mardi 28 décembre 2021

L'autre histoire de l'assassinat de l'Amiral Darlan

"24 décembre 1942 : l’assassinat de l’amiral Darlan ou comment fut changé le cours de l’Histoire
Winston Churchill déclara à propos de sa mort : « Qu’il repose en paix, et soyons tous reconnaissants de n’avoir pas subi les épreuves qui le brisèrent ».
C’est au Palais d’été à Alger que l’attentat se produisit. L’amiral fut assassiné de deux balles dans le dos par un certain Fernand Bonnier de la Chapelle. Contrairement au plan initial, ce dernier n’avait pu s’enfuir, retenu par l’officier d’ordonnance de l’amiral, le capitaine de frégate Hourcade.
Lors de son interrogatoire, Bonnier fit la déclaration suivante : « J’affirme avoir tué l’amiral Darlan après en avoir référé à l’abbé Cordier sous la forme d’une confession. C’est M. Cordier qui m’a remis les plans des bureaux du cabinet de l’amiral, et c’est par lui que j’ai pu me procurer le pistolet et les cartouches qui m’ont servi à exécuter la mission qui m’était assignée. Lorsque je me suis engagé dans les corps francs, j’ai recruté de ma propre initiative, parmi les gradés et les hommes de troupe, des hommes de main dont M. d’Astier aurait pu avoir besoin. Je sais que messieurs Cordier et d’Astier ont rencontré récemment le comte de Paris… »
Malheureusement, les commissaires Garidacci et Esquerré n’ont pas cru opportun de dévoiler ceci dans l’immédiat au vu du caractère explosif des informations. On lui fit donc signé une deuxième déposition dans laquelle Bonnier déclara simplement « j’ai agi seul ».
Bonnier fut exécuté le 26 décembre au terme d’un procès pour le moins expéditif.
Le complot gaulliste
L’assassinat de l’amiral n’était pas le fait d’un tireur isolé contrairement à ce que l’on a pu dire lors du procès. On sait aujourd’hui qu’il résulte d’un complot échafaudé par ce que l’on appela le « Groupe des Cinq » comprenant plusieurs anciens cagoulards et monarchistes, Jean Rigault, Henri d’Astier de la Vigerie, Jacques Lemaigre-Dubreuil, Jacques Tarbé de Saint-Hardouin et le général Van Hecke.
La crainte de ce comité était de voir l’amiral Darlan représenter auprès des alliés une alternative au général De Gaulle. Pour couronner le tout, l’amiral, dauphin du Maréchal Pétain, risquait de replacer la France de Vichy dans le camp allié ce qui aurait considérablement marginalisé le général à Londres…
Rappelons le contexte : le 8 novembre, les troupes anglo-américaines venaient de débarquer au Maroc et en Algérie, accessoirement sans en avoir averti le chef de la « France Libre », ce qui fera dire à de Gaulle « Ah, les salauds ! j’espère que les gens de Vichy vont les foutre à la mer ». En visite à Alger pour se rendre au chevet de son fils malade, l’amiral Darlan, en apprenant l’événement, ordonna la cessation des combats que venait d’entamer l’armée française pour repousser le débarquement.
A Vichy, le Maréchal Pétain fut contraint de désavouer publiquement Darlan dans le but d’éviter l’invasion de la zone sud en donnant le change aux occupants Allemands. Cependant, l’amiral Auphan, secrétaire d’Etat à la marine de Vichy, était détenteur d’un code secret qui n’avait pas été livré aux Allemands lors de l’armistice. Ce code allait permettre à Vichy de « doubler » chaque message qui désavouait Darlan d’un message codé annulant le premier et renouvelant la confiance du Maréchal à l’amiral. Le premier message, envoyé le 10 disait ceci : « Ne tenez pas compte des messages officiels envoyés sous la contrainte. Vous avez tous pouvoir ».
Ces précautions n’empêchèrent pas les Allemands d’envahir la zone libre dès le lendemain. Cependant, un acte constitutionnel du 10 février 1941 prévoyait qu’en cas d’empêchement, les pouvoirs conférés au Maréchal Pétain étaient confiés à l’amiral Darlan.
C’est donc fort logiquement que l’amiral assuma tous les pouvoirs au nom du Maréchal Pétain et négocia le retour de la France dans la guerre aux côtés des Américains.
Le 20 novembre, Darlan proclama : « Notre devoir reste le même : libérer la métropole, et, j’ajouterai, libérer le Maréchal, incarnation vivante de la France impériale ».
Déjà le 14 novembre le général Eisenhower écrivait : « En Afrique du Nord, le nom du maréchal Pétain représente quelque chose de surnaturel Du plus haut au plus bas, chacun cherche à créer l’impression que l’ombre du maréchal domine toutes ses actions et même sa vie. Les chefs militaires et navals comme les gouverneurs civils admettent qu’un seul homme a le droit de représenter Pétain, et cet homme c’est Darlan. Même le général Giraud reconnait clairement cette considération suprême et il a modifié en conséquence ses propres ambitions et intentions ».
Cette nouvelle situation inquiéta fort logiquement de Gaulle, surtout après s’être entendu dire par Churchill « Après tout, êtes-vous la France ? Il pourrait y avoir d’autres parties de la France qui pourraient être appelées, à la suite des événements, à prendre une place plus importante qu’aujourd’hui ».
Avec la complicité du comte de Paris
Les hommes appartenant au Groupe des Cinq ainsi que l’abbé Cordier n’étaient pas nécessairement gaullistes, monarchistes pour beaucoup d’entre eux serait plus juste. Darlan, s’il succédait à Pétain représenterait ainsi une entrave à la possibilité d’une restauration sous l’égide du comte de Paris de la monarchie en France. Encore fallait-il que ce dernier accepte de se prêter au jeu. C’est pourquoi le général Van Hecke envoya l’abbé Cordier sortir le comte de Paris de son exil marocain pour le conduire à Alger. Le prince ne se fit pas prier.
La ville blanche reçut au même moment la visite du propre frère d’Henri d’Astier, François, émissaire du général De Gaulle. C’est lors de ces rencontres entre le prétendant au trône, l’agent de liaison du général et le Groupe des Cinq que fut prise la terrible décision d’éliminer l’amiral Darlan.
Henri d’Astier déclara des années plus tard : « De Gaulle s’est servi de l’un pour abattre l’autre ». Le comte de Paris faisant éliminer Darlan mais trop visible dans l’action se neutralisant du même coup.
A Londres, le jour même, De Gaulle rédigea un télégramme à l’attention du général Giraud : « L’attentat d’Alger est un indice et un avertissement. Un indice de l’exaspération dans laquelle la tragédie française a jeté l’esprit et l’âme des Français. Un avertissement quant aux conséquences de toute nature qu’entraine nécessairement l’absence d’une autorité nationale au milieu de la plus grande crise de notre Histoire. Il est, plus que jamais nécessaire que cette autorité s’établisse. Je vous propose mon général, de me rencontrer au plus tôt afin d’étudier les moyens qui permettraient de grouper, sous un pouvoir central provisoire, toutes les forces françaises. »
En 1945, la chambre de révision de la cour d’appel d’Alger annulait le jugement de la cour martiale condamnant Bonnier de La Chapelle : « Il apparaît certain que l’acte ayant entraîné la condamnation de Bonnier de La Chapelle a bien été accompli dans l’intérêt de la libération de la France. »
Vingt ans après les faits, l’abbé Cordier confiera à d’Astier : « Tu vois, si nous n’avions pas tué Darlan, de Gaulle serait resté un petit général en exil ». D’Astier de son côté déclara « Avec le recul du temps, je considère que le meurtre de Darlan fut une grave erreur ».
L'amiral Darlan a été inhumé au cimetière militaire de Mers el-Kébir, près d'Oran, en Algérie, où sont enterrés les marins qui ont péri en 1940 dans l'attaque de la flotte française. En avril 2005, il a été constaté que sa tombe ainsi que de nombreuses tombes de marins français et l'ossuaire du cimetière militaire avaient été profanées."

http://mdame.unblog.fr/2008/03/16/290/ 

Nous en sommes où de ces questions d'inhumation de nos soldats en Algérie? Les accords d'Évian ont ils concré un alinéa à cette question mémorielle et éthique?

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