samedi 13 février 2010

La Médecine à la française doit se réinventer (?) (1)

La chaîne Pratis.com qui s'intitule première webtvsanté est, c'est certain, dans la ligne du politiquement correct, elle bénéficiera des subsides et des échos de ses consoeurs après cet interview sur l'avenir de la médecine française.
Oui elle a invité l'éminent énarque polytechnicien D. Tabuteau qui a passé sa vie dans les bureaux des ministères et d'une fondation de maisons de retraite (?) pour nous donner la recette du changement que la médecine française doit faire. Car tout est dans le titre, l'énarque comme l'état est omniscient et ce qu'il pense doit se réaliser...
Tout est millimétré dans le discours de l'énarque et le formatage est parfait. Tout d'abord les médecins seront ravis d'apprendre que la médecine de D. Tabuteau commence en 1945 avec la sécu: la rupture la plus fantastique de tous les temps. Le ton est donné et l'enseignement de papa Kouchner et de maman Aubry a été assimilé 6/5 par le cerveau de l'énarque. Avant le néant et après le pacte gaullo-communiste le rêve!
Ensuite il nous fait le coup du socialisme quantitatif, pour lui la santé c'est le système de soins en chiffres: plus de lits d'hôpitaux plus de médecins, les lendemains qui chantent.
Oui mais voilà nous serions dans une crise de maturité (?). Des traditions des constructions variées feraient que le système fait douter les professionnels eux mêmes. Professionnels qui sont de moins en moins nombreux.
Comme les énarques ont organisé le numerus clausus dans le but de diminuer les dépenses de soins et que c'est un échec total, D. Tabuteau anticipe la question et retourne le problème: la démographie (entendez la chute drastique du nombre de médecins) est une chance! Mais la journaliste qui tremble en prononçant les mots sciences po, politique ou énarque ne lui pose aucune question qui fâche. En particulier pourquoi parler de la démographie puisque les médecins étrangers sont embauchés à tour de bras par les hôpitaux et les cabinets libéraux? On déplace nos usines et on importe des médecins. Vous ne voyez pas un problème économique monsieur le polytechnicien? Un insupportable déséquilibre? Non vraiment?
Ensuite voilà que notre énarque nous raconte des banalités ou bien des hérésies sur l'exercice médical la télémédecine etc. Il propose de faire tomber les murs de l'hôpital, bigre, et nous ressort le réseau de R. Soubie qui n'a jamais fonctionné.
La politique n'est jamais loin, ainsi la loi HPST est qualifiée de pas homogène et vlan sur le nez de Roselyne et des énarques du cabinet. Revoyez votre copie...
Ailleurs on est dans le mensonge mais toujours très politique. La sécu c'est cotiser modestement... Ou bien la sécu c'est simplement la solidarité des biens portants vis à vis des malades, il n'y aurait selon D. Tabuteau aucune redistribution. Ah bon et pourquoi les cotisations sont elles proportionnelles aux revenus? Le sont elles pour l'assurance voiture, la maison, le sport? Toutes ces assertions mensongères n'ont bien sur déclenché que des gloussements approbateurs de notre journaliste qui en plus a répété plusieurs fois le titre des ouvrages de Mr Tabuteau afin que les médecins puissent s'informer, les pauvres, fonctionnaire à l'acte et incultes!
La fin de l'interview est totalement politique puisque c'est une attaque en règle contre le rééquilibrage des comptes de la sécu par la prise en charge du gros risque et le désengagement du petit risque qualifié de dérive! Et puis pour terminer sur le sujet de la nouvelle médecine D. Tabuteau affirme: " il faut accepter de payer plus pour avoir une assurance maladie solidaire".
Au final à part l'appartenance politique de Mr Tabuteau nous n'avons rien appris. Que d'argent public gaspillé à l'EHESP!
Fort heureusement la paysage de la médecine du troisième millénaire se dessine et le livre suivant est autrement plus intéressant:
1/ Innovator's Prescription - A Disruptive Solution for Health Care
C M Christensen 2009
Il est commenté dans cette vidéo:
2/ http://blog.turgot.org/index.php?post/Pelouze-Crespo

mercredi 10 février 2010

Les faits sont têtus et les idiots inutiles

Voici ce que j'ai pu lire et que je reproduis sans modification, l'auteur est ymahe et c'est dans les Echos:
http://www.les-cercles.fr/economie/economie-societe/politique-economique/1484-le-modele-social-francais-devenu-machine-infernale-1949-2008


"1°. En 1950, la France comptait 50 Millions d’habitants, chacun vivant 8760 heures par an, soit un total annuel de 438 Milliards d’heures.
Un sur deux, environ, travaillait, au rythme de 2300 heures par an. Ensemble, les habitants de la France vivaient, et tiraient leur subsistance d’environ 25 Millions de fois 2300, soit 57,5 Milliards d’heures.

Le ratio heures travaillées sur heures vécues était donc de 13%. On est surpris : cela vient de l’effet du facteur de 50%, qui représente le taux de population active : le travail de chaque actif devait être partagé, avec un inactif, d’une façon ou d’une autre.

2°. 60 ans plus tard, la France compte 64 Millions d’habitants, toujours vivant 8760 heures, soit une masse annuelle de 560 Milliards d’heures.
40% seulement des habitants travaillent au rythme de 1750 heures, la quantité totale annuelle devenant 44,8 Milliards d’heures, ce qui fait tomber le ratio heures travaillées sur heures vécues à 8%.

La surprise s’est aggravée, chaque actif a désormais à sa charge 1,5 inactif.

3°. Entre 1950 et 2010, deux importantes données ont changé :

La durée de vie est passée de 70 à 80 ans,
La durée de la vie au travail est passée de 40 à 35ans.

En conséquence, un travailleur de 1950, devait au cours de sa vie, compter sur ses 92 000 heures de travail pour faire vivre, lui-même et « son » inactif, accomplissant ensemble
deux fois x 70 fois x 8760 heures, soit 1 230 000 heures de vie.

Le ratio « heures travaillées sur heures à vivre » est 7,7 %

Le travailleur de 2010 ne peut plus compter que sur 35 fois 1750, (61 250 heures), pour assurer 80 ans de vie, (soit 700 800 heures) à lui-même et à son 1,5 inactif, il a donc un besoin d’environ 1,75 Million d’heures de vie.

Le ratio « heures travaillées sur heures à vivre » tombe donc à guère plus de 3,5 %.

4°. On le voit, tous les facteurs ont évolué dans le mauvais sens, si l’on peut dire, car, tout de même, personne ne se plaint de l’allongement de la durée de vie, (sauf peut-être les gérants aux prises avec la gestion des retraites !)

Difficile de résister à une plaisanterie sinistre : à la rigueur les réductions de la durée du travail, de la durée de carrière, et du taux de population active, auraient pu être cohérents,… mais avec un projet de réduction de la durée de vie !"


Je ne décèle pas d'erreur factuelle...