vendredi 24 novembre 2023

Les martyrs de Cordoue

 "Ironiquement, en même temps que Charles le Chauve tisse des relations diplomatiques avec l’Emir Omeyyade de Cordoue, Muhammad I (852-886), l’on accueille à Paris les reliques de trois des martyrs de Cordoue que deux moines de Saint-Germain ont rapportées de Cordoue. Des corps de martyrs, ennemis proclamés de l’islam, arrivent à Paris avec la Passion écrite par leur plus fervent apologue. Quel est l’impact de cet événement ? Voici l’occasion pour les moines parisiens de connaitre ce nouvel adversaire musulman, de répondre à leur guise à l’Islam. On pourrait penser, avec Jean Flori, que « ce bref et dramatique épisode eut un profond retentissement dans l’Occident chrétien2 ». Ou, comme dit J. Nelson, que « the interest of a Frankish king and would-be emperor, as well as the enterprise of a Frankish monk, ensured that the Cordoban martyrs found their place in the permanent liturgical memory of Latin Christendom. Those martyrs’ fates probably helped to establish prejudices of lasting significance to foreshadow the ending of attitudes that favored convivencia in Spain: and to shape the new and distinctly bloody-minded vengefulness of the Christian West thereafter3 ».

3Mais si nous regardons de près les textes, tels que les manuscrits de Saint-Germain les ont préservés, nous verrons que le retentissement fut fort limité. À Saint-Germain on ne s’intéressait guère à la polémique antimusulmane d’Euloge : les moines n’avaient quasiment rien à dire sur cette nouvelle menace musulmane. Ce qui les intéressait, c’était surtout d’avoir trouvé des martyrs qui pourraient accroître le prestige de leur sanctuaire : le fait que ces martyrs soient de millésime récent, le fait qu’ils soient morts sous ‘Abd al-Rahman II (et non pas sous Dioclétien) ne les intéressait point."



https://books.openedition.org/pur/136428?lang=fr 

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