mardi 23 février 2010

La Grèce, la dette et Bruxelles

Sur le plan financier la crise grecque est très grave. 
La dette grecque est importante et elle pèse désormais sur les reins de l'Euro! On ne sait pas très bien ce qui va sortir du consensus des gouvernements des pays de l'euroland mais on peut craindre que la dette grecque ne soit en réalité internalisée à la zone euro. Il est pour le moins inéquitable que les autres pays européens viennent en aide à la Grèce alors que les traités signés l'interdisent et que les grecs sont les seuls responsables de ce qui leur arrive. La Grèce n'est pas Haïti!
La responsabilité des gouvernements grecs successifs donc des grecs eux mêmes est totale. Pour autant on ne saurait exonérer la Commission, le parlement européens de responsabilités respectives.
Songez un peu à l'énorme bureaucratie bruxelloise et strasbougeoise et vous vous demanderez comment la Commission et le parlement peuvent avoir été dans l'ignorance de cette dette galopante et des moyens non conventionnels pour les grecs de la dissimuler. Ils sont responsables de leur inaction, de leur laxisme et ce alors qu'ils ont les moyens juridiques et contractuels d'agir. Il faut même souligner qu'ils avaient mission d'agir. Il est certain que cette responsabilité qu'a avouée Mr Juncker ne peut rester sans sanctions! Si elles ne sont prises rapidement c'est le peuple qui censurera dans les élections et peut être alors par l'abstention. Songez par exemple que la Grèce devait remettre vendredi 19 février 2010 à Eurostat des documents exigés par la commission à propos de la dette et des swaps mis au point par Goldman Sachs mais que le délai n'a pas été respecté! Et savez vous pourquoi? Il parait que c'est à cause d'une grève des employés du Ministère des finances grecs. Voilà donc des européens qui ont les retraites les plus généreuses, qui ont reçu un cadeau de mariage et qui maintenant demandent aux autres européens de payer leur dette mais qui font quand même grève pour maintenir leurs privilèges au risque de faire sanctionner leur pays! Il y a de quoi perdre ses nerfs dans le reste de l'Euroland où la crise sévit et avec elle les restrictions de consommation et les pertes d'emploi.
La crise grecque révèle un certain nombre d'erreurs dans la construction européenne.
Il est classique de dire que nous avons mis la charrue avant les boeufs! Créer l'euro avant l'Europe politique en clair la fédération européenne a été dénoncé très tôt par plusieurs voix dans l'Union. Je voudrais souligner que c'est la panne de la construction européenne après la création de l'euro qui est plutôt à pointer du doigt. Les européens, en particulier ceux qui ont bénéficié de l'euro c'est à dire les pays du Club Med, l'Irlande, ont engrangé les bénéfices mais sont restés farouchement nationalistes. Ils ont refusé d'aller aussi loin sur le terrain politique que sur le terrain monétaire. C'est alors que le découplage a commencé alors que la Commission et le parlement continuaient à marche forcée l'élargissement. Croissance externe mais désordre interne, insoumission des gouvernements aux règles de Maastricht, refus d'une Constitution, refus par réflexe de peur du fédéralisme, tels sont les travers dans lesquels l'Europe s'est enlisée. Sur la carte de la globalisation cette stagnation est en réalité un fort recul car le monde postcommuniste est en train d'émerger de la glaciation des années 1945 à 1989. Au lieu de solidifier la construction européenne et en particulier l'économie, les pays européens se sont engagés dans des politiques disparates et contradictoires. Diminution du temps de travail, diminution de l'âge de la retraite en pleine crise démographique à l'Ouest et l'inverse à l'Est. Retraites d'état par répartition et retraites par capitalisation ailleurs, grand écart des prélèvements obligatoires, augmentation inconsidérée du nombre de fonctionnaires, droit du travail exorbitant ici et inexistant ailleurs etc. Il ne s'agissait pas d'uniformiser mais plutôt d'harmoniser. De rendre les politiques économiques et fiscales compatibles avec la Single European Currency, l'Euro qui nous a permis de mieux échanger et de nous protéger des destructrices dévaluations du passé.
Dans cette crise grecque les gouvernements dépensiers de la zone euro sont bien silencieux.
Les pays où la dette galope ne font pas montre d'un emballement médiatique à la hauteur de la situation. On fait le gros dos en Europe. En France le sujet est la nomination des sages qui n'en sont pas du Conseil Constitutionnel; s'ils l'étaient ils auraient interdit le déficit budgétaire continu et structurel qui sévit en France depuis 35 ans au nom de la défense des intérêts supérieurs du pays. L'autre sujet est le remplacement de feu P. Séguin. il parait que le Président va nommer un socialiste! Ainsi nous sommes surs de ne plus entendre parler de la dette et de la gabegie du service public, drôle de conception de l'ouverture! En réalité l'ombre grecque plane sur l'Euroland. A qui le tour? Et si c'était nous se disent les autres PIIGS! Peu à peu se dessine une autre perspective, les néokeynésiens sociaux démocrates qui claironnaient le retour de l'état et la faillite du  marché se rendent compte qu'il va être difficile de cacher la vérité aux européens: les états ont dépensé de l'argent non gagné qui en fonctionnaires qui en immobilier qui en assistanat généralisé qui en prêtant de l'argent dans les anciens pays de l'Est et la crise nous oblige à faire les comptes. L'addition ne sera pas payée demain, le tenancier du bar exige du cash tout de suite car il attend depuis trop longtemps. Nous n'avons pas le choix il faut serrer la ceinture et diminuer la voilure. La seule question qui vaille maintenant d'être posée est la suivante: pour combien de temps? Avec la crise grecque et celle des autres PIIGS nul doute que la léthargie de l'euroland va dépasser plusieurs années.

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