samedi 3 novembre 2018

En France préférence pour l'égalité dans la paupérisation

Les médecins suisses sont-ils trop bien payés ? La polémique a été relancée cette semaine de l’autre côté des Alpes après la publication par le quotidien « 24 heures » d’un article choc sur les revenus des praticiens. « En Suisse, 118 médecins touchent 1 million par an » (soit près de 900 000 euros) semble s’offusquer en Une le premier journal de Suisse romande, évoquant le « pactole » de certains spécialistes, neurochirurgiens et gastroentérologues en tête.
L’article s’appuie sur une étude parue le 29 octobre par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) et qui scrute les revenus de 20 000 médecins indépendants et salariés sur la période 2009 à 2014, couvrant « un très grand nombre de cas, entre 88 % et 95 % ». Une première en Suisse. Ces travaux font suite aux déclarations tonitruantes du président helvète (également en charge de la santé), Alain Berset. En janvier dernier, il dénonçait les salaires inacceptables selon lui de certains professionnels, annonçant que des mesures seraient prises pour éviter les abus.
Les médecins étrangers moins bien payés
Cette étude de l’OFSP ne risque pas de calmer les esprits. « Les revenus des médecins en Suisse sont nettement plus élevés que ne l’indiquaient les estimations jusqu’ici », écrit l’organisme dans son rapport. Les montants varient cependant considérablement selon le mode d’exercice (libéral ou salarié) et la spécialité. Un généraliste touche cinq fois moins qu’un neurochirurgien, souligne « 24 heures ». Les pédopsychiatres et les psychiatres sont en queue de peloton. L’OFSP s’inquiète d’ailleurs officiellement de ces écarts de salaire, susceptibles de détourner les futurs médecins de la médecine générale.
Au passage, l’étude révèle que les médecins diplômés à l’étranger sont moins bien rémunérés que leurs homologues suisses. On estime à près de 800 praticiens français exilés en Suisse, où un médecin sur trois est étranger.
Qui des avocats, traders, banquiers, footballeurs… ?
La fédération des médecins suisses (FMH) a immédiatement réagi à la publication de ces nouveaux chiffres, pointant du doigt des « aberrations statistiques ». L’étude ne prend pas en compte les récentes baisses de tarifs décidés par le Conseil fédéral suisse, regrette le syndicat. Elle fait également l’impasse sur les quelque 10 000 médecins assistants (formation post-universitaire) dont le revenu annuel est bien inférieur à la rémunération moyenne annoncée par l’OFSP. « Les cas isolés de médecins avec des revenus à sept chiffres, qui ont défrayé la chronique ces derniers mois, ne reflètent pas la réalité du corps médical suisse », s’indigne la FMH dans un communiqué.
D’autres voix s’élèvent pour dénoncer une stigmatisation du corps médical, quand le salaire des avocats, traders, banquiers, footballeurs... ne défraie pas autant la chronique. « Alors que l’opinion publique admet les hauts revenus pour ces métiers, en revanche le médecin devrait se conformer à l’image historique du praticien, isolé dans la campagne, travaillant jour et nuit, refusant d’être payé par les pauvres, acceptant d’être réveillé en pleine nuit », écrit l’écrivain Jacques Neyrinck, ancien conseiller national du parti démocrate-chrétien, dans un billet où il prend la défense de la profession.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire