dimanche 30 mai 2010

Euro: la note du mariage c'est maintenant et pour les années à venir

Même si pour d'autres raisons l'Euro a été un moment historique inflationniste au moins en France, reconnaissons que nous avons créé cette monnaie sans payer. Une simple conversion. C'est en tous cas la version officielle. Bien sur le taux de change a été optimisé ce qui a créé de l'argent non gagné dans de nombreux pays. Première cause d'inflation. Mais le plus important  ce sont les engagements pris par la France du fait du mariage. En effet nous entrions de ce fait dans un espace monétaire sécurisé et avec des garanties implicites nous allons voir pourquoi.
Tout d'abord au contraire de ce qui a été signé (Maastricht) nous n'avons pas fait la convergence budgétaire promise. Nos déficits se sont accumulés et la dette a enflé. Pour d'autres pays aussi comme la Grèce.
Oui mais voilà le mariage a été conclu. Les plus dépensiers se sont dits que l'Allemagne paierait. Elle a commencé à le faire. Jusqu'où? C'est son opinion publique qui le dira et il est un peu tôt pour faire des pronostics. En revanche ce qui est certain  c'est que nous allons aussi payer pour nos chers européens du Sud. Et beaucoup, d'abord nous allons payer pour la Grèce; ensuite ce sera les autres PIGS. Ce que nous allons débourser NE SERA PAS DISPONIBLE POUR INVESTIR, c'est le fameux crowding out effect qui est basé sur le fait indiscutable que la création de richesse est limitée! Comme dans un ménage ce que l'on dépense en téléphone portable n'est plus disponible pour d'autres achats. Ainsi notre croissance va ralentir et ce alors même qu'elle est anémique. Le risque est l'insoutenabilité de la dette dans ces conditions et la contagion des PIGS à des économies de taille plus grande comme l'Italie et la France. C'est à dire la fin de l'Euro. Nous sommes très près d'une catastrophe majeure et ce uniquement parce que l'état français a dépensé pendant 35 ans plus qu'il n'avait de ressources alors même que notre pays est surfiscalisé. Bravo aux artistes de la dette, aux politiciens et aux législateurs qui ont voté toujours à la majorité 35 budgets annuels en déficit. Il est sur que cela restera comme un record. Les mêmes dépensiers nous disent maintenant que ce n'est pas le moment de réduire les dépenses publiques car il faut relancer l'économie... J'ai déjà entendu ce discours quand J Chirac est arrivé au pouvoir en 1995! La croissance devait effacer les déficits, et il n'en a rien été. En réalité la croissance n'est pas le résultat d'une action étatique, c'est le contraire. Plus l'état dépense et plus faible est la croissance économique. Keynes n'avait d'ailleurs prôné la relance par la dépense publique que dans les phases de crise et en dépensant ce que l'on avait accumulé en période de développement. Par ailleurs et il s'agit d'un point essentiel la dépense publique était à son époque de 20 ou 25 points de PIB en dessous de la contemporaine.
Au final les traités et notamment Maastricht n'ont pas été respectés; les pays très endettés ont très cyniquement fait jouer une clause de soutient abusif en disant: vous nous avez laissé entrer dans l'euro, vous n'avez rien fait depuis, maintenant il faut payer nos dettes ou bien tout explose, l'euro mais aussi vos banques, vos économies. Et cela a marché! mais la suite sera très douloureuse.
Il existe grosso modo trois issues.
1/ un long tunnel de faible croissance et/ou de déflation qui permettra peut être une robuste harmonisation fiscale et légale en Europe, c'est la voie choisie pour l'instant mais le délai peu s'avérer très long, une ou deux décennies, de quoi laisser à la Cour constitutionnelle allemande le temps de retoquer la décision du Bundestag!
2/ un passage rapide par exemple par référendum européen à une Europe fédérale, une monnaie, la même imposition les mêmes lois de base (en particulier le droit du travail, les assurances sociales) dans toute l'Union. Ce projet demande une anticipation politique et une vision que je ne vois personne capable d'assumer. Je doute d'ailleurs de la volonté des peuples eux mêmes manipulés par les nationalismes de droite commed e gauche.
3/ la remise en cause de l'Euro qui ne persisterait que pour l'Europe du nord (Allemagne,Hollande, Finlande, Autriche) tandis qu'ailleurs réapparaîtraient les monnaies nationales avec une dévaluation substantielle à la clef. Cette dernière éventualité ne peut être qu'un choix d'urgence devant une situation incontrôlée. Avec l'achat par la BCE de créances pourries qui ne seront jamais remboursées nous avons fait un pas en avant vers l'abîme. Le plan des gouvernements  n'est pas plus rassurant car il s'agit de pays en train de couler qui décident d'accueillir de nouveaux passagers... Dans cette éventualité la France à mon avis ne serait pas dans l'Euro car la rupture avec l'Allemagne est consommée. Ce n'est pas le fait de Nicolas Sarkozy mais plutôt le résultat une politique budgétaire laxiste constante et d'un refus de toute sanction pour faire respecter Maastricht ce qui date du sommet de Dublin et de J Chirac.
Une chose est certaine nous allons payer, par une baisse de niveau de vie des salaires et des pensions, l'inflation, la chute des actifs ou bien tout cela.

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