mercredi 29 octobre 2008

Lettre au Président Barroso, Commission Européenne

Monsieur le Président, L'Europe est notre espace économique, politique, culturel même si nous sommes encore englués dans l'idée de nation. J'apprécie beaucoup votre action et vos déclarations sont en ligne avec les engagements fondamentaux qui nous unissent. C'est pourquoi à l'occasion de cette crise je souhaite vous faire part de mon point de vue. Il y a vous le savez des gouvernements en Europe qui n'arrivent pas à tenir leur budget. Ils mettent en péril leur nation mais aussi l'Euro. En conséquence il faut être prudent dans les initiatives qui sont annoncées en ce moment car l'aléa moral est toujours présent quand on s'exonère des règles prudentielles ou contractuelles (je veux parler de Maastricht). Soyons clairs ce qui menace l'économie en Europe est la convergence de la crise actuelle des banques avec des facteurs structuraux qui sont propres à chaque pays. Par exemple nous payons en France 50 milliards d'euro d'intérêt de la dette publique. Convenons que c'est une somme considérable et que si cette dette avait été apurée ou réduite de moitié la relance se ferait directement et au moins partiellement par le cash laissé dans la poche des français. La France est un exemple parmi d'autres de ces situations où le remède proposé (id est une relance keynésienne classique dans un contexte de déficit budgétaire structurel chronique) risque être plus dangereux à moyen terme que le mal. En effet l'aléa moral n'est pas un comportement réservé aux banques. Les politiciens soucieux de se faire réélire auront à coeur de creuser les déficits en se prévalant de la bénédiction de la Commission. Ils savent qu'ils creusent un trou délétère mais choisissent de le faire remplir par d'autres. C'est pourquoi à mon avis la Commission doit être extrêmement vigilante car l'euro est jeune et ne résisterait pas à une crise de confiance. Par ailleurs nous savons tous que creuser les déficits en transformant nos pays en champions de la décroissance est suicidaire. Cette crise violente profonde est une occasion unique pour redresser nos économies, pas pour les affaiblir. Je souhaite que votre action se poursuive dans ce sens. Veuillez croire, Mr le Président, à l'assurance de ma très haute considération.

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