vendredi 5 mars 2010

Monique Canto-Sperber et le libéralisme: caricature et erreurs!

Monique Canto-Sperber présente dans une vidéo enregistrée à Normale Sup le libéralisme. On ne reconnait pas ce courant de pensée à travers sa présentation, voici quelques commentaires.

1/ Parler de cette présentation du libéralisme à un public français comme d'une chance est quelque peu défensif! Je comprends cependant que cette présentation puisse être ressentie par certains comme une possibilité de franchir le mur du silence médiatique ou même a minima de discuter autour des idées libérales. Il est vrai que nous n'entendons que féroces critiques, méprisables opinions ou insultes sur des penseurs comme Bastiat ou plus dans l'actualité sur Jacques Marseille par exemple. Il faut pourtant être méfiant, ce contexte peut surestimer fortement ce que nous pouvons penser de la prestation de MSC.
2/ Avoir un tel sentiment d'a priori favorable dès lors qu'il s'agit de faire connaitre le libéralisme c'est donner d'emblée une position mineure aux idées libérales c'est accepter la mise en quarantaine médiatique. Il me semble qu'en prenant dans son introduction pour un fait acquis et fondé cette déferlante sur le libéralisme MCS se réfugie d'emblée dans une vision historicopasséiste du libéralisme. Beaucoup plus grave elle accepte l'idée itérative dans son discours des "maladies du libéralisme présent" et magnifier l'histoire brillante et artificielle des penseurs passés. Or c'est précisément le contraire qui caractérise le libéralisme! La période de son enfance est beaucoup moins fertile que les périodes qui ont succédé aux deux grands totalitarismes et celle du libéralisme économique des Autrichiens ou de l'Ecole de Chicago. Or MCS n'en souffle mot!
Pas un mot non plus de Karl Popper et de l'open society!
3/ En analysant son exposé on s'aperçoit rapidement qu'elle ne parle pas du libéralisme mais de la défense des libertés. Quel contresens politiquement correct! Elle réduit le libéralisme à une programmatique de défense des libertés. Le mot est répété: défense, comme le mot lutte il est étranger au libéralisme, le libéral ne lutte pas il ne se défend pas, il est . Il vit les droits naturels, il agit selon son libre arbitre et n'est surtout pas un porteur de pancartes d'une quelconque ligue des libertés. MCS dans son plaidoyer central nous rappelle la gauche soixante huitarde mais pas vraiment les libertariens ou les libéraux.
 

4/ Tout ce confirme avec le passage à l'acte militant de l'injonction de nourrir, loger, soigner... Nous assistons là à une perversion totale de la philosophie libérale. En effet qui peut à part le Léviathan dont MCS s'est bien gardé de nous dire qu'il s'agissait de Big Brother réaliser ce programme d'assistance généralisé, ce programme de négation de la liberté sous couvert de solidarité obligée? L'état bien sur car il serait bien imprudent de compter sur les individus eux mêmes. N'est ce pas MCS? Et le tour est joué! Nous avons glissé de la rule of law au welfare state. Le libéralisme est devenu conforme à notre idéal français et tellement comestible politiquement qu'on en remercierait presque MCS.
 

5/ La fin est un retour au début. Le libéralisme est malade. Ces maladies,  bigre elles sont multiples, ne sont pas nommées mais chacun a compris le pouvoir d'évocation du mot. MCS se voit comme un médecin du libéralisme, guérir la pensée libérale de ces multiples maladies: individualisme forcené, cupidité et recherche du profit, concurrence et compétition.. C'est possible. Il faut revenir simplement à peace and freedom.
 

6/ Je considère que cet exposé est un excellent exemple de ce que l'intellectualisme français peut produire de pire. Un exposé polissé d'une érudition superficielle mais peu inventif, daté et erroné.
 

Reprenons quelques idées à contresens du libéralisme.
La singularité est individuelle et l'harmonie sociale ne peut venir que de l'épanouissement individuel; la neurobiologie à travers les avancées fulgurantes que nous connaissons aujourd'hui renforce puissamment les idées libérales sur cette singularité de l'individu, sur le libre arbitre, les valeurs naturelles etc. A ce sujet il faut mentionner les travaux de feu Jack Baillet et son livre: De retour de Babel.
Notre économie mondiale est aujourd'hui de moins en moins libérale et de plus en plus étatique. le couple état-banques est au centre de la dépression 2008-2009.  Ce monopsone est envahissant il n'est pas libéral.
Notre vie politique et nos libertés individuelles sont aliénées par la mainmise de l'état sur des activités économiques diverses, comme la soi disant réforme de la santé de B Obama ou bien le droit à la santé que MCS place en avant de sa démonstration selon laquelle la liberté sans contrainte extérieure pour assister les individus est vaine.
 

A ce propos il faut faire un commentaire plus précis tant cette question est souvent mise sur le côté par les penseurs libéraux comme s'il se sentaient génés. 
Tout d'abord le droit à la santé n'existe pas en réalité. La santé est un capital personnel génomique et cérébral que l'on entretient ou dilapide selon ses propres inclinations. Ce capital est éphémère et toutes nos forces sont dépensées à le faire durer le plus longteps possible. Ce capital peut aussi être mis en danger par l'environnement mais la rule of law doit s'appliquer alors que dans le capitalisme de connivence l'état fait en sorte qu'il n'en soit pas ainsi que l'usine polluante soit celle d'un donateur électoral ou bien que l'incinérateur soit géré par ...l'état! 

Rappelons que les maladies génétiques pures sont exceptionnelles et que si celles là seulement étaient mises à la charge de la collectivité nous aurions un seul hôpital public pour tout le pays.
Le droit à la santé est bien un faux droit. 

Autre chose est la maladie. Ce risque qui est très différent du risque d'un accident de voiture ou d'un tremblement de terre est un risque à fréquence de réalisation croissante avec l'âge pour culminer dans les fortes dépenses de soins ou d'assistance de la fin de la vie. Il est donc possible de concevoir un mécanisme d'assurance maladie mais il est impossible de le concevoir uniquement selon un mécanisme assurantiel puisque plusieurs types de dépenses seront obligatoirement présentes au cours de la vie et en particulier à la fin de celle ci.  Dépenses parfois sans rapport avec la maladie mais avec la fragilité, le handicap, la dépendance physique et psychique. Certes les deux aspects maladie et vieillissement pathologique sont souvent intriqués ce qui n'est pas au contraire une raison suffisante pour tout mettre dans un sac et le confier à l'état sous couvert de solidarité. Nous voyons aujourd'hui et nous verrons de manière éclatante demain quelles conséquences désastreuses sur l'économie peut avoir une telle politique d'assurance obligatoire d'état véritable négation de toute responsabilité et donc de toute liberté.
Encore une fois si seuls ceux qui n'ont pas les moyens de se faire soigner étaient soignés aux frais de la collectivité il y a aurait moins de 5 millions de personnes à secourir (en prenant comme base notre économie actuelle à 55% de dépenses publiques, et avec les entraves que l'on sait au travail déclaré, taxation, règlementation, risque...). Ceci ne justifierait pas une organisation soviétique comme la sécu et un monopole coercitif parmi les plus puissants du monde (167 milliards d'euro de "budget" prélevé sur la richesse nationale produite par les travailleurs salariés et indépendants, et je n'oublie pas les "cotisations patronales" car il faut être idiot pour croire que c'est le patron qui les produit!).
On voit ainsi se dessiner la vision collectiviste du libéralisme que MCS développe insidieusement car elle la présente comme naturelle et évidente.
Son libéralisme se réduit à un joujou dans les mains de l'état et du capitalisme monopoliste très loin d'une société d'hommes libres dans une économie ouverte de marché. Au total on peut se demander simplement pour conclure avec légèreté si MCS n'a pas confondu ou tenté de fondre le libéralisme dans l'idéologie des liberals à la Krugman...


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