vendredi 31 mars 2023

Une telle litanie de contrevérités sur le système de soins explique pourquoi l'anti-macronisme est une impasse et empêche l'adaptation du pays

 

Le nombre de soi-disants experts qui se font passer pour des "je sais tout" sur le système de soins est élevé. Ces opinions n'ont rien à voir avec la réalité et ils vont prolonger les dysfonctionnements. 






Ce n’est plus une surprise pour personne : chaque année un peu plus, le système de santé français continue de se fragiliser.

"Systèmede santé? Non le système de soins. Se fragiliser? Non le système s'effondre."


Manque de professionnels de santé, inégalités d’accès aux soins, conditions de travail difficiles… la liste est longue et ne se raccourcit pas. Malgré le projet pluriannuel « Ma Santé 2022 » annoncé par Emmanuel Macron au début de son premier quinquennat en septembre 2018, force est de constater que presque 5 ans plus tard, la médecine de ville n’est toujours pas mieux organisée, les pratiques de modernisation n’ont pas eu les effets escomptés, les français demeurent inégaux dans l’accès aux soins et l’Hôpital s’enfonce dans une phase de résilience… sans fin.

"L'hôpital est public ou privé. Celui qui concentre les dysfonctionnements c'est l'hôpital public. Affirmer que cette adminsitration s'enfonce dans phase de résilience est doublement faux. d'abord parce que l'hôpital public s'est effondré bien avant l'arrivée d'E. macron ou la Covid-19. Ensuite parce que l'effondrement est en cours et que nulle résilience n'est observable factuellement."


Le 30/06/2021, Marguerite Cazeneuve – directrice déléguée à la gestion et à l’organisation des soins à la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CNAM) – a expliqué lors d’un colloque qu’au 30 juin 2021, « 11% des patients de 17 ans et plus n’avaient pas de médecin traitant » : en tout, « 5.959.000 patients ».

À titre de comparaison, ce pourcentage était de 9,6 points en 2017 : la situation empire donc. Aussi, ce chiffre monte à environ 20 % de personnes sans médecin traitant pour les 17-30 ans.


Par ailleurs, d’après Nicolas Revel, Directeur de la CNAM, « plus de la moitié de nos concitoyens sans médecin traitant sont en recherche réelle d’un praticien attitré, faute souvent d’avoir pu en retrouver un au moment du départ à la retraite de leur généraliste ».


De surcroît, dans un rapport du sénat du 29 mars 2022, nous apprenons que 30,2% de la population française vit dans un désert médical (dont 62,4% en Île-de-France) soulignant de facto la nécessité de rétablir rapidement l’équité territoriale en matière d’accès aux soins.
"Il est démagogique de faire croire qu'il serait possible de mettre sur le marché de l'offre assez de médecins pour que chaque Français puisse choisr un médecin référent. Ce qui est possible c'est que les 600 000 Français qui sont affectés d'une maladie chronique au moins (Affection de Longue Durée) puissent avoir un accès médical prioritaire en raison de leur état."



Parallèlement, il est intéressant de constater que depuis 2009, la Consommation de Soins et de Biens Médicaux (CSBM) progresse à un rythme d’environ 3 % par an (+0,4 % en 2020, en raison principalement de l’arrêt de l’activité de soins hors-Covid tant en ville qu’à l’Hôpital).

" La CSBM est un agrégat de consommation déformant. il y a les cures thermales, les biens remboursés en espèces,  les lunettes, les médicaments sans efficacité reconnue, les médecines alternatives, bref cela ne veut pas dire grand chose. Ce qui est important c'est de connaître la demande et les dépenses pour les maladies. Car c'est sur ce coeur de cible que doivent se concentrer les remboursements"


Ces statistiques sont inquiétantes car elles témoignent de l’érosion progressive du système, avec des repères en perdition – le médecin traitant, si cher aux yeux des français, et si décisif pour un parcours de soins efficace et pertinent – 

"il n'est plus pertinent de considérer que le modèle du médecin à l'ancienne qui a disparu depuis au moins deux décennies est l'alpha et l'oméga de la MG. Il faut aujourd'hui laisser s'épanouir les jeunes médecins généralistes dans des exercices hybrides où les nouvelles technologies un rôle essentiel et les moyens de construire un nouveau modèle sont investis".

et une CSBM dans le même temps en augmentation constante, phénomène dont la corrélation avec le premier point nécessite d’être interrogée, dans un contexte d’accès aux soins difficile et une tendance parallèle de renoncement volontaire aux soins par les français, compte tenu du coût de la vie. 

"Ceci est factuellement faux. le reste à charge en France est le PLUS FAIBLE de l'OCDE".


D’après l’enquête Statistiques sur les ressources et conditions de vie (SRCV) de l’Insee, ils étaient déjà 1,6 millions au début du quinquennat Macron en 2017. Par ailleurs, dans un sondage de 2019 réalisé par l’Institut Opinionway pour le journal Les Échos et Harmonie Mutuelle, 59% des personnes interrogées affirmaient avoir renoncé à des soins médicaux au cours des douze mois précédant l’enquête, dont 29% pour des raisons financières.

"Ces sondages démontrent l'incroyable mascarade de ce que nous appelons soins en France. Dans ces sondages tous les soins sont mélangés des soins vitaux aux soins de convenance, et depuis des années les soins de convenance qui représentent une demande infinie est en train d'empêcher de concentrer les ressources humaines en terme de places de consultation aux malades"

Assurément, sans médecin traitant, synonyme de référent dans le parcours de soins, le patient se retrouve de plus en plus livré à lui-même : qui aller voir ? Pourquoi ? Où ? Quand ? Comment ? Ce manque de point central ne vient que mettre en exergue les diverses problématiques déjà sus-citées, mais aussi et surtout entraîner la nouvelle déviance du système : l’uberisation du système de santé. En effet, depuis ces derniers mois, les pratiques – devenues réflexes – ne sont plus les mêmes. À ce jour, les patients sont progressivement plongés dans une solitude qui les fragilise pour trouver preneur à leur demande, et sont par conséquent contraints d’utiliser les nouveaux outils du système. Pour ne pas la citer, l’application Doctolib. Si cette solution détient plusieurs avantages non négligeables, elle ne peut, à elle seule, compenser la carence de médecins traitants partout sur notre territoire, et peut même à cet effet accentuer la 2ème problématique citée en préambule, à savoir la hausse de Consommation de Soins et de Bien Médicaux, par répétition de consultations médicales et paramédicales pas toujours opportunes. "les données avant et après les plateformes de consultation démontrent que l'accès aux créneaux de consultation a été amélioré de même que la facilité d'utilisation, une secrétaire part à 17h alors qu'une plateforme est ouverte 24/24. En réalité compte tenu de la construction rhétorique de ce texte je considère que vous mentez par omission: ce qui pose problème ce sont les consultations réservées et non honorées (les lapins). Alors que nous parlons de plusieurs millions d'heures perdues (27 millions de lapins). Les législateurs en refusant de laisser la liberté aux médecins qui le désirent d'exiger un prépaiement pour réserver le RDV sont directement responsables de cette gabegie."

Voici donc la principale modernisation du système de santé sous le 1er quinquennat Macron : le patient sans médecin traitant, livré à lui-même face à Doctolib, à la recherche du bon praticien, disponible, accessible, dans la mesure du possible pas trop cher, au risque de devoir renoncer. En cas de parcours peu concluant (et s’il en a les moyens) le patient s’essaye à d’autres rendez-vous, avec d’autres praticiens, et ainsi de suite… sans toujours atterrir sur un résultat concluant. Dans ce contexte de solitude, le parcours patient devient presque de la consommation de prestations individuelles, une forme de marché ouvert n’ayant rien à envier aux prestations de service conventionnelles. Que reste-t-il du rôle de l’Etat dans cette mission hautement régalienne qu’est la santé, laissant offreurs et demandeurs œuvrer de manière isolée, sans perspective de régulation ?

" ces affirmations sont fausses, toutes. L'État contrôle TOUT le système de soins, monopole assurantiel, interdiction d'un exercice médical en dehors de ce système et préfets sanitaires omnipotents (ARS). Votre Ubérisation est un fantasme idéologique.
La vérité c'est que nous dépensons beaucoup pour les soins et en tous cas dans les tous premiers dans l'OCDE. La vérité infalsifiable c'est le système de soins étouffe des oukases de l'état."


Par ailleurs, nous pouvons observer le même phénomène pour le personnel soignant. En se plaçant dans la peau des établissements de santé, ces derniers ont de plus en plus de mal à recruter et stabiliser leurs équipes. S’il est indéniable de reconnaître là aussi un manque de personnel en quantité suffisante sur le marché, l’uberisation tend bel et bien à devenir la nouvelle norme de recrutement. Des applications, comme Hublo, jouent l’interface entre employeurs et soignants. Le concept ? D’un côté la recherche par publication d’une durée de travail journalière, de l’autre, des profils soignants candidatant à l’annonce. Un concept rapprochant de facto les soignants plus à des profils d’auto entrepreneurs de la santé que de professionnels impliqués et rassemblés quotidiennement au sein d’une même équipe. D’un point de vue stricto sensu, l’application Hublo et Uber fonctionnent de la même manière, si ce n’est la note du soignant, dont on ne serait pas surpris de voir apparaître à l’avenir. Enfin, l’intérim, encadré sans aucun quota par l’Etat, a également encouragé une logique mercenaire dans le secteur de la santé, secteur rappelons-le régalien, peu à peu transformé par une logique néolibérale dérégulatrice.

"enfin nous voilà dans le sujet idéologique. Comparaison n'est pas raison. Hublo ressemble... Cela n'a aucun sens. Vous ignorez les causes du "quite quitting" des soignnats car vous n'avez jamais travaillé dans un hôpital public. Les soignants du public sont dans un enfer soviétique: une administration à la Française. Ils restent s'ils ne peuevnt faire autrement ou bien ils se "barrent" ailleurs."

Face à l’incapacité de solutionner le manque de professionnels de santé et leur répartition sur le territoire (déserts médicaux) et l’échec dans l’équilibrage d’un système en tension, des solutions digitales ont tenté d’être apportées, mais sont venues en réalité dénaturer le lien entre offreurs et demandeurs de soins.
Résultats : plus de consommation de soins, moins d’efficience, qualité bafouée… quid des ALD (Affection Longue Durée) dans ce virage glissant d’émancipation forcée ?

Bien entendu, cette digitalisation ne présente pas que des inconvénients, loin s’en faut, où la prise de rendez-vous en ligne peut notamment avoir du sens pour les consultations spécialisées. Mais à travers ce virage numérique, pourquoi ne pas avoir plutôt mis l’accent sur la télémédecine, en équipant les cabinets, les mairies et les pharmacies afin de favoriser le lien Ville – Hôpital visant à lutter activement contre les déserts médicaux et l’accès aux soins, ou bien remanier les effectifs d’étudiants en médecine, en réfléchissant sous quelles modalités incitatives des solutions pouvaient être apportées pour lutter contre ces déserts médicaux, où les médecins manquent cruellement ?

"Lutter contre l'imprimerie était le souhait des plus conservateurs avant les Lumières. C'est identique avec la numérisation. 1/ Ce qui retarde le développement de la télémédecine c'est la sécu. Si vous remboursez moins les téléconsultations l'incitation est négative. 2/ "remanier les effectifs d'étudiant en médecine" quel est le sens de ce charabia? Nous ne sommes pas en URSS."



Enfin, Emmanuel Macron a également abandonné l’hôpital public dans l’attractivité des parcours de carrière, ne poussant par conséquent pas les soignants à s’inscrire dans des projets institutionnels, comme la formation interne, levier à l’équilibre et la progression d’un système, ces derniers privilégiant par conséquent une gestion solitaire de leur parcours de carrière.

"gestion solitaire de leur parcours de carrière", vous ne voyez chez ces professionnels qui ont fait Bac+10 (pour ceux qui ont des diplômes européens) qu'un collectif. C'est très désobligeant. Oui ils gèrent leur parcours individuel de carrière et ils ont parfaitement raison. Vous ne connaissez pas la problématique des médecins des Hôpitaux et vous devriez l'étudier avant d'affirmer."



Il est inutile de préciser d'avantage que nous avons besoin d'un débat factuel et non des opinions idéologisées des personnes qui s'expriment depuis leur bureau.


https://droitededemain.fr/tribune-comment-emmanuel-macron-a-t-il-uberise-le-systeme-de-sante-francais/


 

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