mardi 19 mars 2019

C Lehmann se trompe de diagnostic, de traitement et aussi de cibles: un désastre, le rétrogradisme médical français

AVIS D’EXPERT - Médecin généraliste et romancier, le Dr Christian Lehmann dénonce les conséquences de la désastreuse politique de santé pratiquée au cours des trente-cinq dernières années.
Dénoncer une politique de santé sans analyser comment fonctionne le système de soins est un aveuglement ou bien une complicité. Il n'y a pas de politique de santé. Il y a un monopole syndicalo-étatique qui fait ce qu'il veut du système de soins et l'immense majorité des médecins qui signent la convention est complice car c'est un engagement unilatéral de leur part et un blanc seing pour l'état et ses syndicats subventionnés.



Médecin généraliste depuis trente-cinq ans, j’ai vu se succéder les ministres, les réformes de la dernière chance, les économistes dédaigneux, sans que soit jamais remis en question le paradigme martelé depuis les années 1980: la santé coûtait trop cher et les patients irresponsables étaient poussés à la dépense par des médecins profitant d’une situation de rente.
Les soins en général, les soins indispensables mais aussi les plus inutiles, les cures thermales, les transports, les IJ et les avantages en nature coutent de manière obligatoire aux français environ 200 milliards par an, c'est considérable. Donc les soins ne coutent pas trop cher mais certains soins et des avantages qui n'ont rien à voir avec les soins ne devraient bien sur pas incomber à la mutualisation obligatoire par les prélèvements sociaux. Malheureusement pour le docteur Lehmann, il prit dans le passé position CONTRE toute franchise sur les soins non graves alors que justement rendre gratuits seulement les soins essentiels est un objectif intelligent car il préserve les ressources pour les patients qui en ont vraiment besoin  (Appel contre la franchise sur les soins). Mais il a aussi eu des mots gentils pour ces confrères: "Le secteur 2, cher et non conventionné, il l'appelle «la médecine L'Oréal», «je demande un dépassement parce que je le vaux bien». " Non C Lehmann ce n'est pas le secteur 2 qui est l'Oréal c'est la sécu qui abuse de son monopole. Il est temps de contraindre ce mammouth épuisé à la concurrence. Cette démagogie sur les riches est la marque de fabrique des collectivistes qui osent affirmer que le tarif de 25 euros correspond au coût réel du service rendu. 



Le médecin généraliste était considéré comme une bactérie dont l’apparition dans un bassin de population antérieurement sain suffisait à générer des dépenses, comme si par sa seule présence ce docteur Knock contaminait les bien portants. Et parce que, comme le disait l’humoriste H.L. Mencken, «pour chaque question compliquée il y a une réponse simple, évidente et fausse», ministres et économistes tombèrent d’accord: diminuer le nombre de médecins en exercice comblerait le trou de la Sécurité sociale, selon l’adage lumineux «moins de médecins, donc moins de maladies, et moins de dépenses».


Quelle contrevérité! Il a été prouvé à maintes reprises que POUR LE PETIT RISQUE l'offre crée la demande. Comme la gratuité a rendu la demande infinie ces deux faits créent un emballement de la consommation de soins. Ne pas connaître les bases de l'économie du système de soins est regrettable et surtout terriblemment irresponsable. 
Le médecin généraliste a "bénéficié" ces dernières années de différentes mesures d'inspiration égalitariste comme le même tarif de consultation, l'allongement de la durée des études, l'internat "pour tous"... Ces mesures sont un échec gigantesque d'une part car elles ont aggravé la situation de pénurie et d'autre part parce qu'elles ont appauvri les médecins. Le médecin généraliste à qui tous les syndicats ont promis l'égalité avec les "spécialistes" est tellement sous payé par un employeur en situation de monopole que personne ne veut aller au contact des patients: risqué, dangereux sur le paln économique et harassant à cause de la bureaucratie. Les généralistes l'acceptent car ils préfèrent la tyrannie de la convention et sa médiocre rente à la liberté d'exercer sans convention.


Trente-cinq ans plus tard, toujours aux manettes, ces génies n’ont pas désarmé. L’exemple le plus lumineux est probablement Gilles Johanet, ex-directeur de la Caisse nationale d’assurance-maladie, architecte forcené de la diminution drastique du nombre de médecins formés dans les années 1990. Après un passage aux assurances privées AGF en 2006 où il tente de mettre en place un service de médecine pour VIP, il se retrouve procureur général à la Cour des comptes, poste d’où il peut continuer, en manteau d’hermine, à fustiger l’incurie de médecins de ville incapables d’assurer l’accès aux soins.

Cette attaque ad hominem est pitoyable car elle est fausse et démagogique. D'une part il faut rappeler au docteur Lehmann que les individus ne sont que les acteurs d'un système. Ce système il faut le redire est un monopole d'état, administré à titre de faire valoir par des syndicats NON représentatifs mais IRRÉFRAGABLES.
«Les cabinets médicaux ferment sans repreneur, un nombre grandissant de Français ne trouve plus de médecin traitant (...)»
Entre-temps, le désastre savamment mûri par une palanquée de politiques et d’économistes uniquement préoccupés de diminuer le coût de la protection sociale a porté ses fruits. Les cabinets médicaux ferment sans repreneur, un nombre grandissant de Français ne trouve plus de médecin traitant, les élus locaux s’inquiètent, paient des officines pour tenter de faire venir sur le territoire un médecin roumain ou espagnol qui souvent, devant la complexité administrative du système français, baisse les bras. La pyramide des âges des médecins en exercice confirme qu’inévitablement la France va encore perdre un cinquième de ses généralistes dans les cinq ans à venir, alors que la population vieillit. Les jeunes diplômés choisissent un exercice salarié ou partent à l’étranger, constatant la pénibilité du métier, les horaires à rallonge, la suspicion constante des tutelles, l’équation économique fragile d’un exercice libéral en apparence seulement, dont les tarifs sont volontairement maintenus vers le bas pour assurer que les médecins travaillent beaucoup.

 
Ouf! Voilà bien les paramètres essentiels. Non les tarifs ne sont pas bas pour forcer les médecins à travailler plus ils sont bas parce qu'il y a un monopole C. Lehmann, un mot que vous n'arrivez pas à prononcer car il serait une rupture avec vos affinités idéologiques et autres. Le lendemain de l'ouverture du monopole il y aura des consultations à 45-50 euros et des conditions d'exercice correctes (je parle de la terrifiante bureaucratie de la sécu) et des médecins s'installeront. dans ces contrats librement consentis il n'y aura pas place pour les transports remboursés à ceux qui peuvent parfaitement se déplacer, pas de remboursement des préservatifs avec une consultation à 25 euros pour une boite de préservatifs à quelques euros, pas de cures thermales, pas de chaussures de marche deux fois apr andn pour le diabète, pas d'IJ pour une gastro etc...
Les indicateurs de santé stagnent, et les solutions proposées par ceux-là mêmes qui fustigeaient hier ces médecins trop dispendieux en disent très long sur leurs motivations. Il n’est nullement question de maintenir un système de santé publique efficace, mais d’utiliser tous les artifices pour retarder le moment où la population se tournera vers les responsables de cette catastrophe et exigera des comptes.

Comme souvent de nombreux médecins français "croient" que la santé dépend de la médecine. C'est faux. Elle n'en dépend que si on est gravement malade car quand on est atteint d'une maladie bénigne la médecine est souvent inutile vorie iatrogène. C'est à dire que si par exemple les hommes vivent 5-7 ans en moyenne de moins que les femmes c'est essentiellemnt parce qu'ils sont plus nombeux à avoir des comportements à risque. Il est très grave de faire croire que "les indicateurs de santé" stagnent alors que la iatrogénie de la médecine ambulatoire et hospitalière se compte par dizaines de milliers de morts chaque année. Ce qui va se passer et ce qui commence à se passer c'est que la population n'aura plus un accès immédiat et gratuite à toute la panoplie des soins (elle est illimitée) et que cela n'entrainera pas de mortalité supplémentaire.
Il faut aussi rappeler que la santé publique est à peu près le seul rôle de l'état dans la santé. Il ne s'agit pas des rodomontades sur l'écologie mais d'une attention particulière pour gérer les risques environnementaux réels impactant la santé, les maladies épidémiques et les addictions. Et bien évidemment l'état n'assume pas ce rôle trop occupé aux arbitrages entre les professionnels de soins, les syndicats et le patronat...

Ainsi, en décembre 2011, Françoise Tenenbaum, experte en santé du Parti socialiste, imaginait faire appel aux vétérinaires pour pallier la désertification médicale avec une année de formation en plus: «Vous allez me dire que c’est de la sous-médecine, mais en milieu rural je suis sûre que ce serait bien accepté par les populations…» Le tollé qui suivit cette insanité n’empêcha pas l’élue socialiste de poursuivre sa carrière.

Enfin un bon point. Que les politques ne s'occupent plus des soins! Ils sont habités par la démagogie et  dans ce domaine ce sont de grands incompétents. 

Aujourd’hui, c’est au sein de La République en marche que fusent les idées de génie. Thomas Mesnier, rapporteur du projet de loi santé de la ministre Agnès Buzyn, propose de permettre aux pharmaciens de prescrire des médicaments sans consultation médicale. Adieu Hippocrate, il importe peu que le patient soit examiné du moment que l’industrie pharmaceutique y trouve son compte et que la population se croit prise en charge.

Le refus de la délégation des tâches est un marqueur fort du rétrogradisme médical français. Il est au contrare urgent de déléguer beaucoup de tâches aux autre professionnels du soin. Les infirmères d'abord et avant tout qui sont très compétentes et bourrées de bon sens car elles sont en contact avec le patient et qu'elle l'observe régulièrement. Les pharmaciens bien sur et d'autres notamment les kinés dans toutes les indications de reprise d'activité physique associées à des changements alimentaires par exemple chez tous les diabétiques type 2... Le rétrogradisme médical français est imposé depuis des décennies par l'ordre des médecins, une institution obligatoire qui devrait au contraire vivre de ses seuls cotisants volontaires. 
Dans le même temps, Nicolas Revel, actuel directeur de la Caisse nationale d’assurance-maladie, pressenti pour le poste de secrétaire général de l’Élysée, propose aux médecins d’embaucher des assistants médicaux pour les décharger du travail administratif… que leur impose l’Assurance-maladie, à charge pour eux de doubler le rythme des consultations! Pratiquer la médecine à l’abattage pour masquer l’incurie de trente-cinq ans de fourvoiement acharné, c’est leur projet!

Les assistants médicaux sont ni plus ni moins des secrétaires médicales rebaptisées. C'est indispensable. Le projet du gouvernement pêche par un seul point: ce n'est pas à la sécu de les payer... Mr le monopole payez les consultations et les actes à un prix de marché ou laissez d'autres assureurs le faire et il sera possible d'embaucher des secrétaires médicales sans donner de l'argent aux médecins pour les aliéner un peu plus.

Absente des thèmes choisis par Emmanuel Macron, la santé s’est invitée dans le grand débat national. Hier, le sentiment de relégation d’une partie de la population n’inquiétait guère le pouvoir, pourvu que les comptes semblent tenus. Mais aujourd’hui, près de quatre millions de Français vivent dans des territoires à la situation alarmante, et le désert s’étend jusque dans les grandes villes.

"Déserts": le privé trouvera en 48 heures une solution quand la demande est là et que les médecins ne se font pas tabasser pour des arrêts de travail frauduleux ou une prescription de Subutex ou de fentanyl. laissez faire ceux qui savent faire. Carrefour City n'est pas vandalisé pour quoi les médecins le seraient? Simplement parce que personne n'oublie sa CB chez Carrefour City et qu'en cas d'embrouille on est gentiment prié de sortir ou alors de se confronter au brave chiot avec muselière. En revanche la sécu fournit des cartes de paiement sans débit (carte vitale ) à des milliers d'individus qui n'ont jamais cotisé et présentent des papiers frauduleux. Le monopole syndicalo-étatique serait capable de ne plus arriver à fournir du sable dans le désert saharien comme le Vénézuéla n'arrive plus à faire vivre sa population de l'extraction du pétrole.

Demain, il ne sera plus possible à des think-tanks d’économistes «indépendants» sponsorisés par des assureurs de pointer du doigt une supposée mauvaise répartition des médecins sur le territoire. Le politique a choisi d’asphyxier la médecine de ville, et le généraliste a fait les frais d’un aveuglement quasi généralisé de la gauche parce que son statut de «libéral» permettait de l’accabler de tous les maux et que la situation dramatique de l’hôpital (elle-même en partie due à l’absence d’investissement sur les soins de première ligne en ville) accaparait les revendications solidaires.

Non l'hôpital ne souffre en rien des problèmes de la médecine générale. l'afflux aux urgences luir apporte beaucoup. C'est classique,  si je ne vais pas bien c'est la faute des autres... Au contraire si les acteurs de l'hôpital public se posaient la question de ce qu'il peuvent faire (en dehors de leur présence approximative aux horaires dans l'enceinte de l'établissement ) pour leur hôpital au lieu de toujours demander plus, l'hôpital qui a de fantastiques moyens matériels et humains fonctionnerait parfaitement.

Aujourd’hui, alors que toute une génération de médecins va partir en retraite, la question que les décideurs politiques redoutent est sur toutes les lèvres: «Qu’ont-ils fait de notre système de santé?»

Et bien vous vous trompez lourdement et de surcroît vous soutenez un système faillitaire sur le plan économique et médical. la vraie quetsion est la suivante: mais pourquoi depuis 1970 les médecins français n'ont rien fait pour empêcher l'étatisation de la médecine et son corollaire la pénurie? J'espère que ce n'est pas pour la misérable rente que le monopole leur sert et pas la grande trahison des clercs leurs syndicats qui vivent des subventions conventionnellles.

http://sante.lefigaro.fr/article/qu-ont-ils-fait-de-notre-systeme-de-sante/?fbclid=IwAR0vmfL-1mPH3Lhsx1vqZig672F3WWNzMljgOd6sBGJXsGdWJcQ8DqNBBOI

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire