Le canal des médias français est finalement très étroit et très sélectif! Mr Tabuteau nous refait son analyse du système de soins et non de la médecine dans l'Expansion!
Il n'y a pas plus de médecine à la française que d'industrie électronique à la française. Inscrire dans un débat sur le futur de la médecine ce qui finalement a beaucoup freiné l'évolution de notre système de soins est réducteur et faussement national! Ce qui a fait la force d'innovation de la médecine française c'est la méthode anatomoclinique et cela date du 19 ème siècle. Depuis les innovations majeures nous ont échappé, malgré un nombre significatif de pionniers, cherchez l'erreur!
En réalité les propos un peu confus de notre énarque sur la performance actuelle du système traduisent une incompréhension des mots santé et maladie, système de santé et système de soins. Ce dont il est question dans cet interview est le système de soins qui ne s'occupe pas de la santé mais de toutes les maladies en y apportant des réponses institutionnelles c'est à dire agréées sécu.
La santé est un concept totalement différent et dont la définition est difficile. On peut parler d'état d'équilibre sans limitation liée à une altération des fonctions physiologiques modulée par l'âge. Une grande part de la santé est un capital personnel que chacun entretient ou détruit en fonction de ses choix comportementaux et une petite part est environnementale à travers l'air, l'eau et les polluants de l'écosystème.
La santé publique en France est dénuée de moyens, sacrifiée qu'elle est sur l'autel de la consommation de biens et services médicaux remboursés par la sécu. Le budget de la sécu cannibalise toute autre forme de dépense tant il est important et sans contrôle (assertion vérifiée par le dépassement systématique de l'ONDAM depuis sa création par les énarques planificateurs).
S'agissant de la médecine et de l'anecdote sur les officiers de santé il me semble qu'aucune preuve n'est apportée à part la conviction de l'auteur. Une autre explication basée sur des faits doit y être substituée.
Les médecins et les IDE évoluent dans un système étatique d'une rigidité soviétique. Aucune expérimentation n'est conduite pour le faire évoluer. C'est le fait de la sécu et de l'état un couple fusionnel au sein duquel les "hauts fonctionnaires" tiennent solidement tous les leviers. Or il existe une base légale dans la réforme dite Juppé pour conduire de telles expérimentations. C'est ainsi, dans la mesure où seul l'état peut faire évoluer le système, il est mensonger d'accuser les professionnels quels qu'ils soient d'être opposés au changement. Les professionnels ne peuvent que se soumettre aux oukases de la sécu et de l'état si bien que si l'état veut confier des tâches aux IDE c'est très simple il suffit de promulguer une loi.Au lieu de cela on a préféré creer un ordre des infirmières, chacun ses priorités...
S'agissant de l'évolution du système de soins lui même la description de Mr Tabuteau est quelque peu datée; la médecine de précision, personnalisée est beaucoup plus complexe que la seule lecture du code génétique qui il y a peu déclenchait en France des cris d'orfraie des défenseurs des "libertés". J'observe que ce n'est plus le cas. Pour autant la prise en compte des données génétiques sera de peu d'efficacité dans beaucoup de pathologies chroniques car il existe une très grande complexité du polymorphisme génétique et surtout des modifications majeures de l'expression des gènes en fonction de l'influence du milieu (épigénétique) qui viennent limiter les conséquences pratiques de la génomique. En réalité ce qui va beaucoup changer c'est l'organisation des hôpitaux dont Mr T. ne dit mot. Toute la politique dite d'aménagement du territoire avec des centaines de petits hôpitaux disséminés aux quatre coins du territoire est une erreur politique, économique et énarchique majeure. Elle aura coûté au moins 15 à 20% de la dette publique et n'aura pas produit d'amélioration des soins ou des indicateurs de santé. Des preuves solides existent au contraire que ces structures peuvent être délétères en retardant l'arrivée dans un centre équipé et en pratiquant des interventions au dessous du seuil de qualité.
Finalement il n'y a rien de nouveau dans ces propos à part le credo que le système de soins va passer à 16% du PIB ce qui est loin d'être certain. En particulier la diminution du nombre de travailleurs salariés ou non ne permettra pas de passer à ce taux élevé. Le choc démographique ne va pas non plus arranger les choses. Les solutions sont aussi passées sous silence en particulier celles à une exception française qui consiste à taxer le travail pour payer l'assurance maladie et les retraites.
Affirmer que 70% des dépenses sont causées par des maladies graves c'est affirmer du même coup que 54 milliards de dépenses sont affectés à des maladies bégnines. Le curseur est modulable mais si l'on s'en tient à cette position on peut diminuer les cotisations maladie d'un tiers ce qui améliorera du jour au lendemain notre compétitivité et la croissance du PIB. Dans le même temps trouver 29 milliards dans les dépenses extraordinaires des hôpitaux et des CHU en particulier est possible tout simplement en rétablissant la convergence des tarifs en 2012. Pourquoi n'est il pas question de ces solutions dans les propos de Mr Tabuteau? Serait ce un parti pris idéologique? en tout état de cause cela y ressemble. Les autres pays européens ont déjà prouvé que l'assurance maladie collective peut être équilibrée financièrement sans ruiner l'économie; ce qui est aussi prouvé c'est que l'immobilisme de l'état et des syndicats qui sont censés administrer la sécu conduit à la ruine.
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