L'imposture de Beauvoir: en réalité on naît femme

"Oui, j’ai cru trop vite, parce que j’ai pensé que la victoire des femmes serait liée à l’avènement du socialisme. Or le socialisme, c’est un rêve, il n’existe nulle part. Les pays que nous appelons socialistes aujourd’hui ne le sont pas du tout."

En 1978 SdB est une négationniste du stalinisme et du maoisme...


Et l'immonde la célèbre:
https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/03/08/simone-de-beauvoir-au-monde-en-1978-j-ai-cru-trop-vite-a-une-proche-victoire-des-femmes_5432979_3232.html?fbclid=IwAR0q0fKrtlDizlU4aeV1PA1nDnkrm3VIM2UX6P1mjbkMza85JSZDw-ZiG6A
"Simone de Beauvoir au « Monde », en 1978 : « J’ai cru trop vite à une proche victoire des
femmes »
Propos recueillis par Pierre Viansson-Ponté
Le 8 mars 2019 à 05h36
Mis à jour le 8 mars 2019 à 06h32
Archives. A l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, nous republions un
entretien donné en janvier 1978 par la féministe, auteure du « Deuxième Sexe », à Pierre
Viansson-Ponté.
Cette rencontre entre Simone de Beauvoir et le journaliste Pierre Viansson-Ponté a été publiée
dans Le Monde en deux volets, les 10 et 11 janvier 1978, alors que l’auteure de La Vieillesse
vient de fêter ses 70 ans.
Son œuvre d’écrivaine n’est pas achevée, mais elle se consacre alors à l’adaptation à l’écran
de plusieurs de ses ouvrages. Elle poursuit d’autre part son action de « féministe radicale »,
comme elle se définit elle-même, participant volontiers aux travaux et recherches, voire aux
manifestations et interventions publiques des jeunes femmes qui l’entourent. Dans l’entretien, la
romancière ausculte la situation des femmes, la jugeant avec moins d’optimisme que lorsque,
trente ans auparavant, elle écrivait son œuvre majeure : Le Deuxième Sexe.
« On ne naît pas femme : on le devient. » C’était l’une des idées centrales du « Deuxième Sexe
». Trente ans après, maintenez-vous cette formule ?
Je la maintiens tout à fait. Tout ce que j’ai lu, vu, appris pendant ces trente années m’a
complètement confirmé dans cette idée. On fabrique la féminité comme on fabrique d’ailleurs la
masculinité, la virilité. Il y a eu beaucoup d’études très intéressantes de psychanalystes, de
psychologues, ou autres, pour démontrer ce fait.
En particulier, le livre d’une Italienne, Elena Gianini Bellotti, « Du côté des petites filles », qui a
montré d’une façon très détaillée, à partir d’une expérience de femme qui a travaillé dans des
maternelles ou auprès de jeunes mères, que l’éducation de l’enfant, garçon ou fille, est
différente dès les premières années. Elle diffère par exemple dans la manière de donner le sein
à l’enfant, dans la manière de le traiter. Et puis, quand il devient un peu plus grand, on ne lui
parle pas de la même façon, on lui dit : « Un petit garçon doit faire cela “ou bien” une petite fille
doit faire cela », et ainsi de suite.
Ce livre montre très bien comment on fabrique la féminité qu’on nous présente comme une
espèce d’instinct et de donnée et comment on fabrique également la masculinité. Quand un
petit garçon de 5 ou 6 ans veut faire la cuisine, on lui dit : « Ce n’est pas à toi de le faire, c’est
un travail de petite fille. » Par conséquent, la société met l’emprise dès les premiers jours sur
l’enfant, mâle ou femelle, de manière à fabriquer à partir de là, conformément aux exigences de
notre civilisation d’aujourd’hui, un homme qui soit ce qu’on appelle un homme et une femme qui
soit ce qu’on appelle féminine.

Donc, je crois absolument qu’il y a de profondes différences entre les hommes et les femmes,
au désavantage des femmes d’ailleurs dans l’ensemble – dans l’ensemble, parce qu’il y a de
rares exceptions. Ces différences ne viennent pas des natures féminines ou masculines, mais
de l’ensemble culturel. Je crois à cela de plus en plus.
Et vous estimez aussi que la situation des femmes n’a pas sensiblement évolué. Vous avez
écrit dans « Tout compte fait » : « J’ai cru trop vite, quand j’ai écrit “le Deuxième Sexe”, à une
proche victoire des femmes. »
Oui, j’ai cru trop vite, parce que j’ai pensé que la victoire des femmes serait liée à l’avènement
du socialisme. Or le socialisme, c’est un rêve, il n’existe nulle part. Les pays que nous appelons
socialistes aujourd’hui ne le sont pas du tout.
Et d’autre part, dans ces pays dits socialistes, la situation des femmes n’est pas meilleure que
dans les pays capitalistes. Enfin, peut-être qu’en URSS quelque chose se passe : les femmes
travaillent davantage. Pour moi, c’est une des choses essentielles : la femme doit avoir son
indépendance économique. Elle l’a certainement plus en URSS. Seulement cela n’empêche
pas qu’elle concilie toujours son travail à la maison. Il y a eu quantité de nouvelles ou de
romans russes qui ont montré ça très bien.
Il faut que ce soit elle, même si elle est un grand patron, une chirurgienne réputée, il faut que ce
soit elle qui fasse ensuite le ménage, la cuisine, mette le couvert, etc., qui fasse les courses, et
elle a donc une double charge. Par conséquent, je ne crois plus du tout que la situation des
femmes soit liée à l’avènement du socialisme, que l’amélioration de la situation des femmes soit
liée au développement du socialisme.
En France, les choses n’ont pas bougé ?
A mon avis, elles ont un peu empiré. C’est-à-dire qu’il y a infiniment plus de viols, infiniment plus
d’agressions des hommes contre les femmes.
Vous croyez qu’il y en a plus ?
Oh oui ! Il y en a plus !
« JE CROIS QU’IL Y A UNE HOSTILITÉ DES HOMMES QUI VIENT JUSTEMENT DE
L’ÉMANCIPATION DES FEMMES »
N’est-ce pas plutôt qu’on en parle plus ?
On en parle plus parce qu’il y en a plus. Je vois tous les témoignages que je recueille, que des
amies recueillent, par exemple dans leurs classes. D’une part, on en parle plus parce que nous
encourageons les femmes à dénoncer les viols, alors qu’elles n’osaient pas en parler. Mais il y

en a beaucoup plus.
Quand je me rappelle ma jeunesse ou celle de ma sœur, ou celle d’amies de ma sœur, il y avait
de temps en temps des types qui sifflaient sur notre passage, qui rigolaient, mais c’était très
peu.
Je n’ai jamais été obligée de quitter un cinéma parce que j’étais seule. Alors que je vois quantité
de jeunes amies qui ne peuvent plus aller au cinéma seules, qui ne peuvent pas se promener
dans la rue seule, qui ressentent des agressions masculines d’une manière très forte et même
à domicile.
Je crois qu’il y a une hostilité des hommes qui vient justement de l’émancipation des femmes,
qui les rend beaucoup plus agressifs et beaucoup plus dangereux qu’ils n’ont jamais été.

Mais il y a eu émancipation ?
Il y a une certaine émancipation. Sur le plan sexuel certainement, il y a l’émancipation due à la
contraception et due, quand même, à la loi sur l’avortement, qui est terriblement mal appliquée
parce qu’en fait je ne sais pas combien il y a d’avortements légaux par an, mais il y en a très
très peu, et il y a encore une énorme quantité d’avortements clandestins. Il y a eu également
une certaine émancipation, enfin une tolérance beaucoup plus grande des parents ou du milieu
: il n’est plus exigé que la jeune fille arrive vierge au mariage.
Il y a une certaine émancipation sexuelle, ce qui n’est pas grand-chose, parce que la vraie
émancipation, ce n’est pas là que ça se situe, ça se situe sur le plan du travail, du travail
économique et des possibilités de réussir sa vie, etc. Là, il y a quelques femmes qui ont obtenu
des promotions.
Nous, les féministes, nous les appelons des femmes-alibis parce que, par exemple, Mlle [Anne]
Chopinet ayant été reçue première à Polytechnique [l’école s’est ouverte aux femmes en 1972]
– ce que, certes, je ne lui reproche pas – servait d’alibi pour que les hommes disent : «
Maintenant, vous pouvez toutes être premières à Polytechnique », ce qui est faux, parce que
pour ça il faudrait que les parents investissent dans l’éducation d’une fille autant que dans
l’éducation d’un garçon, ce qu’ils ne font absolument pas. C’est exceptionnel que des parents
investissent dans les études d’une fille autant que dans l’éducation d’un garçon.
Vous disiez, en 1967, dans vos entretiens avec Francis Jeanson [« Simone de Beauvoir, ou
l’entreprise de vivre »] : « Le féminisme, c’est une manière de vivre individuellement et de lutter
collectivement. » Vivre le féminisme individuellement, comment ? Et lutter collectivement,
comment ?

Je garderai toujours cette formule, c’est-à-dire que, individuellement, on peut essayer de
s’affranchir des contraintes économiques qui pèsent contre la femme, on peut essayer d’avoir
un métier, de travailler au dehors, de faire une carrière.
Cela dit, c’est dangereux parce que notre but, à nous, ce que nous appelons le féminisme
radical, ce n’est pas de prendre la place des hommes, pour retomber dans les mêmes défauts
qu’eux. Parce que les qualités singulières que peuvent avoir les femmes sont la conséquence
de leur oppression : elles n’ont pas cette sorte de rivalité forcenée qu’ont les hommes, ce sens
du sérieux, ce sens du rôle à jouer et ce goût au pouvoir.
Nous ne souhaitons pas que les femmes prennent ce goût du pouvoir et tous les défauts des
hommes.
Cela dit, il y a, en effet, plus de carrières qui s’ouvrent aux femmes aujourd’hui. C’est certain.
Seulement, dans beaucoup de cas, les carrières ouvertes se maintiennent à des niveaux assez
bas.
Par exemple, il y a beaucoup de femmes qui pourront faire leur droit et être avocates, mais la
plupart d’entre elles seront simplement aides dans un cabinet d’avocat et feront un travail
subalterne. Il y en a très peu qui arriveront à devenir des avocates, avec un cabinet à elles. De
même les médecins. Elles sont plus ou moins cantonnées dans la médecine des enfants ou
dans la médecine sociale et elles sont beaucoup moins considérées que les médecins en
général.
C’est pour tout ainsi. On leur ouvre des carrières, mais à petites doses et sans que la
considération publique les aide à pouvoir s’accomplir.
Il y a quand même une féminisation considérable dans certains secteurs, par exemple
l’enseignement.
Oui, mais dans la mesure où une carrière se féminise, elle est dévaluée. Par exemple, en
URSS, il y a une féminisation de la médecine ; presque tous les médecins sont des femmes ;
du coup, on considère maintenant le fait d’être médecin comme on considérait avant le fait
d’être infirmière. Et l’enseignement également est considéré comme une carrière assez
secondaire qui dévirilise plutôt l’homme qui l’a choisie.
Depuis quand vous définissez-vous comme « féministe radicale » ? Depuis pas très longtemps
au fond ?
C’est-à-dire que j’ai toujours dit que j’étais féministe – je l’ai dit, par exemple, à Jeanson – dans
la mesure où, féministe, pour moi cela voulait dire que je réclamais une identité de situation
entre l’homme et la femme, et d’égalité radicale entre l’homme et la femme. Mais, puisque nous

parlions tout à l’heure de travail collectif, il n’y avait pas de travail collectif féminin qui vraiment
m’intéressât.
C’est seulement depuis 1971 ou 1972 que je rencontrais des jeunes féministes qui m’ont
contactée à propos des problèmes de l’avortement, avec qui j’ai commencé à travailler, tout à
fait en sympathie, parce qu’elles étaient féministes pas pour prendre la place des hommes,
mais pour changer le monde tel qu’il est fait par les hommes. Et cela est une chose beaucoup
plus intéressante à mes yeux.
On voit bien ce que vous souhaitez pour les femmes, mais que jugez-vous possible pour elles
au cours des dix ou vingt années à venir, en France ?
Je pense que, quand même, on peut gagner quelque chose puisque nous avons déjà gagné la
contraception, l’avortement. Il y a maintenant des procès contre le viol, un appui sérieux aux
femmes battues. Cela crée un mouvement d’opinion, auquel même les hommes ne doivent pas
être totalement insensibles ; ils doivent être plus intimidés maintenant quand il s’agit de violer
ou de battre une femme.
Je pense aussi que, si le mouvement continue d’une manière sérieuse, on pourrait arriver à une
véritable égalité des salaires entre hommes et femmes, ce qui est une chose très importante ; la
loi dit qu’il y a égalité, mais, en réalité, on disqualifie le travail de la femme, de manière à la
payer moins. Si elle fait exactement le même travail qu’un homme, on lui donne quand même
un échelon inférieur, pour justifier une rémunération moins élevée. Il n’y a pas de véritable
égalité des salaires.
« ON POURRAIT ARRIVER À UNE VÉRITABLE ÉGALITÉ DES SALAIRES MAIS, EN
RÉALITÉ, ON DISQUALIFIE LE TRAVAIL DE LA FEMME, DE MANIÈRE À LA PAYER MOINS
»
Je pense aussi qu’il peut y avoir une lutte sur le plan du travail ménager. C’est-à-dire que les
femmes exigent de ne plus être seules à faire ce travail, à élever leurs enfants ; elles pourraient
obtenir que l’Etat les aide avec des crèches et autres institutions possibles.
Cela me semble intéressant de voir que maintenant il y a beaucoup de jeunes gens qui
travaillent dans des maternelles, alors que l’on considérait cela comme un métier absolument
féminin. Donc, je pense que dans les jeunes générations, il y a une possibilité d’ouverture.
Dans les structures institutionnelles, vous ne croyez pas à l’utilité, à l’efficacité d’organismes
comme un secrétariat d’Etat à la condition féminine ? Ce secrétariat, remplacé maintenant par
une « délégation », vous l’aviez accueilli en disant que c’était une « mystification ». Et puis, un
peu plus tard, vous avez quand même protesté contre sa suppression.
Oui, parce que c’était encore plus net comme manière de dire qu’on ne se souciait pas de la
condition des femmes. Mais c’est une mystification, tel que cela a été fait. On n’a absolument
rien obtenu. Ce n’est pas par là qu’il y a eu progrès.
Et même dans un pouvoir politiquement orienté d’autre façon, disons pour simplifier : avec un
pouvoir de gauche, vous ne croyez pas qu’il faudrait créer un ministère spécial, une législation
particulière aux femmes ?
Non, je ne crois pas. De même que l’Année de la femme [instaurée par l’ONU en 1975. Deux
ans plus tard, le 8 mars 1977, la Journée internationale des femmes est officialisée] ne m’a pas
semblé quelque chose de valable. Je pense qu’il ne faut pas traiter les femmes séparément.
D’ailleurs, les partis de gauche ne sont pas plus favorables aux femmes que les partis de droite.
Le Parti socialiste est très déficient de ce point de vue là, le Parti communiste aussi, c’est même
une des raisons qui ont contribué à la création de groupes véritablement féministes : beaucoup
de femmes se sont rendu compte que, ou dans le Parti communiste, ou dans le Parti socialiste,
ou dans les groupuscules gauchistes, elles étaient toujours traitées, de toute manière, comme
les servantes des hommes, des subordonnées.
Alors, elles ont pensé qu’il fallait prendre la lutte des femmes entre leurs mains, en tant que
lutte des femmes et pas seulement en travaillant avec les hommes à changer le monde.
Lire aussi : Manon Garcia : « Le sexisme n’est pas le domaine réservé des réactionnaires »
Mais vous souhaitez néanmoins qu’elles soient beaucoup plus nombreuses à se présenter aux
élections, et vous les y encouragez ?
Pas tellement.
Cela vous paraît secondaire ?
Cela me paraît secondaire. Je ne suis pas tellement pour la représentation parlementaire. Les
élections, je ne sais pas très bien ce que cela signifie, et je ne vois pas très bien ce que les
femmes élues feront, sinon d’être des femmes-alibis, là aussi.
Enfin, là, c’est un problème qui est assez délicat parce que, si les femmes veulent prendre le
pouvoir à la manière des hommes, ce n’est pas la peine, c’est ce que nous voudrions changer
justement, toutes ces notions et ces valeurs. Mais, d’autre part, il est évident qu’une femme qui
a des responsabilités sociales, politiques ou intellectuelles est plus à même de rendre service
aux autres femmes que si elle n’a aucun instrument entre les mains.
Simplement, il arrive très souvent que, si les femmes réussissent sur ce plan-là, elles se
désolidarisent des autres femmes et elles pensent que, si elles ont réussi, n’importe qui peut
réussir. Or c’est complètement faux parce que, si l’on réussit, c’est par des chances, ou de
naissance, ou de vie, ou d’argent, et cela ne prouve pas du tout que la situation des femmes en
est changée.

En somme, le demi-échec des vingt-cinq années écoulées pour la condition des femmes en
France que vous évoquez dans « Tout compte fait », c’est davantage l’échec du socialisme et
du changement politique que l’échec des femmes ?
Oui, ce sont les deux. Seulement, je pense que le féminisme est quand même en assez bonne
voie. Puisque ce n’était rien, vraiment, il y a quinze ans ; il y a dix ans même, c’était bien peu de
chose ; et maintenant il représente une force. Tandis que le socialisme, je ne vois pas du tout
qu’il ait fait des progrès.
Vous ne le reconnaissez nulle part, en l’état actuel.
Non, nulle part.
Quelle société française voudriez-vous voir naître dans les années qui viennent ?
Ce que je souhaiterais ?
Oui.
Ce serait un socialisme qui soit vraiment un socialisme. Mais cela me semble très difficile à
réaliser dans le monde tel qu’il est parti aujourd’hui.
Ce serait une réduction des inégalités, et même leur suppression, ce serait la cessation de
l’exploitation, ce serait toutes choses qui ne sont pas réalisées non plus dans les pays dits
socialistes. Par conséquent, ce serait un tel changement que je ne crois pas que cela puisse se
produire avant bien longtemps.
Donc, le socialisme, pour vous, est une conception ouverte, généreuse, idéale, mais utopique.
Oui, absolument.
Alors, quel autre régime se rapproche le plus de ce que vous souhaitez, et jugez possible en
l’état actuel. Est-ce que vous considérez que la gauche institutionnelle et la droite actuellement
au pouvoir, c’est la même chose ?
Non. Je pense que tout de même la gauche accorderait concrètement plus que n’accorde la
droite aux déshérités, aux ouvriers. Enfin, si je vote, je voterai évidemment à gauche et non à
droite.
Le régime actuel [Valéry Giscard d’Estaing est alors président, Raymond Barre, premier
ministre] me semble absolument corrompu, pourri. Alors, j’aimerais autre chose, ne serait-ce
que pour le changement.

En politique, vous-même et Sartre signez une foule de textes. J’ai relevé, parmi vos dernières
interventions, celles qui avaient trait à l’affaire du docteur Mikhaël Stern [endocrinologue
soviétique arrêté pour dissidence], dont vous vous êtes beaucoup occupée, aux militants de la
FAI [Fédération anarchiste ibérique] emprisonnés à Barcelone, à un musicien nigérien, à des
expulsés de Saint-Denis, à la répression en Italie, etc. Est-ce que vous croyez à l’efficacité de
ces prises de position ?
Quelquefois ; par exemple, je crois que pour le docteur Stern, cela a été assez important. Non
pas ce que j’ai fait moi-même exactement, c’est son fils qui a accompli un travail remarquable.
On dit aussi que nous avons sauvé la vie de certains Grecs. En tout cas, on ne peut pas ne pas
signer.
Mais vous n’avez pas l’impression que l’on tourne en rond en se faisant plaisir ou en faisant
plaisir à ceux qui vous sollicitent, sans que ce soit efficace ?
Certainement, sur le nombre de signatures que l’on donne, certaines ne sont pas efficaces.
Mais il suffit que quelques-unes le soient pour qu’on soit obligé de tenter le coup.
Ecrivez-vous en ce moment ?
En ce moment, je m’intéresse surtout à de possibles réalisations de mes livres au cinéma. Une
amie suédoise a fait un film sur la vieillesse en s’inspirant du Deuxième Sexe, et j’y ai participé
un peu.
Et vous passez sans peine de l’écriture à l’image.
Ce n’est pas moi qui passe à l’image.
Vous regardez quand même vos œuvres passer à l’écran.
Ce sont des réalisatrices, des metteuses en scène, je dis metteuses en scène parce que c’est
surtout avec des femmes que je travaille, jusqu’ici. Naturellement, l’image ne donne pas
exactement ce que peut donner un livre. Mais elle donne quelque chose d’un peu différent, de
plus fort, une présence. Par exemple, dans La Femme rompue.
Vous voulez faire des films aussi proches que possible de vos œuvres ou plus militants encore
?
Ah non ! Très proches. Par exemple, j’aimerais beaucoup que l’on réalise Les Mandarins, mais
en respectant le roman des Mandarins, tel qu’il a été écrit.
Je n’ai jamais fait des livres militants proprement dits, à part des essais, des préfaces, mais,
tout en pensant que la littérature doit être engagée, je ne pense pas qu’elle doive être militante
parce qu’alors on arrive au réalisme socialiste, à des héros positifs, à des mensonges. J’ai
toujours essayé dans mes livres de me tenir près de la vie réelle.
On m’a même reproché pour mes derniers livres – La Femme rompue justement et puis Les
Belles Images –, certaines femmes m’ont reproché de n’avoir pas mis en scène des héroïnes
positives, d’avoir montré plutôt des femmes brisées, malheureuses ; j’ai fait cela parce que la
condition féminine telle qu’elle est aujourd’hui, c’est ainsi que je la vois, que je la sens, et je n’ai
pas envie de mettre en scène des militantes héroïques et à mes yeux inexistantes, utopiques.
Quel est celui de vos livres auquel vous tenez le plus ? « Le Deuxième Sexe », « Les
Mandarins » ?
Le Deuxième Sexe, il se trouve que c’est celui qui a eu le plus de répercussion. Celui que je
préférerais personnellement, c’est Les Mandarins, parce que je l’ai écrit à un moment où j’étais
vraiment dans le feu de la vie ; enfin, je sentais les problèmes du temps et j’ai écrit ce roman
avec beaucoup de passion.
Et moins la série « Jeune fille rangée », vos « Mémoires » ?
Ah si ! Je tiens aussi beaucoup à mon autobiographie !
Au fond, vous tenez à tout.
Non pas à tout. Mais les Mémoires, bien sûr, j’y tiens, parce que c’est une manière de ressaisir
toute mon existence.
Vous lisez beaucoup aujourd’hui ?
Oui, beaucoup.
Et que pensez-vous de ce que vous lisez, qu’est-ce qui vous frappe ?
Je ne lis pas beaucoup de romans, parce qu’il n’y en a vraiment pas beaucoup qui me touchent.
Je lis beaucoup de livres d’histoire, des reportages, des essais, des livres d’ethnographie, des
revues de psychanalyse, c’est plutôt cela qui m’intéresse."

Collector:

« On ne naît pas femme : on le devient. » C’était l’une des idées centrales du « Deuxième Sexe ». Trente ans après, maintenez-vous cette formule ?

Je la maintiens tout à fait. Tout ce que j’ai lu, vu, appris pendant ces trente années m’a complètement confirmé dans cette idée. On fabrique la féminité comme on fabrique d’ailleurs la masculinité, la virilité. Il y a eu beaucoup d’études très intéressantes de psychanalystes, de psychologues, ou autres, pour démontrer ce fait.

En particulier, le livre d’une Italienne, Elena Gianini Bellotti, « Du côté des petites filles », qui a montré d’une façon très détaillée, à partir d’une expérience de femme qui a travaillé dans des maternelles ou auprès de jeunes mères, que l’éducation de l’enfant, garçon ou fille, est différente dès les premières années. "


Et un autre délire plus anglo-saxon:
https://www.lemonde.fr/societe/article/2017/03/08/en-entreprise-une-femme-qui-parle-est-bavarde-un-homme-qui-parle-est-un-leader_5091245_3224.html?utm_medium=Social&utm_source=Facebook&fbclid=IwAR2fGNv_CVVeVHLYgTPlMYnxzaVkInznJRaSFyGZ-o7Pcqf3UXRKlTu7EqQ#Echobox=1552038038


Et ensuite le très unilatéral: seuls les hommes tuent les femmes

https://en.wikipedia.org/wiki/Sexual_cannibalism

https://www.franceculture.fr/conferences/hesam-universite/nous-sommes-les-seuls-parmi-les-especes-ou-les-males-tuent-les-femelles?utm_medium=Social&utm_source=Facebook&fbclid=IwAR2RlWEEGaHYgFVHvrM7408dXiw6q68e5IghbMR6-a3_4Q14wiPSyKJEtn4#Echobox=1552035873

https://www.abc.net.au/news/2018-02-05/female-murderers-more-likely-motivated-by-love-financial-gain/9378404

jeudi 7 mars 2019

Les Sarrasins et la côte nord de la méditerranée: légitime défense

Saint Mayeul, en 972, fut enlevé par les Sarrasins à Orsières dans le Valais...


L’image contient peut-être : texte
1785, quatre ans avant la révolution.

L’image contient peut-être : texte
Tripoline war

Je hais cette palilalie du mot bienveillance

https://m.huffingtonpost.fr/entry/la-bienveillance-a-outrance-je-nen-peux-plus_fr_5d1382f5e4b0aa375f571962?ncid=fcbklnkfrhpmg00000001




DE L’USAGE ABUSIF DU MOT « BIENVEILLANCE »
PUBLIÉ LE 25-02-2019
DERNIÈRE MODIFICATION LE 05-03-2019

DE L’USAGE ABUSIF DU MOT « BIENVEILLANCE »


DANS L’ÉDUCATION NATIONALE





Par Eugénie DE ZUTTER, secrétaire académique du SNALC de Reims
Article publié dans la Quinzaine universitaire n°1426



En effet, qui n’a jamais assisté à un conseil de classe au cours duquel les professeurs sont sommés d’être bienveillants avec leurs élèves ? Qui n’a jamais vu en commission éducative les collègues rappelés à l’ordre sur la nécessité d’être bienveillant ? Qui n’a jamais entendu les inspecteurs et autres pédagogues ayant le vent en poupe répéter que la bienveillance est au coeur du métier d’enseignant ? Ainsi martelé, ce mot est présenté comme la baguette magique pour résoudre tous les maux de notre système scolaire.




Qu’est-ce donc que la « bienveillance » ? Il s’agit, selon le Larousse, d’une « disposition d’esprit inclinant à la compréhension et à l’indulgence envers autrui ». Mais, dans l’Éducation nationale, on nous la présente comme une attitude consistant à tout accepter des élèves, à ne plus rien oser exiger d’eux. En conséquence, cette injonction à la bienveillance pousse des collègues à adopter d’étranges habitudes : en cas de mauvaises moyennes, ils se sentent obligés de se justifier devant leurs chefs d’établissement ; d’autres s’imposent de refaire les mêmes devoirs à leur classe afin remonter la moyenne (se punissant finalement eux-mêmes car ils corrigeront deux fois le même travail) ; certains vont même jusqu’à donner le sujet de l’évaluation la veille afin d’éviter une catastrophe.

Tout cela démontre que les professeurs en viennent à se sentir responsables, peut-être même coupables, des difficultés scolaires de leurs élèves. Votre moyenne de classe est mauvaise ? Certains élèves n’arrivent pas à surmonter leurs difficultés ? Vos évaluations sont jugées trop difficiles par les élèves (voire par les parents d’élèves) ? C’est votre faute : vous n’êtes pas assez bienveillant ! Des professeurs ont même déjà vu leurs mauvaises moyennes pointées du doigt en conseil de classe ou en entretien privé avec la direction parce qu’elles ne cadraient pas avec des objectifs.

Jamais ne sont évoquées les diverses raisons (auxquelles de nombreux collègues pensent tout bas sans oser les exprimer tout haut) pouvant expliquer des résultats si médiocres : le manque de travail des élèves (alors que les copies blanches sont devenues monnaie courante, parfois dès la 6e) ; l’absence de rigueur dans la réalisation des exercices donnés comme en attestent les quantités de travaux rendus brouillons et bâclés, même chez des Troisièmes et des Terminales ; le peu d’intérêt de certains élèves pour les conseils prodigués par leurs professeurs. Et il y en a tant d’autres… Au lieu de prendre à bras le corps les vrais problèmes de notre système scolaire, l’intelligentsia préfère se tourner vers sa cible favorite : les professeurs. L’échec scolaire en France est forcément dû à leur manque de bienveillance.

Mais que devrait donc signifier la bienveillance dans un contexte scolaire ? Pour le SNALC, la réponse est sans ambiguïté possible : la bienveillance exprime avant tout une idée d’exigence. Le professeur exigeant poussera inlassablement ses élèves à donner le meilleur d’eux-mêmes. Il saura leur montrer que c’est par le travail rigoureux et par l’effort constant qu’ils progresseront. Surtout, il les aidera à se frotter aux difficultés et leur donnera les armes pour les surmonter. Bref, il les fera vraiment travailler et grandir, sans leur mentir. Rien à voir donc avec l’indulgence molle ou la bienveillance naïve auxquelles nous sommes subrepticement formatés par les grands théoriciens de l’Éducation nationale. À écouter ces derniers, un professeur exigeant serait nécessairement un tortionnaire… Ils n’ont donc rien compris !

Il est urgent de redonner ses lettres de noblesse à la vraie bienveillance, qui est l’essence même de notre métier. Peut-être faudrait-il commencer par en rappeler le sens véritable aux personnes qui l’utilisent abusivement.





Antoine Desjardins publie une tribune au ton pamphlétaire pour exposer sa détestation de la «bienveillance» comme concept pédagogiste. Appliquée à l'éducation, celle-ci n'est selon lui rien moins qu'une «machine à abaisser».




Antoine Desjardins est professeur de Lettres, coauteur du livre Sauver les lettres: des professeurs accusent (éd. Textuel). Membre du Comité Orwell, présidé par Natacha Polony, il est aussi Président d'honneur du collectif Condorcet. Il soutient l'appel pour le rétablissement des horaires de français.

«Quand, plus tard, j'ai eu l'occasion de rencontrer au cours de la vie des incarnations vraiment saintes de la charité active, elles avaient généralement un air allègre, positif, indifférent et brusque de chirurgien pressé, ce visage où ne se lit aucune commisération, aucun attendrissement devant la souffrance humaine, aucune crainte de la heurter et qui est le visage sans douceur, le visage antipathique et sublime de la vraie bonté.»


Proust, Du côté de chez Swann

Ne dites plus «élève», dites un «stagnant-là».

J'ai vingt-cinq stagnant-là, dit le pourvoyeur réformiste de fausse bienveillance, et je les encourage à demeurer ce qu'ils sont car je ne veux pas les forcer à rien qui puisse les détourner de stagner: je suis bienveillant.

Cette bienveillance est devenue un fléau. Une machine à abaisser et rabaisser. Elle est l'autre nom de la lâcheté et de la capitulation en rase campagne des adultes éducateurs ou enseignants.

Le mot est (était) beau, la chose ou l'acte qu'on a laissés se développer dessous, infâme. Cette bienveillance est un abandon, un mépris, comme on en vit jamais paraître de semblable dans l'histoire de l'École.



Sans aucune vertu de chaleur humaniste authentique, aucune véritable ferveur de sympathie, nullement généreuse, cette bienveillance, froide et dormitive, est un poison, une ruse technocratique et une lâcheté.

Celui qui «bien veille» sur autrui et singulièrement le Maître qui bien veille sur son disciple, lui parle le langage de la Vérité. Sans être mauvais ni nocif, ce langage peut être rude et bourru: sous des espèces abruptes, impérieuses ou même rébarbatives, chacun sait que le bourru peut-être celui qui est bienfaisant.

Mieux vaut l'énergie de la vérité sincère, qui bouscule la paresse et l'égoïsme, et qu'on insuffle, coûte que coûte, sans la moindre complaisance et le moindre pathos, que cette bienveillance dévoyée.

À l'école il n'y a de bons maîtres qu'enragés à faire progresser.


La bienveillance est l'autre nom de la lâcheté et de la capitulation en rase campagne des adultes éducateurs ou enseignants.

Cette rage ne s'accommode pas toujours de tendresse lénifiante. Tout le monde connaît le couple Annie Sullivan et Helen Keller (1), maître et élève, sauveteur et sauvée, libératrice et libérée: Annie Sullivan, malvoyante depuis sa naissance, a fait ses études à l'institut Perkins, dirigée par Mr Anagnos qui l'a toujours soutenue et aidée. Orpheline, jeune fille solitaire mais avec un fort caractère, son handicap est soigné après de multiples opérations mais surtout parce qu'elle persuade son entourage qu'il faut qu'on lui lise des livres et qu'on l'enseigne. (2)

Après qu'elle a recouvré la vue, elle peut voler de ses propres ailes. Quand on lui propose de devenir la préceptrice d'Helen Keller, sourde, muette et aveugle, elle se jette à corps perdu dans ce combat, alors qu'Helen est cloîtrée en elle. À force d'acharnement, de discipline stricte, de rustrerie, même, parfois, Annie parviendra, au bout de cinq ans, à faire que la petite fille capricieuse devienne une jeune fille agréable et curieuse de tout.

Annie est parvenue à désincarcérer Helen de force, comme elle avait réussi pour elle-même étant petite (entourée de frères malades mentaux) après avoir découvert... une bibliothèque.

Le couple Helen Keller et Annie Sullivan est devenu mythique.

Échapper à la fatalité, crever le plafond bas du déterminisme, de tous les déterminismes, y compris physiologiques parfois, requiert de l'énergie, de la foi, de l'obstination, de l'assiduité.

Il n'y a de sciences que de l'universel, disait Aristote, mais les sciences de l'homme ne devraient tendre qu'à une science du singulier et du particulier, car chaque homme est unique et peut échapper aux déterminations. Il y a quelque chose, en l'homme, qui s'appelle la conscience et la liberté et qui fait qu'il n'est pas une chose, contrairement à ce que pensent les gestionnaires pédagogistes.

Messieurs, on ne traite pas le vivant comme l'inerte: le rôle de la vie, disait Bergson, est d'introduire de l'indétermination dans la matière. Ce devrait être aussi le rôle de la pédagogie «non bienveillante» puisque le mot est irrémédiablement souillé par ces bureaucrates.

La bienveillance, cette confiture morticole, dégoulina comme jamais sous le règne imbécile et criminel de Belkacem et fit en l'espace de quelques années des dégâts terribles.

Les stagnant-là, alourdis et encombrés de cette mélasse devinrent encore mieux inertes, corps graves assignés à résidence physique et métaphysique: l'élève se vit dépouillé des prérogatives du Sujet et tomba encore, puisqu'il est toujours possible de tomber.

La plupart des syndicats enseignants, traîtres, laxistes, corporatistes, démagogues, soi-disant progressistes, ne s'alarmèrent jamais qu'on vendît du boniment et qu'on encourageât les élèves à la pente, qu'on leur tût la vérité à laquelle ils avaient droit.

Ils ne comprirent et ne comprennent toujours pas qu'il n'y a pas d'essor sans effort. Matérialistes réducteurs et obtus, ne concevant plus rien que dans la mort et l'immobilité, ils n'envisagèrent jamais la dimension verticale: le moral des troupes enfantines.

Riez, si vous croyez que le moral et l'esprit ne sont rien et que la matière est tout! Vous aurez l'époque avec vous! L'Esprit procède certes de cette matière et en est l'émanation mais il ne coïncide pas strictement avec elle: il déborde sans cesse, c'est sa vocation.

La joie et la création perdirent du terrain. Le triomphe de soi par soi-même devint une chimère. Le management remplaça la ferveur.

On déclara le Miracle interdit alors que le Miracle est le quotidien de l'homme qui avance et de la conscience qui gagne du terrain.

Cette bienveillance fut l'autre nom d'un avalement par le gouffre, doublé d'une passion atroce de la médiocrité, une reddition à la technocratie, avec prime à l'ankylose et au marasme.

Stagnant-là, ne vous sauvez d'aucune boue qui vous assujettisse! Coïncidez avec votre poids, roulez! tombez! C'est le destin de tous les corps! Vous ne jaillirez jamais hors de vous-même, sachez-le.

Contraints à ne jamais cultiver aucune déception de soi, les stagnant-là furent méthodiquement coupés dans leurs élans naissants.


Cette bienveillance fut l'autre nom d'un avalement par le gouffre, doublé d'une passion atroce de la médiocrité.

Dans l'actualité récente qui a vu des jeunes hurler leur haine de la société, casser des vitrines, qui a vu circuler des images de murs de facultés souillés, tagués et jusqu'à des monuments aux morts ignominieusement couverts d'inscriptions (à l'ENS Ulm) ; qui a vu passer des tracts bâclés, confus, emplis de fautes de français et d'orthographe, j'entends aussi (comme mon ami philosophe René Chiche) le cri déchirant d'une génération qu'on a privée parfois de culture authentique, d'accès à la grammaire et à l'ordre symbolique, de perspectives exaltantes de maîtrise du logos. Qu'on a abandonnée à la tyrannie «ego-grégaire» de la pulsion et qui ressent obscurément qu'elle a été flouée de quelque chose de primordial, d'un passage de témoin.

Le désir de l'homme, avant que la loi ne l'organise, est «sans objet». Il requiert que des objets lui soient désignés par un autre que lui, c'est-à-dire par le désir de l'Autre. C'est de l'Autre que viendra la loi qui organise les significations, qui dit ce qui est permis et ce qui ne l'est pas. Encore faut-il que cet Autre ne transige pas sur sa volonté de faire passer. «L'école est une chance d'être responsable de ce que l'on y reçoit» à condition d'y recevoir effectivement quelque chose.

Je hais la bienveillance.

(1) «Sourde, muette, aveugle: histoire de ma vie» Helen Keller trad. de l'anglais par A. Huzard , 2001

(2) Sur Annie Sullivan «Perhaps her hard childhood was the cause of her rage, but it was that same anger that drove her to succeed in ways that no one could imagine. When she discovered that the poor house had a small library, she persuaded people to read to her. It was there she learned that there were schools for the blind. Her desire to be properly educated was so strong that when a group of inspectors came to the facility to inspect its conditions, she boldly approached one of them and declared she wanted to go to school. That moment changed her life.»

Veganism is a market with winners


https://www.ft.com/content/79c2aa16-35f1-11e9-bb0c-42459962a812?fbclid=IwAR3XmCO0zggctl3ne3wT4o9c5gAOrBL1u7wK4vafckE-gNZ9PvcTIVo6lQU

The UK bakery chain Greggs was offering free samples of its vegan sausage roll to early morning punters this week. A friend picking up a coffee declined the offer: “Didn’t seem right.” He is not with the zeitgeist on this one. The number of people in the UK identifying as vegan or vegetarian is rising; the rolls are a best-seller, and the moral high ground increasingly seems to be held by those with plant-based diets. Join them, we are told, and we can save our health and the planet at the same time. Will we? The truth is that the jury is still out on this one. Take the environment. It isn’t a certainty that a vast increase in plant-based diets would solve all our environmental problems. The carbon cost of industrial cropping is huge: by some estimates, up to 20 per cent of the world’s CO2 output is a direct result of ploughing. And not all methods of animal rearing are equal. Grain-fed animals, raised in desertified feedlots, are environmentally harmful. But any farmer will tell you (I am married to one) that pasture-raised ruminants can help to store carbon in and preserve the quality of, our vital topsoil. It also isn’t clear that a vegan diet is the most healthy one for most people. There is a growing body of research pointing out that mixed diets could well be better than plant-based diets, particularly if those plant-based diets are high in both carbohydrates and heavily processed food. Note the success some researchers have had in reversing type 2 diabetes using high protein and high-fat, animal-based diets, for example. Finally, the idea that veganism is de facto “kind to animals” needs a little challenge. Factory farming is horrible — and there is little excuse for the often-exposed cruelty of slaughterhouses. But just how kind it is to eat only plants rather depends on which animals you care most about. If it is just cows, sheep and chickens, fine. If it is all living creatures, things get a little complicated. The huge volumes of pesticides used in most arable farming are not good news for the many small animals and insects that would thrive on, and nurture, farms should they have the luck to survive the plough (think worms, lizards, rabbits, spiders, mice, snakes, slugs, beetles and other insects). There is no getting away from the fact that when it comes to eating — vegan, vegetarian or omnivore — we are all involved in killing. If you care about each individual living thing, you should perhaps eat nothing but one-and-a-half organic pasture fed cows a year (I’m assuming 2,000 calories a day) rather than risk being complicit in the deaths of a great many more than one-and-a-half spiders in the course of living off grains. Tricky, isn’t it? This is not to suggest that anything is settled morally, philosophically or even environmentally in either direction. It isn’t. All these arguments have been made for decades and all are hard to quantify. But it is impossible to be clear that more vegans equal an unadulterated good for animals, people or planet. But there is one group for whom the trend towards veganism is definitely a good thing: processed food manufacturers and retailers. The past few years have produced something of a backlash against processed food. We are all a bit worried about our sugar intake; we understand more about how food with a high glycemic load might create insulin resistance; and we are increasingly suspicious of the low-fat product industry, given that the more low-fat food we eat, the fatter we seem to get. What better time, then, for the industry to find itself with a whole new market into which to sell factory-made, processed food? One that, gloriously, is more ideologically and identity-driven than any other. This is a marketing greenwash opportunity to beat all others. Create a good vegan product and not only can you virtue signal about it relentlessly but you can charge a feel-good premium, too. In my local supermarket, Kellogg’s is selling vegan granola; Nestlé’s Shreddies cereal comes with a green “forever vegan” banner across the top of the packet. In the meat aisle, you can get the Beyond Meat burger, a fully plant-based hamburger that “bleeds”. Finest British beef steak burgers cost £6.61 per kg. The fake burger (which is made mostly of pea protein) costs £21.81 per kg. How’s that for premium pricing? There is also vegan chocolate, vegan cheese, vegan fish, vegan chicken and vegan ice-cream. The average price premium for these products is about 50 per cent, by my calculations — despite the fact that soy, mushrooms, peas and palm oil are surely cheaper ingredients than dairy and meat. This is just the beginning. Supermarkets including Marks and Spencer, Tesco and Sainsbury’s all mentioned their vegan product ranges in their latest trading results. Unilever acquired fake meat maker Vegetarian Butcher in December and is moving “towards a portfolio with more plant-based products”. In 2017, Nestlé bought Sweet Earth, a California-based maker of vegetarian and vegan foods, and it is launching its own meat-free Incredible Burger this year. It expects its meat-free business to hit $1bn in the next decade. There is no reason why food companies shouldn’t respond to demand. But those who are turning vegan in an effort to save the world might bear in mind that most of these processed, packaged and shipped products are likely to do more for food company profits than for the planet or your health. The proof of that is in the pudding for Greggs. Thanks in part to the success of its vegan sausage rolls, the company reported a 14 per cent rise in sales in the first six weeks of the year. That might benefit shareholders, but is it doing any real good for the rest of us? 





La chaîne de boulangeries britannique Greggs offrait des échantillons gratuits de son pain de saucisse végétalien aux clients ce matin, tôt le matin. Un ami qui prenait un café a décliné l’offre: «Cela ne semblait pas juste."

Il n'est pas avec le zeitgeist sur celui-ci. Le nombre de personnes s'identifiant comme végétaliennes ou végétariennes au Royaume-Uni est en augmentation; les rouleaux sont un best-seller; et la moralité semble de plus en plus assumée par ceux qui suivent un régime à base de plantes. Rejoignez-les, nous dit-on, et nous pouvons sauver notre santé et la planète en même temps.

Allons-nous? La vérité est que le jury n’est toujours pas au courant. Prenez l'environnement. Il n’est pas certain qu’une augmentation considérable des régimes à base de plantes résoudrait tous nos problèmes environnementaux. Le coût en carbone des cultures industrielles est énorme: selon certaines estimations, jusqu’à 20% de la production mondiale de CO2 provient directement des labours. Et toutes les méthodes d'élevage ne sont pas égales. Les animaux nourris au grain, élevés dans des parcs d'engraissement désertifiés, sont nocifs pour l'environnement. Mais tout agriculteur vous dira (je suis marié à un autre) que les ruminants élevés au pâturage peuvent aider à stocker le carbone et préserver la qualité de notre sol vital.

Il n’est pas évident non plus qu’un régime végétalien soit le plus sain pour la plupart des gens. De plus en plus de recherches soulignent que les régimes mixtes pourraient bien être meilleurs que les régimes à base de plantes, en particulier si les régimes à base de plantes sont riches en glucides et en aliments fortement transformés. Notez le succès de certains chercheurs qui ont réussi à inverser le diabète de type 2 en utilisant, par exemple, des aliments riches en protéines et en gras.

Enfin, l'idée que le véganisme est de facto «aimable envers les animaux» nécessite un petit défi. L'élevage industriel est horrible - et il y a peu d'excuse pour la cruauté souvent exposée des abattoirs. Mais la gentillesse de ne manger que des plantes dépend plutôt des animaux qui comptent le plus pour vous. Si ce ne sont que des vaches, des moutons et des poules, très bien. Si ce sont toutes des créatures vivantes, les choses se compliquent un peu.

Les énormes quantités de pesticides utilisées dans la plupart des grandes cultures ne sont pas une bonne nouvelle pour les nombreux petits animaux et insectes qui s’épanouiraient et se nourriraient des fermes qui auraient la chance de survivre à la charrue (pensez aux vers, aux lézards, aux lapins, aux araignées, aux souris , serpents, limaces, coléoptères et autres insectes). Il est indéniable que, lorsqu'il est question de manger - végétalien, végétarien ou omnivore - nous sommes tous impliqués dans la mise à mort. Si vous vous souciez de chaque chose vivante, vous ne devriez peut-être rien manger d'autre qu'un pâté biologique et demi nourri chaque année à des vaches (je suppose 2 000 calories par jour) plutôt que de risquer d'être complice de la mort d'un grand nombre de personnes. plus d'une araignée et demi au cours de la vie de grains. Tricky, n'est-ce pas?

Cela ne veut pas dire que quelque chose soit réglé moralement, philosophiquement ou même de manière environnementale. Ce n’est pas le cas. Tous ces arguments sont avancés depuis des décennies et sont difficiles à quantifier. Mais il est impossible de dire clairement que plus de végétaliens sont équivalents à un bien pur pour les animaux, les personnes ou la planète.

Mais il y a un groupe pour qui la tendance au véganisme est définitivement une bonne chose: les fabricants et les détaillants d'aliments transformés. Les dernières années ont donné lieu à des réactions négatives contre les aliments transformés. Nous sommes tous un peu inquiets pour notre consommation de sucre; nous comprenons mieux comment des aliments à charge glycémique élevée pourraient créer une résistance à l'insuline; et nous sommes de plus en plus méfiants vis-à-vis de l’industrie des produits à faible teneur en matière grasse, étant donné que plus nous mangeons, plus nous semblons grossir.

Quel meilleur moment pour que l’industrie se trouve un tout nouveau marché sur lequel vendre des aliments transformés fabriqués en usine? Un qui, glorieusement, est plus idéologique et identitaire que tout autre.

Il s’agit d’une opportunité marketing pour battre tous les autres. Créez un bon produit végétalien et vous pourrez non seulement signaler le problème sans relâche, mais vous pourrez également facturer une prime de bien-être. Dans mon supermarché local, Kellogg's vend un granola végétalien; Les céréales Nestlé Shreddies sont accompagnées d’une bannière verte «Vegan pour toujours» en haut du paquet. Dans l'allée des viandes, vous pouvez obtenir le hamburger Beyond Meat, un hamburger entièrement à base de plantes qui «saigne».

Les meilleurs burgers au steak de boeuf britannique coûtent 6,61 £ le kg. Le faux hamburger (composé principalement de protéines de pois) coûte 21,81 £ par kg. Comment cela se fait-il pour une tarification supérieure? Il existe également du chocolat végétalien, du fromage végétalien, du poisson végétalien, du poulet végétalien et des glaces végétaliennes. Le supplément de prix moyen pour ces produits est d'environ 50%.

dimanche 3 mars 2019

Anonymat, pseudonymat ou état civil? La classe politique affine la surveillance mais laisse entrer 500 000 personnes par an dont plus de la moitié sans contrôle

Interdire les pseudos, la belle affaire. 
Interdire aux français de faire ce qu'ils veulent est quand même très dans l'air du temps d'un pays dominé par l'état. Allez une nouvelle loi et des fonctionnaires pour la faire appliquer.Débat picrocholin et sans intérêt
Néanmoins l’état n’a rien à faire là
Les réseaux sans anonymat sont libres de pousser les autres et de se développer.
Pour ma part j’élimine de mes contacts les anonymes car l’expérience avec eux est assez décevante.
Enfin ce n’est pas une question de libéralisme, espèce de mot fourre tout qui permet en France de tout de suite coller des étiquettes sur le front des gens. C’est une question de choix de liberté, de responsabilité mais encore une fois il ne saurait y avoir aucune justification à ce que l’État qui a déjà fort à faire avec ses erreurs économique viennent se mêler de cela.

L'état pire gestionnaire des entreprises même quand il est minoritaire: Renault, Alstom, Aéroports de Paris

"Ces difficultés de gestion résultent de plusieurs facteurs. D’abord, l’État doit en permanence concilier des objectifs nombreux et contradictoires qui vont parfois jusqu’au conflit d'intérêts. Un exemple flagrant est le domaine aéroportuaire où l’État est, à la fois actionnaire majoritaire d’Aéroports de Paris (ADP) et actionnaire de référence du groupe Air France-KLM, principal client d’ADP, ainsi que régulateur du trafic aérien ou encore responsable de la fixation des redevances aéroportuaires."

Exemple:

Taxes spécifiques à la France

En plus des taxes propres à l'Europe, il faut ajouter :
  • La taxe sûreté sécurité environnement (code XT), finance les diverses mesures de sécurités présentes dans les aéroports. Son montant varie selon l'aéroport 2.
  • La taxe aviation civile (code FR), finance le fonctionnement de la DGAC 3.
  • la taxe de solidarité sur les billets d'avion à l'initiative de Jacques Chirac et en vigueur depuis 20064.
En France, les montants des taxes et redevances sont fixés annuellement par arrêté interministériel, en fonction du besoin de financement sur chaque aéroport.



https://www.tourmag.com/Taxes-concurrence-deloyale-Air-France-demeure-la-compagnie-la-moins-rentable-d-Europe_a84368.html