gratuits... Ils sont prépayés pour tous par les charges sociales... Et c'est à ce sujet que les médecins devraient s'interroger. Ce n'est pas l'échange de billets qui fait la valorisation c'est d'abord le choix de venir consulter et de consulter un tel ou un autre. Ensuite c'est le résultat, ressenti ou objectif.


6/ La délégation d'actes

Il ne s'agit pas de vendre la médecine à la découpe mais de travailler en équipe et d'allouer les moyens appropriés. Il a été prouvé hors de tout doute que certains diagnostics et traitements étaient aussi bien conduits par des professionnels non médecins. Le reste est une pure rhétorique protectionniste.

7/ La généralisation du tiers payant est la porte ouverte à une inflation de consultations sans raison

Oui bien sur et c'est déjà le cas pour les tiers payants existants ou les personnes remboursées à 100% et les MG n'ont rien dit car asphyxié par un tarif ridicule (23 euro) ils sont obligés de faire du volume pour payer les "charges"...

8/ C'est la fin de la liberté d'installation

C'est exact pour ceux qui signent la convention. Pas pour les autres. on ne peut pas tout avoir, la convention, la liberté d'installation et des tarifs proches des prix de marché. Et dans les années passées ceci n'a été jamais le cas et on s'en est approché uniquement avec de la dette.

9/ A ce prix-là, on ne va pas passer trente minutes pour résoudre un problème complexe

Je le comprends ce serait irrationnel. Mais qu'avez vous demandé dans les négociations? Ou plutôt qu'ont demandé les syndicats?
Rien de tout cela. La France est un des derniers pays de l'UE ou la consultation est égalitaire, c'est à dire qu'un patient venant pour la première fois ou ayant un nouveau problème complexe ne vous sera pas mieux rémunéré qu'un solide gaillard de 20 ans venant pour son certif de sport... Tous les patients sont identiques et posent des problèmes identiques, Vous ne le savez pas?  La sécu elle ne veut voir qu'une tête c'est idéologique.

10/ Règlement par le deuxième tiers payant

Là les médecins non salariés ont un point. En effet chez tous les patients qui ne sont pas à 100% où bien à la CMU, la sécu ne rembourse pas les 23 euro, il y a un reste à payer...
Médecin consultéExemple
de tarif
Montant rembourséSomme
à votre charge
Généraliste23 euros15,10 euros7,90 euros
Spécialiste25 euros16,50 euros8,50 euros
Psychiatre, neuropsychiatre, neurologue39,70 euros26,79 euros12,91 euros
Source Ameli.fr - tarifs valables au 1er mai 2014
A ce propos calculez vos prélèvements assurance maladie sur votre salaire pour comprendre que la sécu peut rembourser les consultations à 100%.

Donc la troisième colonne si le tiers payant est généralisé sera à recouvrer pour 80% des patients auprès des 300-400 assurances complémentaires. Qui ont bien sur des protocoles assez différents, des heures de contact téléphonique variables des demandes aussi extravagantes qu'exotiques... Bref il est évident que si on externalise vers le médecin non salarié la tâche du recouvrement du reste à charge il y a un cout.
Voilà mais les syndicats l'ont ils chiffré et ont ils décidé de ne pratiquer le tiers payant que quand les moyens seront affectés? Non ils font une grève Courchevel en restant à la maison sans avoir de plan précis. 
NB à titre tout à fait préliminaire on peut estimer le cout du recouvrement à 
R = Fixe + 15% Honoraires
Fixe = temps moyen de traitement d'une demande électronique par une secrétaire médicale soit 1/5 d'heure soit (1658 + (1658x 82%))/140x5 = 4,31euro
15% de 6,9 euro = 1,04 euro
Soit 4,31 + 1,04 = 5,35 euro
Donc soit la consultation augmente en conséquence soit il vaut mieux abandonner la créance!
On comprend aussi que les malheureux 2 euro que demandent les syndicats ne seront qu'un moindre manque à gagner de ce marché de dupes. La paupérisation est en marche.

11/ La sécu est bien gérée et grâce au monopole cette gestion ne nous coute pas cher.

"En 2012, les frais de gestion administrative atteignaient 14 366 millions d’euros soit 5,91% de la dépense courante de santé (243 milliards d’euros). Leur croissance par rapport à 2010 était de 765 millions. Si les dépenses de gestion étaient en France égales à la moyenne de celles des pays de l’OCDE, une économie de 7 milliards d’euros serait possible. L’assurance-maladie ne serait plus déficitaire." Claude Béraud

C'est donc faux. Si le monopole est lévé la sécu se réformera et améliorera sa gestion.

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